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Conjoncture

Témoignage Librairie Le Failler : « Fermer les commerces est une prime donnée à Amazon »

Par Virginie Monvoisin, le 04 novembre 2020

Dominique Fredj, dirigeant de la librairie Le Failler, à Rennes, est « irrité » par la fermeture administrative de son magasin. Selon lui, le livre est bel et bien un objet « essentiel ». Au-delà de cette considération, il craint pour le commerce physique.

Dominique Fredj, directeur de la librairie Le Failler à Rennes.
Dominique Fredj, directeur de la librairie Le Failler à Rennes. — Photo : © Baptiste Coupin

La librairie Le Failler (31 salariés, CA 2019 : 6,5 M€), à Rennes, dirigée par Dominique Fredj, réalise habituellement un tiers de son activité entre novembre et décembre . Ce ne sera pas le cas cette année suite à la fermeture administrative de la boutique.

Une nouvelle période d’incertitude s’ouvre actuellement pour l’équipe, après les mois difficiles du premier confinement. En tant que commerce dit « non essentiel », Le Failler reste fermé mais a décidé de proposer de nouveau un service de « click & collect », de livraison ou de commande en ligne. « Cela ne compensera pas la totalité des pertes car les ventes non effectuées ne se reporteront pas après Noël », déplore Dominique Fredj. Le dirigeant rennais se dit d’ailleurs « scandalisé par le terme de 'bien non essentiel' pour qualifier le livre. Nous n’avons pas besoin uniquement de nourriture et de boisson pour vivre. Nous avons besoin d’éléments de sociabilité et d’évasion. Le livre en est un. On touche à l’une des clés de voûte de notre mode de vie. Dans un pays où l’on subit des attaques qui sont le fruit d’un obscurantisme qui grandit, le livre est un produit d’ouverture. »

Un impact "considérable" sur le commerce physique

La librairie Le Failler à Rennes.
La librairie Le Failler à Rennes. - Photo : © Baptiste Coupin

Dominique Fredj s’interroge sur les mesures prises par le gouvernement. « Nous demandons que le livre soit considéré comme un produit essentiel. Mais le fond du problème n’est pas là. Ceux qui nous gouvernent veulent-ils continuer à avoir des commerces physiques, qu’ils soient tenus par des indépendants ou des groupes, ou uniquement des commerces en ligne ? Il faut avoir conscience que l’impact va être considérable sur nos commerces, mais aussi sur nos fournisseurs comme les transporteurs, imprimeurs, éditeurs, etc., qui travaillent en France. C’est tout le tissu local qui est asphyxié ! Ces fermetures de commerces, c’est une prime donnée à Amazon par le gouvernement ! »

Dominique Fredj a même tenté de faire sa petite étude, de manière empirique en questionnant ses confrères : selon lui, « un tiers des magasins rennais pourrait ne pas s’en sortir, et fermer. » Pour ne pas en arriver là, il est prêt à mettre en place davantage de mesures de protection sanitaire dans son magasin, pourvu qu’on lui dise lesquelles…

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