L'industriel Chaplain assoit son expertise sur le Grand Ouest
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L'industriel Chaplain assoit son expertise sur le Grand Ouest

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Chaplain veut devenir la référence du service industriel (maintenance et réparation) sur tout le Grand Ouest. Preuve de son ambition à grandir, l’entreprise rennaise a opéré deux opérations de croissance externe en 2019. Dans son schéma de développement, son pôle énergie s’annonce comme un levier de croissance.

Le groupe rennais Chaplain a développé sa notoriété dans la maintenance et la réparation industrielle — Photo : © Chaplain

Comme le moteur d’un poids lourd qui passe en usinage dans ses ateliers, qui sera démonté et rendu rutilant à son client, après changement des pièces d’usure, Éric Hunaut, PDG de Chaplain, semble avoir trouvé les bons instruments pour conduire l’entreprise de services industriels qu’il a reprise au groupe Spie en 2008. Fondée en 1935, la PME qui emploie 230 collaborateurs et génère un chiffre d’affaires de 27,5 millions d’euros en 2019, s’inscrit aujourd’hui comme un acteur économique solide du paysage rennais. Et même de Bretagne. Depuis une dizaine d’années, Chaplain, historiquement présent sur l’industrie et la chaîne cinématique (moteurs, boîtes de vitesses, transmissions…), a en effet musclé son domaine d’expertise, agrégeant de nouvelles compétences au gré de rachats. L’entreprise a ainsi élargi ses bases dans le Grand Ouest et fidélisé toujours davantage de clients, conquis par le service et la compétence de ses équipes. D’ailleurs, Éric Hunaut, Mayennais, qui détient 87 % des parts de Chaplain via la holding CCM Finance, s’est fixé un but à atteindre : l’excellence. Une valeur, sinon un slogan, qui s’inscrit en toutes lettres à côté du nom de la marque.

Photo : © Baptiste Coupin

« C’est le meilleur mot sur lequel je pouvais m’appuyer, raconte ce boulimique de travail, par ailleurs patron de la PME Faral à Laval, président du Medef 53 et vice-président de la CCI 53. C'est un terme fédérateur qui correspond très bien à l’ADN de la société, aux valeurs que l’on veut promouvoir et au degré d’excellence que l’on met en valeur auprès de nos clients et de nos équipes. »

Deux rachats en 2019 et une volonté d’expansion

Après avoir initié un début d’expansion avec le rachat de Mayenne Bobinage, en Mayenne, en 2011, le groupe rennais est entré dans une phase d’accélération en 2019 en opérant deux phases de croissance externe. Le niortais Redien (35 salariés, 4,2 M€ de CA en 2017), spécialisé dans l’électricité industrielle, a d’abord rejoint l’entreprise en janvier, ce qui lui a permis de se fixer sur l’Arc Atlantique (en attendant de pouvoir rallier Bordeaux, le prochain objectif). Puis, quelques mois plus tard, c’est le brestois Sofintec Industries (18 salariés, 2,9 M€ de CA en 2018) qui a été repris. Implantée à Brest, Quimper et Saint-Brieuc, la PME est spécialisée dans la réparation de moteurs, de pompes et de variateurs. En s’offrant l’entreprise fondée par les frères Kernaflen en 2014, Chaplain y a vu une opportunité de continuer de grandir, tout en renforçant ses compétences techniques et de service en Bretagne. Une stratégie de développement assumée. « Notre projet de société Cap 2025 vise à nous permettre de nous développer dans toutes nos activités (industrie, énergie, chaîne cinématique) et de nous renforcer sur tout notre territoire, qui couvre la Bretagne et les Pays de la Loire, explique Éric Hunaut. Nous n’étions pas encore présents dans le Nord-Bretagne. C’est chose faite. » Le groupe Chaplain possède désormais trois filiales, Chaplain Énergie (maintenance de groupes électrogènes et entretien de centrales de méthanisation), Redien, tourné vers le marché de l’automobile, et Sofintec Industries. « La tête, c’est la SAS Chaplain. Mais nous conservons les noms des sociétés que nous avons rachetées car elles sont connues et reconnues dans leurs domaines et leurs territoires », précise Éric Hunaut. Sur ses dernières acquisitions, Chaplain s’est fait aider par ses partenaires bancaires historiques : le Crédit Mutuel, le Crédit Agricole, la CIC et la Banque populaire Grand Ouest. « Je n’ai pas voulu toucher à mes fonds propres pour me garder mes moyens de fonctionnement et d’investissement parce qu’il y a des choses à faire dans chacune des entités qu’on a reprise », indique l’homme fort du groupe. Exemple concret à Nantes, où l’entreprise déménage son agence de La Beaujoire à Saint-Aignan-de-Grandlieu, à proximité de l’aéroport Nantes Atlantique. Chaplain y installe une trentaine d’employés dans de nouveaux bâtiments de 6 000 m².

