Qui peut le plus peut le moins. Déjà spécialisé dans les analyses de radioactivité, le laboratoire rennais Eichrom, basé sur le campus de Ker-Lann à Bruz, a ajouté une corde à son arc : l'amiante nucléaire. « En 2015, nous avons décidé d'investir plus d'un million d'euros pour répondre aux besoins de l'industrie nucléaire en terme d'amiante. C'est un virage pour Eichrom », souligne Patrice Letessier, directeur général de la société sous pavillon américain.
Deux microscopes, peut-être un troisième, et des embauches...
Pour accueillir ces nouvelles machines de mesure onéreuses - deux microscopes à transmission électronique et peut-être un troisième en septembre prochain -, Eichrom a racheté quasiment tout le bâtiment qu'elle occupait déjà en grande partie, doublant ainsi de surface. L'entreprise a bénéficié d'une avance remboursable de la Région, à hauteur de 300.000 euros. Rennes Métropole l'a aussi aidée à la création d'emplois. « Nous allons recruter 15 personnes cette année pour passer à un effectif de 40 emplois à fin 2016. »
Doubler le chiffre d'affaires
« Nous attendons beaucoup de ce marché, ajoute le directeur rennais. Nous envisageons d'aller chercher 3,2 à 3,3 millions d'euros de chiffre d'affaires. » Soit près du double de ce qu'Eichrom réalise déjà (1,8 million en 2015). Eichrom a identifié il y a quatre ans un besoin en amiante et travaillait jusqu'ici avec un partenaire britannique qui n'a pas pu suivre le durcissement de la réglementation en 2013. « Nous avons donc décidé de monter nos propres solutions et nous sommes aujourd'hui le premier laboratoire français à réaliser les analyses d'amiante sur échantillons radioactifs sous accréditation Cofrac », se félicite-t-il. Cela permet aussi à Eichrom de compléter ses autres lignes de production.
Débloquer des chantiers
Une longueur d'avance d'autant plus importante que son marché, essentiellement français, est en demande. Eichrom peut ainsi répondre à de nombreux chantiers de démantèlement d'installations nucléaires. Une analyse peut aujourd'hui prendre 12 heures, contre cinq jours auparavant ! « Beaucoup étaient bloqués parce qu'aucun laboratoire n'était capable de fournir des résultats certifiés », raconte Patrice Letessier, qui peut traiter une quarantaine de clients (CEA, EDF, Areva...). Dans l'amiante plus « conventionnelle » (hors nucléaire), Eichrom peut aussi s'adresser à des clients comme Apave, Bureau Veritas, Dekra... À la fin de l'année, son business devrait se répartir à 50/50 entre le nucléaire et l'amiante. L'année dernière, Eichrom réalisait 30 % de son activité sur l'analyse de l'eau (mesures pour 15 millions de citoyens européens), environ 30 % également dans la surveillance de l'environnement de sites nucléaires (dix sites EDF en France, le point zéro de la future centrale d'Akkuyu en Turquie ou encore Iter à Cadarache) et un dernier tiers dans le démantèlement d'installations nucléaires, en France principalement. Eichrom réalise quand même 15 à 20 % à l'export en intervenant de la mine d'uranium à la déconstruction et aux déchets nucléaires. Le laboratoire travaille aussi parfois pour Greenpeace.
« Un marché en croissance »
« Nous allons sur un secteur établi mais en croissance, avec du potentiel et une réglementation qui se renforce », argumente Patrice Letessier dont l'entreprise connaît elle-même une croissance à deux chiffres (+ 14 % en 2015) et l'équilibre depuis quatre ans. Ce sont les investissements qui ont limité sa rentabilité. Eichrom a aussi innové en exploitant de façon exclusive les laboratoires mobiles (dans un container) Smart développés par le Commissariat à l'énergie atomique. Deux exemplaires réalisés sont déjà en activité. « Nous avons besoin d'en refaire pour répondre à des appels d'offres et être au plus près des chantiers nucléaires », note Patrice Letessier, actuellement en discussion avec Logistic Solutions à Brie, spécialiste de la transformation de containers.
Eichrom
(Bruz) DG : Patrice Letessier 23 salariés CA 2015 : 1,8 M€ 02 23 50 13 80 www.eichromlab.com
À Bruz, le laboratoire expert du nucléaire s'est équipé pour élargir son spectre aux analyses de recherche d'amiante nucléaire. Un investissement d'un million d'euros pour conquérir un marché très demandeur, notamment lié au démantèlement d'installations.
