Ille-et-Vilaine
Mario Piromalli : « Je n'ai pas l'intention de gérer d'autres restaurants que McDonald's »
Interview Ille-et-Vilaine # Restauration

Mario Piromalli gérant de 24 établissements McDonald’s Mario Piromalli : « Je n'ai pas l'intention de gérer d'autres restaurants que McDonald's »

S'abonner

Mario Piromalli n’en finit pas de faire grossir son réseau de franchises McDonald’s en région rennaise. Après l’ouverture d’un restaurant en gare de Rennes en 2018 et le rachat de deux autres établissements en 2019 à Bain-de-Bretagne et Chateaubriant, l’entrepreneur rennais de la restauration chapeaute désormais 24 établissements de la célèbre enseigne américaine de fast-food, ce qui fait de lui le plus important franchisé McDonald’s de France. Mario Piromalli investit en parallèle dans la pierre. Une manière d'accompagner un tant soit peu la métamorphose de Rennes.

Mario Piromalli a sauté dans l'aventure McDonald's au début des années 80. Devenu franchisé en 1988 à Rennes Colombia, il exploite aujourd'hui 24 établissements de l'enseigne de fast-food américaine à travers la société Servimap — Photo : © Baptiste Coupin

Le Journal des Entreprises : Avec les 24 restaurants McDonald’s que vous gérez sur Rennes et sa région via la société d’exploitation Servimap, vous êtes le plus gros franchisé de France. Votre réseau de franchises va-t-il continuer de grossir ?

Mario Piromalli :
Mes ambitions sont d’abord de continuer à bien servir mes clients, car c’est comme ça que l’on croît. Deuxièmement, c’est de faire en sorte que, s’il y a une poche de population qui n’est pas servie par McDo, s’il y a un endroit autour de Rennes, le Grand Rennes, où il y a une possibilité d’installer un autre restaurant, je le fasse. Dans les villes de Rennes, Redon, Vitré, Fougères, Châteaubriant… il y a 24 restaurants. Il y aurait, selon moi, encore de la place pour deux ou trois autres McDo. Les zones où nous souhaitons nous implanter ne sont pas secrètes : c’est le centre-ville nord de Rennes, où nous avons la place de mettre au moins un restaurant et autour de Rennes, où nous regardons vers le sud-est (dans la région de Châteaugiron-Janzé, NDLR).

Vous avez racheté trois immeubles récemment, rue de Penhoët, près de la place Saint-Anne. Un McDonald’s va-t-il y trouver sa place ?

M. P. :
Non, ça ne sera pas le cas, malheureusement. J’aurais bien voulu mettre un McDo dans le plus grand immeuble mais des contraintes techniques m’en empêchaient. On a besoin de longueur, de matériel pour installer la cuisine. Il est possible d’installer des McDo dans 300 ou 400 m², comme à la gare, mais ce doit être de plain-pied. Rue de Penhoët, ça ne fonctionnait pas.

« S’il y a un endroit autour de Rennes, le Grand Rennes, où il y a une possibilité de mettre un autre restaurant McDonald’s, je le ferai. »

Vous avez aussi racheté le magasin de vêtements Alexandre, rue de Nemours. Quel est votre projet là-bas ? On y parle de la prochaine arrivée de Starbucks…

M. P. :
C’est de l’investissement patrimonial. Je n’exploite pas commercialement les murs qui m’appartiennent. On parle peut-être de Starbucks là-bas, mais pour l’instant je n’ai pas eu de relation directe à ce propos. Je travaille sur d’autres sujets. Il y a plusieurs façons de réinvestir son argent. Pour ma part, j’ai choisi l’immobilier et l’immobilier qui façonne la ville (Mario Piromalli est également propriétaire des murs du restaurant Le Piccadilly, place de la Mairie, NDLR). C’est ma façon de rendre un peu à la ville et d’accompagner sa métamorphose, en y implantant soit des enseignes nationales, soit des commerces de quartier qui pourraient manquer.

Dans votre projet de développement, pourriez-vous exploiter d’autres enseignes de restauration que McDonald’s ?

