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Soréal dope la fabrication de ses sauces pour conquérir l'Afrique
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Soréal dope la fabrication de ses sauces pour conquérir l'Afrique

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Soréal, fabricant breton de sauces et de condiments dirigé par Gilles Bocabeille, a investi 6 millions d’euros ces deux dernières années pour agrandir et moderniser son site de production historique de Brie, près de Janzé (Ille-et-Vilaine). Son objectif : gagner des parts de marché à l'export. Un défi qui passe aussi par l’Égypte, où la PME a créé une joint-venture.

Au sein d'une unité de 11 500 m², Soréal produit 10 000 tonnes de sauces par an en Ille-et-Vilaine pour répondre à ses clients, des grands noms de la restauration industrielle et chaînes de restaurants — Photo : Baptiste Coupin

Le spécialiste des sauces pour professionnels Soréal (100 salariés, 25 M€ de CA en 2018), entreprise dirigée et fondée par Gilles Bocabeille en 1992, accélère depuis deux ans son développement. En France bien sûr, mais aussi à l’international, qui représente aujourd’hui 17 % de son chiffre d’affaires global.

Un investissement capital de 6 M€

Le catalyseur ? L’agrandissement, en 2017-2018, de son site de production historique de Brie, près de Janzé (Ille-et-Vilaine), et l’investissement dans de nouveaux équipements, pour un montant total de 6 M€. Au sein d’une unité de 11 500 m², contre 6 000 m² auparavant, Soréal bénéficie désormais de 4 lignes de fabrication et de 14 lignes de conditionnement, qui lui permettent de produire 10 000 tonnes de sauces par an à ce jour, avec encore une belle marge de progression.

Les produits finis, à destination de clients de la restauration hors domicile, du snacking, de la distribution alimentaire ou de l'industrie agroalimentaire, sont stockés dans un entrepôt de 2 500 m² à proximité, loué aux Transporteurs Bertin.

Miser sur le sur-mesure

« Cela faisait plusieurs années que nous étions en sous-équipement. Il a fallu se mettre en ordre de marche pour continuer à aller chercher de la demande », raconte Gilles Bocabeille, dirigeant charismatique d’une entreprise qui tourne avec 1 000 recettes en moyenne pour fournir 500 clients à travers le monde. Parmi eux, des grands noms de la restauration industrielle et des chaînes de restaurants : Burger King, Sushi Shop, Brioche Dorée (Groupe Le Duff), Mix Buffet, Flunch… Avec 300 nouveaux dossiers de création chaque année, la PME répond aux besoins les plus spécifiques, sur tous types de texture et tous emballages, de la monodose à la poche de six kilos.

Photo : Baptiste Coupin

« On fait presque du sur-mesure. Notre formule, c’est tout sauf ketchup-mayonnaise », plaisante le dirigeant, qui marque ainsi sa différence avec un célèbre fabricant de sauces : l’américain Kraft Heinz, géant mondial du ketchup. « Nous fabriquons des produits qui ont des durées de vie assez longues, mais les tendances évoluent vite. Les beurres blancs d’il y a dix ans marchent moins bien. Aujourd’hui, on sort des mayonnaises vegan, des vinaigrettes bio ou des produits très exotiques et très typés en termes de goût », détaille Gilles Bocabeille, qui précise que 15 % de son activité disparaît chaque année.

Innover dans les conditionnements

L’innovation passe aussi par les conditionnements. Au-delà de la variété des packagings proposés, Soréal développe des contenants innovants et respectueux de l’environnement. « On fait de plus en plus de plastique recyclable, commente le PDG, ce qui n’était pas le cas il y a dix ans. Nous ne vendons pas des sauces mais des "solutions de sauce intelligentes". »

Avec l’agrandissement de son site industriel, qui lui a permis de doubler son volume d’activité, Soréal se positionne aujourd’hui comme l’un des leaders européens du marché des sauces pour la restauration, aux côtés de l’entreprise du Vaucluse Gyma. L'entreprise bretonne travaille à ce jour sur une zone de 25 pays à l’export et assure avoir « quelques années de croissance potentielles devant elle », selon son dirigeant. Mais Soréal ne mise pas tout sur son outil bretillien.

À la conquête de l’Afrique et du Moyen-Orient

Anticipant une forte demande de produits en sauce sur la région Moyen-Orient/Afrique du Nord (Mena), Soréal a conclu, en 2016, une alliance avec l’égyptien ICFI pour fabriquer ses sauces depuis Le Caire. L'entreprise est locataire du site, mais dispose de ses propres équipes logistique et financière sur place. « Il y a 250 millions d'habitants dans cette région qui mangent des sandwiches et des salades exactement comme les Européens. Le marché y est tout aussi important. »

« L’avenir n’est pas en Europe, en termes de développement, mais en Afrique. »

Cette installation sur les bords du Nil a été tout sauf un long fleuve tranquille. « Tout est compliqué au sud de la Méditerranée. Le tissu industriel n’est pas le même qu’en Europe, le réseau logistique non plus. Le tissu bancaire et administratif n’est pas aussi qualitatif que chez nous et les crises économiques y sont fortes. Trois semaines après la signature de mon contrat, la monnaie a perdu 80 % de sa valeur. D’un seul coup, tout vaut deux fois plus cher… »

Pour rebondir, l’entreprise a dû revoir toute sa politique commerciale. Avec succès. Soréal Mena a fabriqué 3 000 tonnes de produits en 2018. Son chiffre d’affaires y est en hausse de 80 % en un an. Il devrait atteindre les 2,9 M€ en 2019. « L’avenir n’est pas en Europe, en termes de développement, mais en Afrique. Dans dix ans, Soréal Mena sera deux fois plus grand que Soréal France », parie le chef d’entreprise, qui a fait du pays des pharaons son deuxième pied à terre. Il s’y rend une fois par mois.

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