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PSA Rennes La Janais : Dans les coulisses de la réindustrialisation
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PSA Rennes La Janais : Dans les coulisses de la réindustrialisation

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Automobile Toutes les énergies du territoire et au-delà sont aujourd'hui mobilisées pour sauver le site industriel de Rennes La Janais. Avec une organisation qui, vu de l'extérieur, répond parfois à une drôle de logique...

— Photo : © Baptiste Coupin

Faire venir 400 nouveaux emplois minimum sur le site de Rennes La Janais ? Plus le choix, la promesse de PSA Peugeot Citroën doit être tenue. Il y a quelques semaines déjà, le directeur industriel du constructeur français Denis Martin a clairement affiché l'objectif en public. Dans ce contexte, toutes les énergies du territoire sont désormais mobilisées pour tenter d'atténuer le choc des 1.400 suppressions d'emplois annoncées avant l'été. Pas aussi simple qu'il n'y paraît tant le dossier est éminement politique, donc passionné.




Motus à tous les étages
Côté PSA, on s'appuie sur le groupe privé BPI. Ce dernier, qui se décrit comme un cabinet "conseil en stratégie de changement", compte une antenne à Rennes. Son rôle dans ce dossier ? Ce n'est pas en les contactant directement qu'on aura des précisions. PSA verrouille la com'. On sait toutefois que
«c'est PSA qui leur a demandé de continuer le partenariat eu égard aux résultats sur Aulnay», nous explique un bon connaisseur du dossier. Et sa mission consiste surtout à «mettre en mouvement l'ensemble des acteurs. Et partager avec eux les outils.» Ce que confirme Frédéric Rode, directeur de Bretagne Développement Innovation (BDI), bras armé économique de la Région.
«BPI est le maître-d'oeuvre. Et nous avons été sollicités, comme d'autres (Rennes Métropole, ndlr), pour contribuer aux travaux.» Attirer des investisseurs sur le territoire, et notamment internationaux (grâce à l'aide de l'AFII), BDI sait faire. La structure s'appuie notamment sur Bretagne Commerce International. «On a effectivement des stocks de projets que l'on revisite et on regarde si on peut les réactiver», décrit Frédéric Rode. À ce jour, rien de précis. C'est beaucoup trop tôt. Et tout le monde se garde bien de divulguer la moindre petite information. «BPI et les collectivités ne font que démarrer les études, et c'est ce qui nous inquiète d'ailleurs», regrette Didier Picard, représentant du personnel (CFE-CGC) de PSA La Janais. Quant à la rumeur selon laquelle des acteurs de l'énergie pourraient occuper une partie de l'usine de la Janais, «ce sont des pistes évoquées par la Région et Rennes Métropole», commente le syndicaliste. Rien de plus.
«Mais je peux comprendre que tant que les entreprises n'ont pas bouclé leurs projets, elles ne veulent pas qu'on parle d'elles. Pour ne pas créer de faux espoirs.» «Énergie, IAA, etc. Des dossiers à 20, 50, 100 emplois... On en est vraiment à l'état d'hypothèses», confirme Frédéric Rode.




Double discussion entre national et local

En attendant, tous les acteurs sont aujourd'hui concentrés sur une même cible : identifier des investisseurs potentiels. Un objectif qui pourrait vite tourner à la foire d'empoigne si une organisation structurée n'était pas mise en place. Car vu de l'extérieur, on a parfois du mal à saisir la logique. D'abord entre le national et le local.
«Une double discussion compliquée», confirme un institutionnel partie prenante. Arnaud Montebourg étant monté en première ligne - il discute en direct avec le président de PSA Philippe Varin - sans compter sur la forte implication du ministre breton Jean-Yves Le Drian, les Rennais en perdent parfois leur latin. Et puis quand on s'intéresse au régional, là encore, deux niveaux. Un comité stratégique, avec des élus, qui a déjà organisé deux réunions. Et un comité technique, qui, lui, n'avait pas encore réellement démarré au moment où nous bouclions ces lignes.




La foire aux comités

De plus, et comme si ça ne suffisait pas, un autre dossier vient interférer dans celui de la réindustrialisation : la revitalisation liée au plan de 2009 (1.750 emplois supprimés à l'époque). Selon nos informations, une convention de revitalisation, d'un montant de 3 M€, a ainsi été signée le mois dernier entre le Préfet Michel Cadot et le directeur de La Janais Jean-Luc Perrard. Un dispositif qui, en temps normal, tomberait dans les missions du fonds de revitalisation créé il y a quelques années sur le plan local pour traiter les catastrophes industrielles (Motorola, Faurecia, etc.). Mais puisqu'il n'y a désormais plus rien de normal s'agissant de PSA, c'est un enième comité, en lien avec Rennes Métropole, qui a été créé pour traiter de cette revitalisation spécifique. La dite convention prévoit ainsi qu'Idea 35, l'agence de développement économique du département, coordonne la remontée et l'instruction des dossiers. Une structure dépendant du conseil général pour un dossier de revitalisation limité à Rennes Métropole... Comprenne qui pourra.
«Comité de pilotage et d'engagement, comité tripartite, comité piloté par Rennes Métropole. Soit au moins quatre comités là où deux auraient suffi...», soupire un acteur institutionnel local.

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