Une PME multisites et multi-activités

Dans son fonctionnement, Chaplain opère aujourd’hui comme une PME multisites et multi-activités. Ses collaborateurs, des techniciens itinérants ou sédentaires, se déploient ainsi à travers huit sites sur le Grand Ouest : Rennes, Saint-Brieuc, Brest, Quimper, Nantes, Mayenne (53), Héric (44) et Niort (79). Le siège social et les fonctions supports sont concentrés à Rennes, par ailleurs la plus grosse plateforme du groupe avec une trentaine de techniciens travaillant dans des ateliers à proximité de la route de Lorient. « Par le passé, il pouvait y avoir une compétition entre les différents sites. Maintenant ce n’est plus le cas. Ce que l’on regarde, c’est un résultat global de groupe », commente Éric Hunaut. Aujourd’hui, toutes les activités se croisent. Julien Ledemé, DRH du groupe, détaille : « Quand on embarque un nouveau salarié avec nous, on va lui permettre de travailler sur des missions variées et d’être en permanence en capacité de réflexion pour qu’il devienne un expert dans son métier. Ayant vu différents systèmes et différentes applications dans différentes entreprises, nos techniciens vont être capables d’avoir le recul nécessaire pour apporter des solutions optimales ». « Nous cherchons des gens avec un certain savoir-faire, dans des métiers assez spécifiques. Ils apportent une solution, et ça c’est très gratifiant », appuie Éric Hunaut. Les cas de figure sont nombreux, et parfois spectaculaires. Au sud de Rennes, les équipes de Chaplain sont ainsi intervenues dans un moulin du XVIIIe siècle qui produit de la farine de froment 100 % bio. Le reconditionnement des pièces a été réalisé en un temps record.

Photo : © Chaplain

À Saint-Malo, pour le compte du Palais du Grand Large, des techniciens ont dû démonter un groupe électrogène en trois parties pour ensuite le livrer et le descendre au bras d’une grue. Pour le spécialiste des solutions intralogistiques BA Systèmes, Chaplain Rennes et Chaplain Mayenne se sont unies pour la réfection d’ensembles de tractions montées sur des chariots élévateurs automatisés… Autant de « sorties » qui sont l’exemple type de la complémentarité de services qu’offre le groupe aujourd’hui, qui indique n’avoir peu ou pas de concurrence sur l’ensemble de son champ d’expertise. « Il y a bien des acteurs multi-services comme Eiffage, Spie ou Axila qui proposent des services de manière globalisée. Mais une PME comme la nôtre, avec un service de proximité sur autant de compétences ciblées, il n’y en a pas », assure Julien Ledemé.

Nouveaux leviers de croissance

Aussi, Chaplain, qui dispose de belles références dans l’industrie (Le Duff, La Poste, Bolloré, Keolis, Manitou, Intermarché…) et qui est concessionnaire de grandes marques constructeurs dans la mécanique (ZF, Deutz, Cummins), entrevoit-elle l’avenir sous les meilleurs auspices. Son président prévoit une hausse de son chiffre d’affaires de 6 à 7 % en 2020. Et avec l’appui de son comité stratégique (5 personnes) structuré début 2019 après que l’entreprise a participé au programme « accélérateur de PME » de Bpifrance, Éric Hunaut a déjà identifié ses futurs leviers de croissance. L’énergie, qui représente 3,7 millions d’euros de chiffre d’affaires à ce jour, en fait partie. « Il y a un potentiel significatif. Nous sommes fortement sollicités par des structures nationales pour pouvoir intervenir sur de la maintenance de groupes électrogènes ou des centrales de méthanisation. Mais avec notre savoir-faire, nous sommes aussi en réflexion sur l’éolien ou le photovoltaïque ». Et les ambitions du président ne s’arrêtent pas là : « Je n’ai pas de limites mais je ne veux pas faire n’importe quoi non plus. Notre métier c’est le service et l’industrie. Sur cet aspect-là, je souhaite que Chaplain devienne incontournable ».

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