M. P. : Non, je n’ai pas l’intention de gérer moi-même d’autres restaurants. De types rapides, certainement pas. Traditionnels, je ne crois pas. J’ai un contrat moral avec McDo qui m’interdirait de le faire. Ma vie professionnelle est liée à McDo et ce que je fais à côté c’est vraiment du personnel et du patrimonial. McDonald’s m’a tellement donné...

Photo : © Baptiste Coupin

Vos débuts dans la franchise et la gestion de restaurants McDonald’s ont démarré en 1988, au centre Colombia à Rennes. Quel chiffre d’affaires génèrent aujourd’hui vos restaurants, et combien d’emplois cela représente-t-il ?

M. P. :
Tous les restaurants sont indépendants. Si on les additionne, cela représente à peu près 1 500 personnes et 88 millions d’euros de chiffre d’affaires sur l’exercice 2019. Nous faisons une croissance annuelle de 4 % environ. En moyenne, un McDonald’s réalise 3,5 à 4 millions d’euros de chiffre d’affaires. Les gros porteurs sont ceux qui ont une densité de population importante, qui peuvent s’appuyer sur une structure commerciale autour et qui sont à proximité d’un fort trafic routier. C’est le cas de Rennes Alma par exemple. On peut aussi citer Bruz et Cap Malo.

Votre modèle de réussite comme franchisé McDonald’s est-il unique en France ?

M. P. :
Non, je ne pense pas. Beaucoup d’autres franchisés ont fait beaucoup mieux et beaucoup plus que moi. Une quinzaine a un nombre de restaurants assez important. La communauté de franchisés McDo est assez exceptionnelle en France. Et c’est aussi cela qui fait la richesse et la réussite de McDonald’s.

« Yao!, c’est utile, bienveillant, sincère, et ça ne se prend pas au sérieux. »

Comment appréhendez-vous la concurrence des autres restaurants de burger en région rennaise ? Burger King, notamment, qui va remplacer Quick début 2020, à Rennes, place de la République, ou encore Big Fernand, Roadside et autres enseignes indépendantes ?

M. P. :
Le hamburger s’est démocratisé ces dernières années. Nous devons faire face à de nouveaux concurrents, nés sur un modèle plus urbain, plus petit, concentré sur le "fait maison". Cela nous pousse à agir et on a su évoluer. Les décors ne sont plus les mêmes. Nous sommes passés au service à table. On propose des sandwiches avec une signature plus haut de gamme. Et ce n’est pas fini. Après, McDonald’s reste le lieu de brassage et de passage par excellence. C’est pratique, facile, ouvert du matin au soir. Et les prix restent abordables.

Photo : Yao!

Entrepreneur à succès, vous rendez au territoire une partie de ce que l’on vous a donné en aidant les jeunes entrepreneurs, à travers le fonds de dotation Yao!, association qui vient de fêter ses cinq ans. De quoi êtes-vous le plus fier ?

M. P. : Que ça existe toujours, cinq ans après ! C’était une idée un peu folle et pas très originale : vouloir aider les jeunes. Mais au bout de cinq ans, ça se poursuit. Et il y a toujours autant d’envie des jeunes de rentrer dans Yao! et autant d’envie des chefs d’entreprise de vouloir accompagner les jeunes dans Yao! C’est utile, bienveillant, sincère, et ça ne se prend pas au sérieux. Là, on parle vraiment de transmission. Ma fierté est de me dire : on aide les jeunes, ils ne sont pas seuls et il y a sur notre territoire des chefs d’entreprise bienfaisants et bienveillants.

Si vous aviez 25 ans aujourd’hui, sur quel type de business iriez-vous ? Est-ce que ce serait toujours dans l’univers de la restauration ?

M. P. : Je pense que je retenterai l’aventure McDo. Cela reste une boîte extraordinaire, capable de se transformer en peu de temps, de faire de la cuisine rapide et de qualité et de servir 10 clients ou 3 000 par jour. On peut accéder à des postes de management quel que soit le diplôme et même sans diplôme. Ici, on regarde les talents plus que les compétences. Je suis plutôt fier de travailler dans une entreprise qui voit les personnes de cette façon-là et qui offre toutes ces opportunités à ce monde-là. On m’a donné ma chance, comme aux autres. Après, il faut savoir la saisir !

Ille-et-Vilaine # Restauration