Rennes
Laurent Le Roux (Forstaff) : « Notre double compétence est notre force »
Interview Rennes # Ressources humaines

Laurent Le Roux dirigeant fondateur de Forstaff Laurent Le Roux (Forstaff) : « Notre double compétence est notre force »

S'abonner

« Ce n'est pas parce que vous êtes un super commercial que vous ferez un bon manager. » Partant de ce principe, Laurent Le Roux, dirigeant et fondateur du cabinet de recrutement rennais Forstaff (27 salariés, 2,6 M€ de CA, +32 % sur un an), répond depuis 15 ans aux besoins de ses clients en recrutement et évolution de carrière. Son entreprise, en développement sur tout le territoire national, dispose pour cela d’une double compétence qui fait sa singularité : des experts du management et des psychologues.

Après Paris, Nantes, Bordeaux et Lille, le cabinet de recrutement rennais Forstaff, fondé et dirigé par Laurent Le Roux, devrait ouvrir un bureau cette année à Aix-en-Provence, et peut-être à Toulouse et Strasbourg — Photo : Forstaff

Le Journal des Entreprises : Forstaff fêtera ses 15 ans en avril. Comment se porte le cabinet RH que vous avez fondé depuis Rennes ?

Laurent Le Roux : Nous connaissons six années de croissance continue à deux chiffres. Une vraie dynamique s’est installée sur nos différents sites. Aujourd’hui, la plus grande agence en termes de chiffres, c’est Rennes, avec 855 000 euros de chiffre d'affaires en 2018. Paris suit derrière, avec 847 000 euros, puis viennent Nantes et Bordeaux.

Depuis le mois d’octobre, nous avons lancé Forstaff Lille. On mise beaucoup sur cette nouvelle agence, qui devrait générer 250 000 euros de CA la première année. D’autres créations de bureaux sont prévues en 2019. Aix-en-Provence, de manière certaine, peut-être Toulouse et Strasbourg. On veut continuer de se développer.

Quel est votre cœur de métier ?

L. L R. : Nous sommes un cabinet de recrutement, avec deux domaines d’intervention. 85 % de notre activité concerne les missions de recrutement. Avant tout des cadres et des experts : beaucoup autour des fonctions de commercial, des métiers de production, d’informatique... Les 15 % d’activité restants sont liés à la partie évaluation et « assessment » (bilan comportemental des candidats, NDLR).

Les équipes du cabinet de recrutement Forstaff — Photo : Forstaff

Quel est l’élément différenciant de votre entreprise ?

L. L R. : Le marché du recrutement est extrêmement atomisé en France, avec énormément d’intervenants. Notre singularité, dès le début, est d'avoir développé un double regard métier : des experts managers capables de "valider" les savoir-faire des candidats, et des psychologues qui regardent eux la qualité du" moteur", si vous me passez cette image. En clair, ne pas se limiter au "tuning", à la "carrosserie" des candidats. Il y a très peu de cabinets organisés comme cela.

Pour nous, il y a trois choses primordiales : recruter des personnes qui génèrent de la performance, recruter des hommes et des femmes contents d’avoir fait ce choix professionnel, et recruter des profils évolutifs, à même d’être promus en interne. Ça passe par une bonne étude de poste. Nous avons une vraie obligation de résultats envers nos clients, qui fait qu’on a un pôle sourcing très développé.

Qui sont vos clients ?

L. L R. : Nous avons aujourd’hui plus de 180 clients actifs. À la fois de très grands groupes, comme le géant pharmaceutique Johnson & Johnson ou le groupe de spiritueux La Martiniquaise... On accompagne aussi des structures coopératives régionales (Agrial, Cerena) et des ETI (Tipiak ou Hénaff, par exemple). Historiquement, nous travaillons beaucoup pour les industriels qui vendent auprès de la grande distribution.

« Un enjeu encore plus fort que l'image employeur aujourd'hui ? Arriver à garder ses équipes. »

Mais quelle que soit la taille de l’entreprise, les process de qualité sont les mêmes. Je dirai même que plus l’entreprise est petite, plus il est important d’avoir peu de candidats à proposer, mais des très bons !

À quelles difficultés devez-vous faire face sur le marché du recrutement ?

L. L R. : Aujourd’hui, l'un des enjeux importants, c’est l’image employeur. Mais il y en a un encore plus fort, selon moi, c’est d’arriver à garder ses équipes. Il y a une tension très forte sur le marché de l’emploi en ce moment, qui va perdurer. Quand on est dans un schéma de quasi plein-emploi sur le middle-management et les fonctions cadres, la vraie problématique c'est de conserver ses collaborateurs et pour cela de leur proposer un parcours.

Si mon manager me fait grandir, ça vaut le coup de rester avec lui. Mais si le collaborateur a le sentiment de tourner en rond, très vite la personne aura des velléités d'aller voir ailleurs. C’est pourquoi je recommande aux entreprises d’être vigilantes sur ce point.

Vous occupez des missions au sein de l’association « À Compétence Égale », qui réunit 90 cabinets RH en France. En tant que vice-président de cette association, et chef d’entreprise tout court, quelles doléances vous paraissent importantes de faire remonter à l’heure du « Grand débat » lancé par le chef de l'État ?

L. L R. : Dans le contexte de la lutte contre la discrimination, un vrai plan d’action pour l’emploi des seniors me parait nécessaire. Il faudra reporter l’âge de la retraite, on n’a pas le choix ! Mais dans le même temps, on est sur un taux d’emploi en France des personnes entre 55 et 64 ans beaucoup plus faible qu’ailleurs en Europe. Il y a un enjeu humain très important qui doit être fait autour de cela.

Deuxième point, la nécessité de la maîtrise budgétaire. Quand on voit que les retraites, c’est 13,8 % du PIB en France, alors que la moyenne européenne est à 10,4 %, et qu’à côté de ça il y a un sous-investissement dans l’éducation et la recherche, c'est inquiétant. L’avenir pour moi, ce sont véritablement les jeunes. Et arriver à garder et bien former nos équipes !

Rennes # Ressources humaines