Ille-et-Vilaine
Jérôme Tré-Hardy (Le Poool) : « Faire de Rennes-Saint-Malo une terre de deep tech »
Interview Ille-et-Vilaine # Informatique # Attractivité

Jérôme Tré-Hardy président de Le Poool Jérôme Tré-Hardy (Le Poool) : « Faire de Rennes-Saint-Malo une terre de deep tech »

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Parisien d’origine, installé à Rennes depuis 10 ans, dirigeant fondateur de la start-up de e-commerce Maplatine.com, Jérôme Tré-Hardy, 42 ans, a pris la présidence du Poool en mars 2018. La nouvelle association (24 salariés, 3,2 M€ de budget), à la gouvernance élargie, porte l’ambition d’inscrire le territoire parmi les écosystèmes du numérique phares en Europe.

Jérôme Tré-Hardy, président du Poool, veut faire de Rennes-Saint-Malo une terre de deep tech, avec le soutien d’une gouvernance très hétéroclite — Photo : © Le Poool

Le Poool est né il y a un an et demi, fruit de la fusion entre La French Tech Rennes Saint-Malo et Rennes Atalante. Quels sont les défis que vous portez à la tête de cette jeune mais ambitieuse association ?

Jérôme Tré-Hardy : Notre enjeu est d’être au service des entreprises innovantes et des start-up pour qu’elles puissent héberger des projets, se développer, accélérer et dépasser le territoire. Et pour cela, nous souhaitons leur apporter les meilleures conditions possibles. Notre objectif est que notre territoire, celui de Rennes-Saint-Malo, soit reconnu comme étant une terre de deep tech d’ici à 2024. Deep tech est un mot à la mode, qui peut faire réagir, mais ce n'est que la conséquence de 40 ans d’histoire d’un territoire qui a toujours été tourné vers les techs. Nous ne faisons que réaffirmer cette position au niveau national et au-delà. Et pour cela nous avons deux labels. Le label French Tech Rennes Saint-Malo, sachant que l'on vient d’être relabellisé capitale French Tech. Et le label 7B, c’est-à-dire les 7 technopoles de Bretagne. On est Ille-et-Vilaine, mais avec ces deux labels-là, nous avons une force d’entraînement beaucoup plus large.

Quelles sont les missions du Poool et combien d’adhérents recensez-vous aujourd’hui ?

J. T.-H. : Dans notre mission, nous avons deux piliers. Le premier, c’est l’accompagnement. Et ce, au départ et tout au long de la vie de l’entreprise. Cela comprend aussi la possibilité d’accompagner les start-up au stade de « scale-up ». Notre second pan, c’est de fédérer l’écosystème, de l’animer. D'être un creuset de rencontre des différents acteurs. Dans l’Agora que nous avons mis en place (une composante de la nouvelle gouvernance, NDLR), nous souhaitons avoir la meilleure représentativité possible de la diversité de notre territoire. On y retrouve des petites entreprises, des start-up, des grands groupes, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, des investisseurs, des accélérateurs, le monde politique, etc. On compte 260 adhérents en cette rentrée 2019. Notre objectif est d’en avoir 300 à la fin de l’année.

« Être un creuset de rencontre des différents acteurs. »

Quels sont vos axes forts de travail en cette rentrée 2019 ?

J. T.-H. : Un gros travail a été fait pour faire "atterrir" la fusion. A moyen terme, on veut bien faire comprendre notre rôle dans l’écosystème, et comment on s’articule avec les initiatives privées, au moment où le nombre d’accélérateurs grossit. Les grands projets de cette rentrée concernent la partie communication et branding, pour pousser la marque Le Poool. Nous voulons aussi clarifier les actions autour des événements et bien comprendre les besoins des entreprises qu’on accompagne. Le dernier gros chantier sera le recrutement du nouveau directeur général.

Stanislas Hintzy, qui occupait cette fonction, a en effet quitté l’association en mai dernier alors qu’on le pensait inscrit dans la durée. Qu’est-ce qui a conduit à son départ et quel profil recherchez-vous pour le remplacer ?

J. T.-H. : À un moment, l’alignement n’était plus parfait entre la vision que je pouvais porter avec le cockpit (l’équivalent du Conseil d’administration, NDLR) et la sienne. Donc, de façon très sereine et apaisée, nous nous sommes rendu compte que ce serait compliqué de faire concilier ces divergences. Je le remercie pour tout le travail qu’il a pu apporter, pour la fusion et la French Tech. Nous avons lancé le processus de recrutement d’un nouveau directeur. Nous avons bon espoir qu’il arrive d’ici la fin de l’année. On recherche quelqu’un qui soit au « service de », avec une vraie compréhension entrepreneuriale. Ce ne sera pas forcément quelqu’un issu du territoire. Il devra faire preuve de finesse et d’analyse de l’environnement parce que Le Poool est au centre de beaucoup choses.

« Quand on parle de fusion, il faut le faire avec beaucoup d’humilité. »

A l'occasion de l'événement Start-up on the beach, les investisseurs viennent rencontrer les porteurs de projet bretons à la plage, en toute décontraction — Photo : Le Poool

Au-delà de ce départ, que peut-on dire sur le mariage entre La French Tech et Rennes Atalante. Les rôles sont-ils clairement répartis au sein des équipes opérationnelles ?

J. T.-H. : Je pense qu’on peut être fier du travail qui a été réalisé. Quand on parle de fusion, il faut le faire avec beaucoup d’humilité. Les deux équipes ont appris à travailler ensemble, elles se sont bien organisées. Nous avons beaucoup de richesses issues des deux histoires qui viennent composer Le Poool. Rennes Atalante apporte une grande rigueur, une structuration. Et la French Tech, une certaine agilité, un regard nouveau sur les choses. En interne, ça se passe bien. En externe, ça pose beaucoup de questions et d’attentes. Nous devons rester pragmatique dans notre action.

Début juillet, Le Poool organisait la 4e édition de Start-up on the beach à Saint-Malo, une journée pour faire le lien entre les start-up et les investisseurs. Comment est perçu aujourd’hui l’écosystème start-up bretillien, vu de Paris ?

J. T.-H. : Pendant longtemps, il y a eu d'un côté Paris et de l'autre le reste du monde. Mais les fonds commencent à se rendre compte qu’il y a chez nous une vraie dynamique de territoire. La levée de fonds de Klaxoon a fait beaucoup parler (43 millions sur les 91 millions d’euros levés par les start-up bretilliennes en 2018, NDLR). Et il y a plein d’autres entreprises avec très beaux potentiels. Je pense à Cailabs, Energiency ou Advalo, qui ont toutes comme trait d’union d’être deep tech. Les investisseurs parisiens commencent à se dire « pourquoi je n’ai pas de big four qui vient chez moi ? ». Je trouve que le territoire bretillien est idéal pour entreprendre parce qu’il est suffisamment important pour avoir les moyens de se développer tout en restant à taille humaine pour se faire un réseau. Un événement comme Start-up on the beach permet de montrer le côté qualitatif des projets locaux. Au-delà du seul fait de boire un cocktail à la plage !

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