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L’usine Faurecia de Saint-Méloir carbure grâce aux voitures de luxe
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L’usine Faurecia de Saint-Méloir carbure grâce aux voitures de luxe

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L’ancien fournisseur de Tesla, l’établissement Faurecia Automotive Composites de Saint-Méloir-des-Ondes en région malouine, continue de servir les constructeurs de luxe en pièces composites. Au premier rang desquels Lotus et Mercedes-AMG. L’entreprise, en forte expansion, va doubler son chiffre d’affaires en deux ans. L’emploi décolle.

Les dirigeants de Faurecia Automotive Composites, dans le centre R & D de Saint-Malo — Photo : Baptiste Coupin

L’établissement Faurecia Automotive Composites (FAC) de Saint-Méloir-des-Ondes (285 collaborateurs, 12 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2021) en région malouine, raconte une histoire singulière parmi les 300 sites industriels que pilote le groupe Forvia (150 000 salariés, 25 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2022), dont le siège se trouve en région parisienne, septième équipementier automobile mondial, né du rapprochement, en 2022, entre le français Faurecia et l’allemand Hella. Le fabricant de pièces de carrosserie en composites, en activité depuis 25 ans et principalement tourné vers les constructeurs de sport et de luxe, a ainsi accompagné le lancement de Tesla, lorsque l’enfant terrible de l’automobile fabriquait ses premiers modèles en Angleterre, chez Lotus. C’était à la fin des années 2000. Le site malouin de Faurecia, qui s’appelait alors Sotira 35 (propriété à l’époque du mayennais Sora Composites), a livré des éléments en fibre de carbone pour la première gamme de véhicules électriques roadster de la firme américaine. La fibre de carbone est un matériau reconnu pour sa légèreté et sa résistance. Démarré en 2008, le contrat a couru sur plusieurs années. Si l’entreprise à succès Tesla (81,4 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2022) a, depuis, tourné le dos à la Bretagne et internalisé son savoir-faire aux États-Unis, d’autres constructeurs de renom sont eux venus prendre sa place comme donneurs d’ordre en Bretagne. Mercedes-AMG ou Lotus font aujourd’hui confiance à Faurecia, et son usine de Saint-Méloir, pour lui fournir des pièces composites variées : toits, panneaux, capots, haillons, pièces structurelles…

Fournisseur des voitures de luxe

Les deux marques constituent, depuis 2022, les deux projets majeurs de l’établissement malouin, qui fait partie de la division Clean Mobility (4,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires, 20 000 salariés) de Faurecia-Forvia ; une unité qui travaille à la transition zéro émission, des moteurs à la gestion de l’énergie. Le site bretillien conçoit notamment 75 % des pièces composites de structure et de carrosserie de la Lotus Emira, le dernier coupé de Lotus. "Cela représente 27 pièces livrées en sous-ensembles", détaille Louis Rouyez, directeur R & D et programmes de FAC. Le rythme de production est de 20 véhicules par jour pour le constructeur britannique. Faurecia fournit aussi Aston Martin, Alpine ou McLaren. Des noms prestigieux qui invitent au voyage… 40 000 pièces composites sortent chaque année des ateliers malouins de Faurecia. "Notre activité se positionne à mi-chemin entre l’artisanat et l’industrie, avec un process en cinq étapes, depuis la conception jusqu’à la finition. C’est un savoir-faire qui repose sur la capacité des gens à agir sur le produit", explique le dirigeant. "Le composite que nous usinons est un mélange de résine plastique avec des fibres de verre et de carbone. Le produit qui en sort est très léger et offre des caractéristiques mécaniques très intéressantes, complète Mathieu Willer, directeur général de FAC. Les constructeurs pour lesquels nous travaillons ont des produits d’exception. Avec notre matériau, nous leur permettons d’alléger leurs voitures pour laisser parler leur puissance motrice."

