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Sadex Remanufacturing se diversifie au-delà du secteur automobile
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Sadex Remanufacturing se diversifie au-delà du secteur automobile

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Depuis 50 ans, Sadex Remanufacturing à Fougères redonne une seconde vie aux pièces détachées du secteur automobile. Un rôle clé à l’ère de la transition écologique, qui encourage cet acteur industriel du réemploi à se diversifier toujours davantage.

120 000 kits d’embrayage sont rénovés par an dans les ateliers de Sadex Remanufacturing — Photo : Anna Quéré

Diminuer le gaspillage de matière première en recyclant d’anciennes pièces usagées : depuis plus de 50 ans, Sadex Remanufacturing (2 M€ de CA en 2020, 35 salariés) a su patiemment creuser son sillon dans le champ de l’économie circulaire et s’inscrit aujourd’hui dans les efforts en faveur de la transition écologique. Cette petite PME d’une trentaine de collaborateurs installée à Fougères, occupe en effet une place à part dans le paysage industriel : elle donne une seconde vie aux pièces détachées du secteur automobile. L’entreprise appartient depuis 2002 à l’équipementier automobile SASIC, propriété du groupe SPMI, spécialiste des pièces industrielles au service de l’automobile. "Nous sommes des remanufacturiers. Avec cette démarche de réemploi, nous permettons d’allonger la durée de vie des objets avec les mêmes exigences et le même niveau de garantie que les pièces neuves, mais avec 50 % d’émission de CO2 en moins, un prix de -30 % pour le client final, de l’emploi local, et la collaboration avec des entreprises de la région", présente Jean-Marc Visdeloup, le directeur du site. Au sein des ateliers, où travaillent autant de femmes que d’hommes, 120 000 kits d’embrayage sont rénovés par an, ainsi que d’autres pièces mécaniques. Un savoir-faire rare, qui a su fidéliser des constructeurs comme Stellantis (ex-PSA) et Renault. Ses principaux clients sont d’ailleurs ses premiers pourvoyeurs de matière première : les constructeurs fournissent en effet à Sadex 80 % des pièces détachées usagées, via leurs réseaux de garagistes.

Une aide de 100 000 euros

À l’échelle industrielle, cette activité, qui permet d’économiser les ressources et de diminuer les déchets, est unique en France. Elle a valu à Sadex d’être lauréate de l’appel à projets "Entreprises engagées pour la transition écologique" (EETE) porté par l’ADEME, dans le cadre du plan de relance. À ce titre, l’entreprise vient de bénéficier d’une aide de 100 000 euros. Ce coup de pouce financier s’inscrit dans un projet d’investissement plus vaste de 800 000 euros entrepris par la PME.

Jean-Marc Visdeloup, directeur du site Sadex Remanufacturing de Fougères — Photo : Anna Quéré

"En observant ce qui est produit aujourd’hui, nous pouvons savoir ce que nous aurons à fournir comme pièces de rechange demain. Or, nous savons par exemple que le marché de l’embrayage mécanique va baisser de 25 % d’ici 2025, explique le directeur du site. De plus, les habitudes des consommateurs changent : de plus en plus d’achats se font par internet. Enfin, beaucoup de produits low cost arrivent sur le marché et nous ne pouvons pas les concurrencer. Il était donc urgent de se diversifier." Depuis 2018, Sadex s’est lancé dans la récupération et la rénovation de turbos usagés puis, un an plus tard, vers le recyclage de directions assistées. "Tous les ans, nous validons 20 % de nouvelles références sur notre catalogue."

Nouveaux marchés

Aujourd’hui, l’entreprise observe de près le marché de la voiture électrique, en se tournant vers la rénovation de directions assistées électriques, similaires à celles d’un véhicule thermique. "Nous étudions aussi la possibilité de rénover le double volant amortisseur. C’est une pièce très coûteuse que personne ne rénove aujourd’hui", précise Jean-Marc Visdeloup. La petite PME spécialiste du réemploi s’est aussi ouverte à de nouveaux marchés. "On doit élargir au-delà du secteur automobile, appréhender de nouvelles pièces avec de la traçabilité optimale proche du ferroviaire. Nous nous sommes rapprochés de Keolis Rennes et avons rénové des capteurs de courant sur deux rames du métro. La troisième sera prête d’ici la fin de l’année. Nous sommes bien rodés maintenant, sourit le directeur. C’est une petite victoire." La PME doit aussi faire face à un autre défi : l’accès à la matière première. "C’est le nerf de la guerre !" soupire Jean-Marc Visdeloup. 100 000 pièces de vieille matière sont achetées chaque année. Si la majorité d’entre elles arrive via les constructeurs, le reste provient de casseurs et de démolisseurs, de différents pays d’Europe. Mais ces professionnels préfèrent vendre leur matière à la tonne plutôt qu’à la pièce, ce qui n’est pas toujours rentable pour le remanufacturier. Sadex vient donc de s’associer avec d’autres acteurs de la rénovation au sein de l’association France Auto Reman, afin de peser davantage sur ce marché complexe. Malgré ces défis d’envergure, la petite industrie parvient aussi à garder la porte ouverte aux particuliers "Nous possédons un savoir-faire unique, s’enthousiasme Jean-Marc Visdeloup. Cela nous rend très agiles et nous permet de répondre aussi aux demandes individuelles des garagistes et propriétaires de vieux véhicules, qui viennent directement nous voir pour rénover une pièce unitaire usagée."

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