
L’amende est salée et provoque une situation de crise au sein de la PME. Le tribunal correctionnel de Rennes vient de condamner le groupe Lou Légumes (400 salariés, 40 M€ de CA en 2022), exploitant de quatre champignonnières en France, pour "tromperie" sur l’origine de ses champignons. La société basée à Poilley au nord de Fougères (Ille-et-Vilaine) devra s’acquitter de trois amendes, pour un montant total de 744 000 euros. Le ministère public avait même requis une peine de 1,5 million d’euros dans cette affaire qui touche au sacro-saint "made in France", gage de qualité et de respect des règles de production françaises en vigueur.
Enquête de la répression des fraudes
La décision du tribunal fait suite à une enquête de la répression des fraudes, menée en décembre 2020 dans les locaux de l’entreprise. Lou Légumes aurait commercialisé auprès de plusieurs acteurs de la grande distribution des légumes récoltés en Pologne et estampillés "origine France". Les faits se seraient déroulés entre 2019 et 2020. Quatre associations interprofessionnelles, treize enseignes de la grande distribution (dont Leclerc, Carrefour, Casino…) ainsi que la Direction départementale de la protection des populations (DDPP), se sont constituées parties civiles lors du procès.
Lou Légumes fait appel
Dans un communiqué, le groupe familial breton réagit : "L’entreprise conteste formellement les accusations de tromperie sur l’origine des champignons sur une période entre 2019-2020 et dénonce une affaire à caractère politique et syndicale portée par l’inter-profession qui vise à mettre à terre Lou Légumes". La société de Poilley affirme "ne jamais avoir trompé ses clients et ses consommateurs" et estime la décision du tribunal "infondée". Elle annonce faire appel du jugement.
500 emplois directs créés
Cette décision de justice met à mal une société qui a toujours défendu le projet de "relocaliser la production de champignons frais en France" et de restructurer la filière française. Exclusivement importatrice de champignons origine Pologne, Pays Bas et Irlande jusqu’en 2015, Lou Légumes satisfait aujourd’hui 70 % de ses ventes en origine France. L’entreprise bretonne a investi plusieurs millions d’euros dans ses sites de production, ces dernières années, pour accroître sa production. Plus de 500 emplois directs ont été créés grâce à son activité.
La décision des juges met aujourd’hui en péril son avenir. Le président de Lou Légumes, Fabrice Chapuzet, envisage de démissionner de ses fonctions et prépare une restructuration de la gouvernance.