28 millions d’euros de revenus visés en 2023

Les constructeurs de sport et de luxe ne sont pas le seul marché de l’usine malouine. L’établissement vend également des produits, en petite série, pour le "off road", c’est-à-dire les camions, les véhicules agricoles ou les engins de chantiers. "Il y a beaucoup de valeur ajoutée à apporter sur des solutions et assemblages complets sur des véhicules agricoles, comme les tracteurs", souligne Mathieu Willer. Dans le cadre de l’électrification des véhicules, Faurecia Automotive Composites tend aussi à se spécialiser sur les composants des bacs à batterie de véhicules électriques. "Nous travaillons en série avec Stellantis, pour ses modèles de milieu de gamme, mais aussi avec BMW sur la moto électrique, et Lucid Air, qui est un nouvel entrant de l’électrique haut de gamme aux États-Unis. Les pièces pour les bacs à batterie sont notre axe de développement le plus porteur", rend compte le directeur de la PME.

Une pièce de carrosserie en composite (portière de McLaren), fabriquée au sein de l’usine de Saint-Méloir — Photo : Baptiste Coupin

Fort de son savoir-faire reconnu et des technologies innovantes qu’elle a su déployer auprès de ses clients, l’usine de Saint-Méloir prévoit de doubler son chiffre d’affaires en deux ans. Contre 12 millions d’euros de revenus en 2021, le site bretillien devrait en générer 28 millions à la fin 2023. Pour accompagner sa croissance, plus de 10 millions d’euros ont été investis depuis 2020 dans de nouveaux équipements et de nouvelles surfaces de stockage au sein de bâtiments de 13 000 m² . Grâce à cela, la société peut poursuivre son expansion… et continuer d’embaucher. 142 salariés travaillaient au sein de l’unité bretonne en novembre 2021. Ils devraient être 320, à la fin 2023. En l’espace de 24 mois, Faurecia aura donc doublé son personnel. Pas une mince affaire dans une région en quasi plein emploi (5,7 % de taux de chômage). Aussi, pour mieux recruter demain et favoriser la montée en compétences de ses salariés, Faurecia a lancé son école des métiers interne, début mars. Un programme de cinq CQP (certificats de qualification professionnelle) a vu le jour, en partenariat avec Pôle emploi, quatre agences d’intérim locales et l’association AJIR Bretagne, tournée vers le monde industriel. Il s’agit de former, sur six à neuf mois, différents profils métiers : mouleurs, peintres carrossiers, techniciens maintenance… L’école des métiers vise à former six personnes qualifiées en 2023, et dix-huit en 2024. L’entreprise souhaite privilégier le savoir-être dans son process de recrutement.

Les résines thermoplastiques comme innovation

À quelques kilomètres de Saint-Méloir, à l’entrée de Saint-Malo, les équipes R & D de FAC poursuivent, elles, le développement de nouveaux matériaux et de nouvelles opportunités business pour assurer la croissance de ses deux usines. Faurecia Automotive Composites pilote en effet une seconde unité, à Theillay, dans le Loir-et-Cher. Spécialisée pour la grande série, les pièces pour les véhicules électriques et les véhicules commerciaux, elle fait travailler 210 personnes. La cinquantaine de collaborateurs à bord du centre R & D (des techniciens et ingénieurs) travaillent donc pour le futur de ces deux sites. Ils disposent de 2 millions d’euros de budget pour plancher sur des projets innovants, en lien étroit avec des organismes régionaux, à l’instar de la plateforme d’innovation Excelcar, à Rennes. Le centre R & D de Saint-Malo mène actuellement un chantier sur les résines thermoplastiques, qui pourraient venir remplacer les résines thermodurcissables (également appelées thermodures), actuellement utilisées par l’industriel pour ses pièces en composite. La raison : elles se recyclent mieux. "Dans quelques années, la réglementation va changer et il faut se préparer à cela. L’avantage des thermoplastiques, c’est que ça permet aussi de réduire les émissions de CO2", souligne Louis Rouyez. Une expérimentation est actuellement menée avec des ingénieurs de Stellantis sur un dossier de siège véhicule, pour remplacer l’actuelle version tôle en version composite. "Nous sommes actuellement dans une phase d’innovation. Notre ambition, c’est de prendre un marché dans les deux années qui viennent sur une pièce en série", sourit Mathieu Willer.

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