La confection de housses de protection pour sièges automobiles, engins agricoles et autres poids lourds, c’est l’activité du Groupe Safar depuis 1965. Quand Yann-Hervé Mével reprend cette entreprise d’Argentré-du-Plessis à la troisième génération de la famille Orvain en 2018, c’est en duo avec Thierry Congard. Depuis le début de l’année, Yann-Hervé Mével dirige seul Safar, son associé étant reparti vers d’autres projets, même s’il reste au capital (les 2 associés restent majoritaires, mais un fonds, Capelia, a fait son entrée à leurs côtés en novembre 2022). En seulement cinq petites années, les nouveaux dirigeants ont fait passer un cap à l’entreprise, et ce n’est que le début.
Capacité de production multipliée par deux
Alors qu’elle employait 47 salariés en 2018, l’entreprise en compte maintenant 57, dont une trentaine de couturières. "La direction précédente ne voulait pas dépasser les 50 salariés, ce qui freinait son développement et lui interdisait de nouveaux marchés. Ce n’est pas notre objectif à nous", explique Yann-Hervé Mével. Depuis son arrivée, le chiffre d’affaires est ainsi passé de 5,2 millions d’euros à 7,3 millions en 2022, enregistrant un résultat net de 900 000 euros l’année passée. "Nous avons désormais une croissance continue, car nous avons diversifié nos activités, avons signé de nouveaux clients, proposé davantage de sous-traitance, et donc passé les équipes en 2x7 pour doubler nos capacités de production", liste de manière non exhaustive le dirigeant bretillien.
45 % du chiffre d’affaires pour les machines agricoles
Le Groupe Safar a, par exemple, signé de nouveaux référencements pour Ford. Il travaille avec les plus grandes marques de l’automobile pour la confection de housses de rénovation de sièges de véhicules particuliers (3 % du CA), comme Volkswagen, Nissan, Citroën, Toyota… Mais une grosse partie de son activité reste réalisée sur son marché historique des housses pour machines agricoles (45 % du CA) pour les marques Renault Trucks, Scania ou encore Man. 20 % du chiffre d’affaires provient par ailleurs de housses pour les utilitaires. Pour le reste, Safar fabrique des produits pour des camions, des tapis de sol et "covers" (couvertures de présentation pour véhicules neufs). Le groupe s’intéresse également depuis peu à des marchés complètement différents, comme celui de l’événementiel. "Il y a deux ans, nous avons commencé à réaliser des housses pour les sièges de salles de spectacle", précise Yann-Hervé Mével, qui veut innover pour continuer de faire progresser son entreprise. Il dispose pour cela d’un bureau d’études de 5 personnes en interne. Et il a plus d’une idée dans le coffre !
Innover chaque année
"Nous essayons de sortir une nouveauté par an. Nous avons par exemple conçu un volet thermique pour les camions, mais aussi un produit pour le secteur des loisirs et un autre pour le secteur des véhicules de loisir, indique le dirigeant tout en gardant un peu de secret. Pour réussir dans le marché de l’auto, il nous faut continuer à être malins." Yann-Hervé Mével cherche donc à développer de nouveaux produits sur "ce qui n’est pas roulant ou roule autrement". Comprenez par exemple pour des triporteurs, petits utilitaires, véhicules de livraison du dernier kilomètre, sociétés d’événementiel, etc. Il investit régulièrement pour renouveler son matériel, dont ses machines à coudre notamment, mais aussi pour offrir un cadre de travail agréable à ses salariés afin de recruter plus facilement (notamment pour combler des départs en retraite). Surtout dans ce domaine de la confection textile où le savoir-faire se perd et doit se transmettre sur le terrain, et sur le territoire vitréen où le taux de chômage est très bas. Le Groupe Safar peut capitaliser sur son label French Fab et mettre en avant son travail "made in Bretagne" pour valoriser son savoir-faire proche de la sellerie.
Viser 50 % à l’export
Ses produits made in France sont déjà un vrai gage de qualité sur le marché, en France mais aussi à l’international. L’entreprise affiche d’ailleurs de fortes ambitions à l’export. De 30 % du chiffre d’affaires aujourd’hui (contre 20 % en 2018), elle vise les 50 % à moyen terme, sur un chiffre d’affaires qui devrait avoisiner les 10 millions d’euros d’ici quatre ans. L’Europe, ainsi que le marché agricole nord-américain font partie des cibles. "Nous avons pris des parts de marché en sécurisant nos approvisionnements en matières premières et en produits. Nous avons été identifiés comme fiables par de grandes entreprises", souligne Yann-Hervé Mével. Le dirigeant vient d’ailleurs de recruter un directeur commercial, François-Xavier Vallet, pour l’épauler dans ce développement et combler le départ de Thierry Congard.
