La Feuille d’Érable (87 salariés, 4 M€ de CA), société rennaise également présente à Quéven près de Lorient, poursuit son développement dans le recyclage et la récupération. Intervenant depuis sa création en 1983 auprès des entreprises pour la collecte et le recyclage de papiers de bureau, elle a déjà étendu depuis longtemps son activité aux ampoules, cartons, plastiques, gobelets et même biodéchets… En 2017, elle allait encore plus loin en créant le premier centre de lavage multicontenants alimentaires réutilisables en Bretagne, baptisé La Station (pour les gobelets, bocaux, plats inox…). Située également à Rennes, cette entreprise adaptée de 10 salariés élargit aujourd’hui ses compétences, grâce à la mise en service, depuis janvier, d’une nouvelle ligne de lavage dédiée aux bouteilles en verre.
Investissement de 400 000 euros
Cette machine reconditionnée, achetée 400 000 euros, a une capacité de lavage de 4 millions de bouteilles par an. Une petite révolution qui pourrait devenir une grande histoire tellement l’enjeu est important. Alors que la consigne tente de refaire surface en France ces derniers temps, La Feuille d’Érable prend le principe à bras-le-corps pour emmener derrière elle le plus d’acteurs possible. Elle veut recréer une véritable filière, accompagnant les producteurs et industriels dans leur démarche de réemploi de bouteilles en verre. Car ce n’est pas si simple.
Harmoniser les bouteilles en amont
"Le premier enjeu est de constituer un réseau de consigne pour la collecte, explique Éric Challan Belval, président de La Feuille d’Érable. Nous avons pour l’instant une trentaine de magasins partenaires chez qui chacun peut rapporter ses bouteilles." Le deuxième enjeu est de pouvoir harmoniser la forme des bouteilles, pour qu’elles passent toutes dans la machine, et qu’elles puissent être réutilisées par n’importe quel producteur en France. Il faut donc les inciter à ne pas graver leurs bouteilles par exemple. De même, la laveuse doit pouvoir enlever facilement les étiquettes (où, au passage, il faut mentionner par un pictogramme que la bouteille est consignée), par simple lavage. La colle utilisée par le producteur doit donc être bien sourcée en amont.
Plusieurs brasseries déjà engagées
La Station travaille déjà avec plusieurs brasseries et cidreries bretonnes, comme Sainte-Colombe, Skumenn, Drao… Soit 10 000 bouteilles lavées par mois depuis janvier, pour un coût de 25 centimes chacune. L’objectif à terme serait de pouvoir laver des bouteilles de vin, de champagne, etc. Par rapport à une bouteille à usage unique recyclée, le lavage d’une bouteille en verre permet d’économiser 33 % d’eau, 76 % d’énergie et de réduire de 79 % les émissions de CO2. L’intérêt pour l’environnement est donc intéressant. Et pour La Feuille d’Érable, si les producteurs lui emboîtent le pas, l’activité pourrait faire passer La Station de 400 000 euros de chiffre d’affaires à plus d’un million d’euros d’ici à deux ou trois ans. Quand on sait que le Gouvernement veut atteindre 10 % de réemploi d’ici à 2027 - comme l’a rappelé la secrétaire d’État chargée de l’Écologie, Bérangère Couillard, lors de sa visite chez La Feuille d’Érable début mai -, l’objectif est réalisable.