Elle était attendue de longue date par la Bretagne, et notamment par les entrepreneurs et chefs d’entreprises désireux de saisir les opportunités de temps de parcours réduits pour se rendre à Paris, centre névralgique du business. Et, dans le sens inverse, pour accueillir plus facilement leurs partenaires, clients ou collaborateurs. Six mois plus tard, quid de l’impact de la LGV ? Une ligne à grande vitesse, inaugurée le 2 juillet dernier, qui met notamment Rennes à 1h25 de Paris, contre 2h05 auparavant. Avec un véritable effet « accélérateur » pour toutes les villes bretonnes : Saint-Malo-Paris (2h15 vs 2h55). Saint-Brieuc-Paris (2h15 vs 3h05). Brest-Paris (3h25 vs 4h15) etc.
Hausse de la fréquentation voyageurs
En terme de trafic, c’est indéniable, l’effet LGV est là. La fréquentation voyageurs a augmenté de 15 % entre Paris et la Bretagne depuis l’ouverture de la ligne. C’est ce qu’indique la SNCF, d’après une étude réalisée entre juillet et novembre, à comparer par rapport à la même période l’an passé. Gaël Patout, le président de l’Association des Cadres Bretons (ACB) à Paris, un réseau qui compte 200 membres, dirigeants d’entreprises et cadres bretons, estime qu’un « point de bascule » a été franchi. « Pour les Parisiens, la Bretagne n’est plus le bout du monde ». Selon l’ACB, 47 % des membres du réseau envisageraient de s’installer en Bretagne entre un et cinq ans.
Comment attirer les entreprises ?
Rennes, louée pour être une future place forte de la "tech", apparaît comme la locomotive de cette Bretagne en capacité d’attirer demain les entreprises et les talents parisiens. C’est d’ailleurs à la French Tech Rennes Saint-Malo que le réseau rennais In’Situ a organisé, début décembre, une soirée-débat sur « La Bretagne à Grande Vitesse » en présence de personnalités économiques locales, venues partager leurs visions et analyses. Un constat unanime. Tout le monde s’accorde à dire que la LGV constitue « une opportunité exceptionnelle » (Hervé Lejeune, directeur général de l’UE 35), « élargit le marché » (Olivier Bourquard, membre de la Commission Sociale de l’Association Bretonne des Entreprises Agroalimentaires), offre « plus de souplesse » (Anne Savatier, directrice régionale Bretagne de l’Apec), est en capacité d’« améliorer la destination Rennes » (Jean-François Kerroc’h, directeur général de Destination Rennes).
Lisibilité de l’offre
Mais François Rouault, directeur du service Economie, Emploi et Innovation de Rennes Métropole, prévient : « le processus (d’attrait du territoire) sera long ». En clair, comprendre que le miracle économique ne se fera pas en un jour. Le premier effet visible de la LGV porte sur « la prise de conscience des entreprises locales à pouvoir conforter leurs activités sur le territoire », analyse François Rouault. La suite, la volonté des entreprises à pouvoir se développer en Bretagne, reposerait, selon Hervé Lejeune, sur la lisibilité de l’offre. Quelles opportunités d’emplois offrent le territoire ? Quels sont les secteurs qui recrutent ? Un travail sur lequel l’UE35 va s’atteler en 2018.