Deux événements d’ampleur nationale sur la cybersécurité auront mis en lumière, en l’espace de quelques jours, la force du collectif breton au sein d’une filière en plein boom et qu’Emmanuel Macron veut continuer de muscler - 720 M€ de financements publics ont été investis début 2021 - pour des questions de souveraineté et pour mieux repositionner la France par rapport à la concurrence internationale. Le premier rendez-vous s’est tenu le 17 mars au couvent des Jacobins à Rennes, lors du BreizhCTF, la plus grande compétition en cybersécurité d’étudiants venus de toute la France (600 participants). L’événement est aussi une opportunité pour les entreprises de la filière de venir dénicher leurs futurs talents. Les principaux employeurs de la place bretonne (Orange Cyberdefense, Sopra Steria, Thales…), mais aussi des start-up en plein développement (Amossys, Defants…), ont profité de ce moment pour mettre en valeur leurs solutions et leur cadre de travail.
"Une stimulation extrêmement profitable"
Un second rendez-vous s’est tenu à Lille, début avril, lors du Forum international de la cybersécurité (FIC). Bien que loin de ses bases, la Bretagne y a envoyé une délégation record : 25 entreprises, venues de toute la région, à l’instar de Bzhunt (Finistère), Niji (Ille-et-Vilaine), Dawizz (Morbihan) ou Lybero (Côtes-d’Armor). Spécialisée dans l’édition de logiciels de cyberdéfense, la start-up de Cesson-Sévigné (Ille-et-Vilaine) Anozr Way (30 collaborateurs, CA : n.c.) s’y est notamment distinguée en remportant le prix de la start-up FIC 2023. Un succès qu’Alban Ondrejeck, cofondateur de la PME en 2019, partage volontiers avec son territoire. "Nous sommes un pur produit de l’écosystème breton. Nous avons bénéficié de l’aide de quasiment toutes les structures d’accompagnement dans la région. Que ce soient Orange, Le Poool, le programme Emergys, mais aussi BDI (Bretagne Développement Innovation, NDLR) ou le fonds Breizh Up. […] Il y a un vrai maillage des acteurs de l’écosystème en Bretagne, et de vraies interactions entre eux. Cela rend les choses faciles. Notre premier prix est un juste retour au territoire." Fondée en 2010, la société Ariadnext - devenue IDnow en début d’année -, spécialiste de la vérification d’identité à distance, porte aussi un regard bienveillant sur l’écosystème breton, et notamment rennais. "Les dispositifs mis en place nous ont permis d’avancer plus vite et d’exister plus rapidement, rend compte Marc Norlain, cofondateur de l’entreprise (298 collaborateurs, 55 M€ de CA). Nous nous côtoyons aussi entre chefs d’entreprise (de la tech, NDLR). On est tous à 20 minutes l’un de l’autre, donc on se voit. Il y a une stimulation qui est extrêmement profitable."
1 milliard d’euros de chiffre d’affaires
Selon la Région, la cybersécurité en Bretagne représente 170 entreprises (contre 80 en 2020), qui portent 8 000 emplois et génèrent un chiffre d’affaires annuel de 1 milliard d’euros au global. Un écosystème qui ne peut que grossir, "à condition de pouvoir former des femmes et des hommes à ces métiers", prévient Jérôme Tré-Hardy, conseiller régional délégué à la cybersécurité. "Le monde de la cyber souffre d’un manque criant de ressources humaines", opine le nouveau directeur général de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi), Vincent Strubel. Cette dernière a ouvert une antenne à Rennes récemment. Elle accueillera 250 agents en 2025. À côté de son métier de protection des entreprises face aux risques cyber, elle prévoit de porter des formations spécialisées pour aider au développement de la filière d’excellence bretonne.
