Le Journal des Entreprises : A l’occasion du salon « 360 possibles », fin novembre, à Rennes, vous avez présenté une initiative originale de co-management menée au sein de Rennes School of Business. De quoi s’agit-il ?
Loubna Aziz : Il s’agit d’une initiative baptisée « Voice », qui vise à mettre en place des outils de gouvernance collaboratifs et à faire de Rennes School of Business un lieu « où il fait bon étudier ». Le point de départ, c’est de vouloir mieux écouter les étudiants pour réfléchir à un meilleur apprentissage qui leur serait utile avant, pendant et après l’école. C’est une expérience fondamentale inédite qui a été menée en petits groupes avec des étudiants et l’ensemble des parties prenantes de l’école : professeurs et collaborateurs. Nous avons travaillé sur trois dimensions : l’expérience multiculturelle - ou comment optimiser, maximiser le brassage culturel qui fait partie de l’ADN de l’école -, l’expérience de services ainsi que la socialisation entre les différentes communautés, et enfin l’expérience d’apprentissage, avec à la clé un diplôme et des clés pour réussir sur un plan entrepreneurial.
Qu’est-ce qui a découlé de cette expérience ? Le projet va-t-il être reconduit ?
L. A. : Sur trois jours, nous avons pu détecter les joies que les étudiants peuvent rencontrer dans leur parcours ainsi que leurs frustrations. Le premier enseignement de ce projet, c’est d’avoir réussi à réunir autour d’une même table des gens qui se côtoient tous les jours sans se connaitre. Ça donne un nouveau regard, un nouvel aperçu. On se rend compte qu’on peut construire ensemble. Le deuxième enseignement, c’est de sentir que les étudiants ont été écoutés. Par exemple, sur l’expérience multiculturelle, il a été proposé des outils de mise en relation pour permettre plus de socialisation. Le résultat est très positif. Il y a eu une vraie alchimie entre les différentes populations des équipes en place. « Voice » est désormais inscrit dans le nouveau plan stratégique de Rennes School of Business. Notre volonté c’est d’avoir tout au long de l’année des actions collectives ou ciblées avec l’ensemble des parties prenantes de l’école.
Auparavant, vous avez travaillé pour des grands groupes comme L’Oréal ou Rocher. L’initiative « Voice » pourrait-elle faire école dans le monde de l’entreprise ?
L. A. : C’est tendance de parler de collaboration. Chez L’Oréal, il y a des méthodes qui ont déjà fait leur preuve sur la simplicité de l’organisation, le mode collaboratif, la valorisation du collaborateur… Ce qui pourrait faire école, à travers notre projet, c’est peut-être d’imaginer des collaborations entre des personnes totalement différentes. Trouver des managers du marketing qui, un jour, vont rencontrer des personnes qui travaillent en usine. Qui n’ont pas les mêmes problématiques, les mêmes attentes mais qui appartiennent à la même organisation. Aujourd’hui, si on veut avancer, on ne peut pas ignorer certaines réalités, des besoins qui peuvent être exprimés. Il faut simplifier le schéma organisationnel pour mieux travailler ensemble.
