Signa Vision : « Nos PME se sont regroupées pour innover »
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Christian Bazerque directeur de Signa Vision Signa Vision : « Nos PME se sont regroupées pour innover »

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Oui, les entreprises de taille modeste peuvent innover ! Terreau fertile : la mutualisation des compétences entre plusieurs TPE-PME. La preuve avec Sign’lab, laboratoire d’innovation mis en place par plusieurs entreprises du monde de l’enseigne. Christian Bazerque, directeur de Signa Vision, explique comment est né ce précieux incubateur.

Christian Bazerque, directeur de Signa Vision, agence de publicité présente à Rennes, Nantes et Vannes — Photo : Valérie Dahm

Le Journal des Entreprises : Pourquoi créer un laboratoire d’innovation commun à plusieurs entreprises* ?

Christian Bazerque : Le monde de la signalétique et de l’enseigne est un marché mature. Bâches, totems, kakémonos, murs d’image, stands parapluie, comptoirs… : les clients connaissent nos produits, les consomment, mais ils ne font plus rêver. Il nous fallait réfléchir aux nouveaux usages et à de nouvelles formes d’enseignes, pour y répondre. En nous regroupant à plusieurs entreprises (AS Enseignes, Insignis, InVisu, Lumiplastique, Semiosign, Signa Vision, 44 Enseignes et Sed), nous avons pu créer, début 2018, un laboratoire pour organiser l’innovation. C’est l’incubateur du groupe.

Comment vous y êtes-vous pris ?

C. B. : Le marché de l’enseigne est un marché plutôt traditionnel, atomisé, artisanal, souvent familial. Dans nos entreprises, chacun travaillait à sa spécialité, sans trop pouvoir faire bouger les choses. Enseignes métalliques et plastiques au Rheu (Ille-et-Vilaine), thermoformage de demi-sphères publicitaires à Brest, impression numérique à Rennes, Nantes et Vannes… En 2012, nous avons créé le groupe Semios (125 collaborateurs), présidé par Patrick Floren, pour mutualiser nos savoir-faire et certaines ressources : gestion, certifications… Cela nous a aussi permis de créer un poste de marketing-communication. Un poste pivot, qui fait circuler l’information entre nous et favorise l’émergence d’actions communes. Notre incubateur, Sign’lab, en est le fruit.

Que vous apporte cette mutualisation ?

C. B. : Les fonctions d’une grande entreprise, auxquelles nous ne pouvions pas prétendre auparavant, chacun de notre côté. Nos entreprises partagent désormais, via le groupe breton Semios, la construction de projets. Nous disposons désormais d’une meilleure offre commerciale, variée et globale, du local à l’international. La maîtrise de la chaine de production de A à Z et donc la maîtrise des délais. Une meilleure compétitivité parce que nous évitons les cascades de marges de la sous-traitance. Et un potentiel accru pour développer notre offre à l’international, lancée en 2015. Pour aller plus loin, il fallait pouvoir innover. Le lancement de Sign’lab va nous le permettre.

Votre laboratoire d’innovation va vous ouvrir de nouveaux marchés ?

C. B. : Nous y travaillons. Nous explorons la piste de l’impression 3D, très peu répandue dans notre métier. Récemment, nous avons fabriqué, à la demande d’un client, un trophée en 3D, objet unique, mais reproductible et personnalisable. Nous abordons la 3D comme l’impression numérique il y a vingt ans : c’est nouveau, ça plaît aux clients. Avec Sign’lab, nous réfléchissions aux nouveaux usages possibles de la 3D dans notre métier : trophées, goodies, maquettes… Ces dernières, encore fabriquées manuellement, deviendraient reproductibles ! Une fois les nouveaux usages calés, nous investirons dans un équipement 3D adapté.

Au-delà de l'impression 3D, vous travaillez sur d'autres projets ?

C. B. : Oui, car l’énergie solaire n’a été que peu développée dans notre métier. Toujours dans le cadre de notre Sign’lab, nous travaillons à la construction d’une offre de totems autonomes. Avantage client : réduction des coûts énergétiques, lors de l’utilisation et l’installation de l’enseigne, car on évite les onéreuses tranchées d’alimentation électrique. Un prototype est déjà sur pied pour être présenté dans les salons.

L’écoconception, c’est aussi le Sign’lab ?

C. B. : Tout à fait. Historiquement, nous sommes déjà très engagés dans la maîtrise de notre empreinte environnementale. Au sein du Sign’lab, nous travaillons désormais à mesurer l’impact environnemental des différentes solutions techniques que nous proposons, pour l’ensemble du cycle de vie des produits. Le but : proposer les alternatives les moins polluantes à nos clients, qui sont de plus en plus sensibles à cette dimension environnementale.

Comment fonctionnez-vous en incubateur commun ?

C. B. : L’ensemble du personnel a été associé à la démarche. Point de départ : une grande consultation auprès des équipes a permis de recueillir plein d’idées de développement possibles. Nous en avons retenu trois : trois groupes de travail ont été créés. Chacun a pu s’y inscrire. Pour développer les projets, nous travaillons avec l’Icam de Vannes. Deux étudiants consacrent leur mémoire de dernière année à nos travaux de recherche. Un binôme a déjà travaillé avec nous pour le premier semestre 2018. Nous poursuivons avec un nouveau duo. Et tous les quinze jours, une réunion de concertation nous permet de faire le point entre nous. Pour mieux avancer !

* AS Enseignes (Chartres-de-Bretagne, en Ille-et-Vilaine, et Paris), Insignis (Le Rheu, en Ille-et-Vilaine, et Paris), InVisu (Paris), Lumiplastique (Brest), Semiosign (Maroc), Signa Vision (Cesson-Sévigné, en Ille-et-Vilaine, La Chapelle-sur-Erdre, en Loire-Atlantique, et Vannes, dans le Morbihan), 44 Enseignes (La Chapelle-sur-Erdre, en Loire-Atlantique) et Sed.

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