Loc Maria Biscuits : « Nous voulons doubler le chiffre d'affaires à l'international »
Interview # Agroalimentaire # International

Laurent Huynh directeur général de Loc Maria Biscuits Loc Maria Biscuits : « Nous voulons doubler le chiffre d'affaires à l'international »

S'abonner

Laurent Huynh, 50 ans, vient de prendre la direction générale de la filiale Loc Maria Biscuits du groupe rennais Galapagos, présidé par Christian Tacquard. Elle rassemble aujourd'hui cinq biscuiteries en Bretagne (deux dans les Côtes-d'Armor et trois dans le Finistère), une à Besançon et une chocolaterie à Margaux (Gironde). Il confie sa stratégie, son ambition et sa vision de cette entreprise familiale au savoir-faire à perpétuer.

L'ambition du breton Loc Maria Biscuits et de ses célèbres Gavottes est de réaliser 50% de l'activité à l'international contre 25% aujourd'hui, selon le nouveau directeur général Laurent Huynh — Photo : © Virginie Monvoisin

Le Journal des Entreprises : Vous avez été nommé à la direction générale de Loc Maria Biscuits (75 M€ de CA, 415 salariés) en janvier 2019. Comment s'articule la nouvelle gouvernance ?

Laurent Huynh : Je remplace à ce poste Jérôme Tacquard, fils du fondateur de l'entreprise Christian Tacquard. Celui-ci reste président du groupe Galapagos (153 M€ de CA, 690 salariés, NDLR), qui fédère Loc Maria Biscuits, Le Moulin du Pivert, Alpina Savoie et Cookie Créations. Jérôme Tacquard est désormais chargé des investissements pour le compte du groupe. Aurélie Tacquard, la fille du fondateur entrée dans l'entreprise en 2012 en tant que directrice marketing et commerciale, devient présidente de Loc Maria Biscuits.

Quel regard portez-vous sur cette entreprise ?

L. H. : D'abord, j'aime les produits ! J'ai grandi avec les Gavottes et Traou Mad, puisque mon père nous emmenait à Saint-Malo à chacune de nos vacances. Ce savoir-faire breton, bientôt centenaire (Gavottes et Traou Mad datent de 1920, NDLR), produit localement et qui se développe à travers le monde, cela donne beaucoup de sens.

« Galapagos est une entreprise familiale, avec une vision davantage sur le long terme. Ici, il y a de vrais enjeux de développement. »

Cette nouvelle aventure, c'est aussi rejoindre une entreprise familiale. J'ai beaucoup travaillé au sein de sociétés cotées, qui ont certes des qualités, mais aussi des défauts, dont celui de prendre des décisions à court terme. Galapagos a une vision davantage sur le long terme. Ici, il y a de vrais enjeux de développement.

Quels sont ces enjeux ?

L. H. : Notre ambition est de réaliser 50 % de notre activité à l'international. Elle représente actuellement 25 % de nos 75 M€ de chiffre d'affaires. La moitié de l'activité est par ailleurs réalisée en GMS en France, et 25 % dans les réseaux d'hôtellerie, restauration et compagnies aériennes, en BtoB. L'un des premiers axes de développement à venir est de renforcer la présence des produits à l'export, aux États-Unis, mais aussi en Asie et au Moyen-Orient.

Le développement du marché américain, où vous avez ouvert une filiale en 2015, est-il conforme à vos attentes ?

L. H. : Nous y avons connu une forte croissance en 2017 et 2018, notamment grâce au référencement des produits Loc Maria chez Costco, l'une des plus grandes enseignes de distribution en entrepôt au monde. Nous avons aussi signé la première commande de Trader Joe's, très grosse enseigne de GMS originaire de Californie.

Les États-Unis doivent être un relais de croissance, et c'est depuis notre bureau de Philadelphie que nous allons, demain, nous développer en Amérique du Sud. Mais on en est encore au début de l'histoire. Nous avons quelques interlocuteurs, des distributeurs, à qui nous devons faire goûter nos produits. C'est comme cela que nous allons pénétrer de nouveaux marchés. Nous allons devoir y faire nos preuves et parfois adapter nos gammes.

Comment vous adaptez-vous ?

L. H. : Nous avons une équipe de cinq personnes en R&D sur notre site de Lanvallay (Côtes-d'Armor). Pour les États-Unis, par exemple, nous vendons des paquets de 580 grammes de Gavottes au chocolat au lait – ce qu'ils préfèrent –, contre 90 grammes pour le marché français. Certains produits complémentaires ont été inventés pour l'Asie : des crêpes fourrées au thé vert matcha ou à la saveur fraise. Mais les crêpes dentelles nature ou au chocolat rencontrent le succès dans les 60 pays où nous exportons.

« Le Moyen-Orient pourrait devenir notre troisième zone de croissance. »

La finesse à la française est aussi particulièrement travaillée sur les différents packagings. Nous recensons plus de mille références, toutes tailles, tous packagings et tous conditionnements confondus.

Vous avez ouvert un bureau en 2018 à Hong Kong. Quel sont vos objectifs en Asie ?

L. H. : L'Asie doit nous tirer fortement vers le haut ces prochains mois. Nous sommes déjà présents en GMS et dans des magasins d'aéroports à Hong Kong, Taïwan, Singapour et au Japon.

Vous annoncez également un développement au Moyen-Orient. Pourquoi ce choix ?

L. H. : En Europe, les ventes de Loc Maria sont stables, elles ont atteint un palier et nous sommes connus. Le Moyen-Orient pourrait devenir notre troisième zone de croissance. Avec les évolutions récentes du cours du pétrole, ces marchés étaient jusque-là atones. Nos produits, qui sont premium, pouvaient souffrir de cette décroissance… Aujourd'hui, le Moyen-Orient sort de la crise économique. 2019 devrait voir arriver un rebond, ce qui nous ouvre des perspectives intéressantes.

Avez-vous les moyens matériels pour assumer cette croissance à venir ?

L. H. : Nous avons investi 30 M€ en 2016 dans notre nouvelle usine de Lanvallay. Elle tourne avec huit lignes de production, mais en a la capacité pour onze. L'autre challenge que nous allons relever est celui de transmettre aux nouvelles générations des savoir-faire humains, car nos produits, notamment la crêpe dentelle, sont très techniques.

# Agroalimentaire # International