Sabena Technics regarde vers l'avenir avec l'Armée
# Aéronautique

Sabena Technics regarde vers l'avenir avec l'Armée

S'abonner

Victime collatérale de la chute du trafic aérien, Sabena Technics, fleuron de la maintenance aéronautique notamment implanté à Dinard et Bordeaux, peut compter sur le soutien de l’Armée française. Des commandes en anticipation lui ont été confirmées par la ministre des Armées. De quoi lui permettre de sécuriser ses emplois et entretenir ses compétences militaires.

Sabena Technics, fortement impacté par la chute du trafic aérien, peut faire valoir son expertise militaire pour passer la tempête Covid — Photo : Sabena technics

« Sabena Technics, dans son modèle dual militaire et civil, est impacté par la crise actuelle liée au Covid. Nous perdrons environ 100 millions d’euros de chiffre d’affaires cette année, soit l’équivalent dans nos métiers de 400 emplois. La visibilité sur une reprise du transport aérien est très limitée... » Présent sur le site Sabena Technics de Dinard (Ille-et-Vilaine), le 8 octobre 2020, pour accueillir la ministre des Armées, Florence Parly, Philippe Rochet, président de Sabena Technics, n’a pas caché les difficultés que traversaient le groupe qu’il dirige.

500 clients dans le monde entier

Ayant son siège social à Paris mais des implantations partout en France - Bordeaux-Mérignac (son plus gros site avec 850 collaborateurs), Dinard (550 collaborateurs), mais aussi Toulouse, Nîmes et Perpignan -, Sabena Technics (3 000 salariés, 520 M€ de CA en 2020) est un acteur indépendant de premier plan de la maintenance aéronautique.

La ministre des Armées, Florence Parly, sur le site Sabena Technics de Dinard, le 8 octobre 2020 — Photo : © Baptiste Coupin

Depuis la modification jusqu’à la maintenance lourde, en passant par la réparation des équipements, l’accès à des stocks de pièces et d’équipements de rechange, la peinture mais également la formation technique, l’entreprise offre à ses clients des solutions de supports sur mesure. L'ETI compte quelque 500 clients dans le monde et assure plus de 50 000 réparations d’équipements par an. Cela grâce à ses centres de maintenance établis aux quatre coins du globe (Cayenne, Dubai, Singapour...). Son chiffre d’affaires est réparti équitablement à 50-50 entre l’aviation civile et le marché militaire.

Fortes turbulences

Comme l'ensemble des acteurs évoluant dans l’aéronautique, Sabena Technics connaît cependant un trou d’air, lié à la chute du transport aérien civil. De fortes turbulences pour un groupe qui était jusque-là plutôt habitué aux poussées de croissance (+ 40% de CA entre 2012 et 2018 sous l’impulsion de son actionnaire, le groupe TAT). Une réorganisation du capital, en juin 2019, avec l’arrivée des fonds Sagard, TowerBrook, et Bpifrance, devait lui permettre de pousser un peu plus les moteurs (avec un objectif alors de 600 M€ de CA en 2021) et d’accélérer à l’international. Mais la crise générée par l'épidémie de Covid est passée par là...

« Sabena Technics est robuste et agile »

Heureusement, « Sabena Technics est robuste et agile, affirme son président. La combinaison d’actions internes et le recours aux dispositifs mis en place par le gouvernement doit nous permettre de passer cette tempête. » Pour sécuriser sa trésorerie, Sabena Technics a en effet fait appel au prêt Bpi Atouts (qui autorise des emprunts jusqu’à 30 M€ pour les ETI) ainsi qu’au prêt garanti par l’Etat (PGE). Le montant de cette dette cumulée n’est pas connu. La société a aussi pu contenir la baisse d’activité par un recours aux dispositifs d’activité partielle, puis d’activité partielle de longue durée (APLD). « Grâce à cela, Sabena Technics n’a engagé aucun PSE (plan de sauvegarde de l’emploi) ni équivalent et a aujourd’hui recours à une activité partielle proche de zéro. Nous maintiendrons ces objectifs en 2021 », a prévenu le numéro un du groupe.

Des commandes anticipées

Dans ces temps difficiles, Sabena Technics sait aussi pouvoir compter sur le soutien de l’Armée française. C’était le sens du déplacement de la ministre des Armées venue rencontrer les dirigeants et salariés sur son site breton. « Sabena Technics assure le maintien en condition opérationnelle d’un certain nombre d’avions et de flottes militaires. Il assure également la modernisation de flottes et le rééquipement complet d’avions au profit de nos Armées. Nous comptons sur Sabena Technics car c’est la disponibilité de nos appareils qui en dépend », a souligné Florence Parly.

Aux côtés des Dassault Aviation, Thales ou autre Safran, Sabena Technics peut donc être inscrite au rang des entreprises stratégiques de la défense nationale. C’est pourquoi, dans le cadre du plan gouvernemental de soutien à la filière aéronautique, le ministère des Armées s’est engagé sur des commandes anticipées auprès de l’entreprise (sur une enveloppe globale de 600 M€ destinée à financer d'autres projets d'entreprises de la filière). Cela concerne un avion léger de surveillance. Mais aussi et surtout trois avions Airbus A330, qui seront transformés en avions ravitailleurs. Deux d’entre eux seront livrés avant la fin de l’année. « Dans la période du moment, nous prêtons une grande attention aux entreprises qui concourent au bon fonctionnement de nos Armées. Nous faisons aussi prévaloir la souveraineté industrielle française et l’autonomie stratégique », a appuyé la ministre. Pour Sabena Technics, ces commandes en anticipation vont lui permettre d’assurer une activité pendant deux ans et de pérenniser 150 emplois.

« Nous faisons prévaloir la souveraineté industrielle française et l’autonomie stratégique. »

Une large gamme de solutions

En faisant la visite de son site de Dinard, centre d’excellence du groupe en matière de maintenance d’avions régionaux et militaires, Florence Parly aura pu constater toute la gamme de solutions que Sabena Technics déploie. En Bretagne, sur la zone aéroportuaire de Dinard-Pleurtuit-Saint-Malo, l’entreprise dispose de 30 000 m² d’installations couvertes pouvant accueillir jusqu’à 9 avions et 11 hélicoptères en accueil simultané. Le site possède également un savoir-faire sur les opérations de modifications complexes d’aéronefs, tel que la transformation d'avions passagers à cargo.

« Des modifications du genre on en fait depuis 20 ans, souffle Philippe Delisle, directeur du site de Dinard. C’est un savoir-faire particulier. Nous ne sommes pas qu’un acteur de la maintenance... »

Des Airbus A330 transformés en avions militarisés

L’Airbus A330 civil transformé en avion militarisé, en coordination de ses différents sites et avec l'appui du bureau d'études de Bordeaux, est l'emblème principal de son agilité. Ce type d’appareil, une fois achevé, permettra simultanément le transport de troupes et de matériels ainsi que le ravitaillement en vol d’avions de chasse. En France, le groupe effectue depuis plus de 50 ans, des prestations diverses sur des aéronefs opérés par l’Armée de l’Air, l’Armée de Terre, la Sécurité Civile ou la Marine. Les contrats dits MCO (maintien en condition opérationnelle) sont stratégiques car ils s’inscrivent sur une longue durée (jusqu’à 10 ans). Avec l’Armée française à ses côtés, Sabena Technics espère pouvoir passer la période du coronavirus sans trop de dommages.

# Aéronautique