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Les Banques Populaires fusionnent "pour aller deux fois plus vite" sur le digital
Interview Nantes # Finance # Fusion-acquisition

Olivier de Marignan directeur général de la Banque Populaire Atlantique "pour aller deux fois plus vite"

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Les deux Banques Populaires Atlantique et de l'Ouest annoncent avoir « engagé les travaux en vue d'un rapprochement ». Pourquoi une telle fusion ? Des fermetures d’agences sont-elles à prévoir ? À quoi ressemblera cette grande banque de l’Ouest ? Entretien exclusif avec Olivier de Marignan, directeur de la Banque Populaire Atlantique.

Olivier de Marignan, directeur général de Banque Populaire Atlantique — Photo : Banque Populaire Atlantique

Le Journal des Entreprises : Pourquoi rapprocher la Banque Populaire Atlantique et la Banque Populaire de l’Ouest ?

Olivier de Marignan : « Cela fait très longtemps qu’on parle de cette fusion, très longtemps aussi que l’on nous demande pourquoi on a coupé en deux la Bretagne. Le monde de la banque bouge énormément. Il nous a semblé intéressant de se dire que si on était deux pour affronter la période à venir et faire face aux aléas, ce n’était pas idiot. L’enjeu de demain, c’est le digital. Nous avons besoin de réaliser des investissements importants pour former nos collaborateurs et dégager des nouvelles sources de valeur. Nous sommes à peu près de même taille. Donc en doublant nos capacités, on va pouvoir aller deux fois plus vite ».

Concrètement, où sera le nouveau siège de cette Banque Populaire du grand Ouest?

O.d.M. : « Nous avons bien sûr quelques idées, mais nous préférons lancer dès aujourd’hui une étude d’opportunité pour infirmer ou confirmer nos idées et analyser tous les changements à réaliser. Cette étude prendra deux mois et demi. À la suite de cette étude nous présenterons un nouvel organigramme. La fusion devrait être effective début décembre. »

Prévoyez-vous des fermetures d’agence ?

O.d.M. : « À la Banque populaire Atlantique, nous avons déjà travaillé sur ce sujet en 2016. Nous avons fermé quatre petites agences. Ce n’est pas ce point qui nous a poussé à faire cette fusion. Ce n’est pas la priorité. Nous n’avons pas une grosse part de marché. Or ce sont bien les agences qui influent toujours le plus sur les parts de marché. »

Quels investissements voulez-vous réaliser avec la Banque populaire de l’Ouest ?

O.d.M. : « Il va falloir qu’on réinvente un modèle autour du digital. Le métier de banquier est en mutation, notamment sur la problématique de la gestion de la donnée. Beaucoup de nos collaborateurs vont devoir monter en compétence sur ce sujet. Il faudra qu’on les forme. En 2013, avec la startup Keople, nous avions réalisé un diagnostic sur le sujet du digital auprès de nos 1.500 collaborateurs. Il s’est avéré, à l’époque, que seuls 20% de nos collaborateurs se disaient enthousiastes sur le sujet, et 80% étaient plutôt spectateurs voire récalcitrants. L’an dernier nous avons refait cette étude, et 52% s’avèrent désormais enthousiastes sur ce sujet, 48% sont toujours récalcitrants. »

À quoi ressemblera donc le métier de banquier à l’avenir ?

O.d.M. : « Les collaborateurs auront avant tout un rôle de conseiller et d’accompagnateur auprès des clients. On veut élever le niveau sur ce point. Ils auront beaucoup moins de tâches administratives à gérer, pour avoir le temps de se concentrer sur l’humain. Nous sommes un des réseaux bancaires où le nombre de clients par portefeuille est le plus faible, certaines agences ont deux fois plus de clients par conseiller que nous. C’est une chance ! Nous avons les moyens de bâtir une offre d’accompagnement personnalisée. »

Comment comptez-vous utiliser la gestion de la donnée ?

O.d.M. : « La gestion des data va nous permettre de proposer des offres plus pertinentes aux clients, plus personnalisées. Aujourd’hui, on découvre le client quand il entre dans l’agence, demain, on le connaîtra avant qu’il vienne. La technologie permettra de mieux connaître chaque client. Nous avons eu aussi l’occasion de tester des applications d’intelligence artificielle mais il était encore trop tôt et nos collaborateurs n’étaient pas préparés à cette utilisation. »

Vous avez annoncé début mars, le lancement de Blue Pop, une banque en ligne. Est-ce l’avenir des agences de la Banque Populaire ?

O.d.M. : « En réalité Blue Pop, c’est la modernisation de l’e-agence que nous avions lancé il y a cinq ans. C’est une banque 100% digitale où les clients peuvent discuter via chat et visio conférence avec leur conseiller. C’est une idée de nos collaborateurs. Ils voulaient lancer une offre pour faire face à la concurrence des nouvelles banques en ligne. Nous espérons attirer 20 à 30 000 clients rapidement. Actuellement cinq personnes travaillent pour Blue Pop, dans des locaux situés à Angers. A terme, il devrait y avoir entre 10 et 15 collaborateurs. Nous allons regarder de près leur développement. Nous pourrions éventuellement nous en inspirer pour nos agences traditionnelles. »

C’est une sorte de laboratoire ?

O.d.M. : « Un laboratoire vivant, en quelque sorte. Mais le vrai laboratoire est au Startup Palace. Nos équipes y vont régulièrement, cela excite leurs neurones ! C’est là que nous avons lancé un simulateur d’ouverture de compte qui indique au client ce que pourrait compter nos prestations. On y teste des idées avec la startup Dictanova, notamment. Le but est d'améliorer nos connaissances sur les différents profils de nos clients utilisateurs, leurs usages digitaux et leurs attentes. »

Près de deux ans après son lancement, comment se porte Proximea, la plateforme de crowdfunding ?

O.d.M. : « Cela va très bien, nous avons récemment bouclé, en avance, la levée de fonds pour le dériveur gonflable créé par Tiwal. Nous allons très bientôt lancer un huitième projet. Nous attendons le retour sur investissement de notre plateforme de crowdfunding pour 2018. »

Et comment se porte la Banque Populaire Atlantique ?

O.d.M. : « Nous présenterons nos résultats en avril. Cette année, nous avons été chahutés par les taux bas. On est très gêné par ce phénomène, cela remet en question notre business model. D’un autre côté, nous avons une très belle dynamique commerciale. Depuis le début de l’année, nous ouvrons en moyenne 850 comptes par semaine. En 2016, on en ouvrait 650 par semaine, et 550 en 2015.

Comment expliquez-vous cette dynamique commerciale ?

O.d.M. : « C’est un ensemble de facteurs. Nous avons demandé à nos collaborateurs de nous expliquer ce succès. D’une part, les taux bas attirent des nouveaux clients, c’est certain. La deuxième raison, c’est la bonne image de la banque, grâce à notre démarche RSE et notre implication sur le sujet de l’innovation, que nos clients perçoivent. Enfin, il y a aussi un effet Vendée Globe. Cela joue beaucoup. Tous les soirs, pendant trois semaines, aux Sables d’Olonne, nous avons reçu 200 clients. A chaque fois ces réunions étaient pleines. »

La Banque Populaire de l'Ouest compte 1 526 salariés, réalise 232 millions d'euros de PNB pour 28 millions de résultat net. La Banque Populaire Atlantique compte 1 587 salariés, réalise 242,9 millions de PNB pour 30,3 millions de résultat.

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