Hugues Vanel (FFB Bretagne) : « Le bâtiment, métier ancestral, va connaître de nombreuses mutations »
Interview # BTP

Hugues Vanel (FFB Bretagne) : « Le bâtiment, métier ancestral, va connaître de nombreuses mutations »

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Président de la Fédération régionale du bâtiment de Bretagne(FRB), Hugues Vanel brigue la présidence nationale de la FFB. L'entrepreneur bretillien, dirigeant de Bouchard Construction, se présente face à Olivier Salleron (FFB Nouvelle-Aquitaine) lors des élections du 20 mars 2020. L'occasion de faire le point sur les grands enjeux du bâtiment pour les mois qui viennent.

Hugues Vanel, président de la FFB Bretagne, candidat à la présidence de la FFB — Photo : © Virginie Monvoisin

Hugues Vanel, après avoir présidé la FFB35, puis la FFB Bretagne, vous voulez-vous investir pour votre profession au niveau national. Qu’est-ce qui motive le chef d’entreprise que vous êtes dans cet engagement ?

Hugues Vanel : J’aime être au service de la profession, de nos adhérents. J’ai été choisi par les présidents nationaux successifs pour des missions importantes : président de la commission économique puis au recrutement de nouveaux adhérents et trésorier de la FFB. C’est, par ailleurs, extrêmement intéressant d’accompagner les mutations que l’on va avoir dans les années qui viennent. Ces mutations sociétales, environnementales ou numériques, vont transformer les métiers de nos artisans et de nos entrepreneurs locaux. Il y a aussi des mutations importantes quant à nos façons de construire. On va sans doute construire de plus en plus en bois. Il va nous falloir également composer avec, par exemple, les démarches de "zéro artificialisation des sols". Il existe des opportunités pour notre secteur, à condition que nous les saisissions. De même, nos entreprises doivent améliorer leur valeur ajoutée, avec davantage de numérique, plus de réflexion sur les méthodes de production…

Hugues Vanel, président de la FFB Bretagne, candidat à la présidence de la FFB — Photo : © Virginie Monvoisin

Parmi les grands enjeux pour le bâtiment, il y a celui du recrutement. Comment valoriser votre filière ?

Le sujet de l’attractivité est essentiel. La place des femmes, l’amélioration des conditions de travail, le fait de limiter la pénibilité de nos travaux, la montée en compétences, etc. sont au cœur de mes préoccupations. Nous avons un combat à mener sur l’image de la profession. En Bretagne, nous avons lancé une campagne de communication baptisée #JaiChoisiLeBâtiment, pour laquelle nous avons mis en avant les photos de véritables apprentis. Cette action pertinente a été reprise au niveau national. Aujourd’hui, mon objectif est de faire la promesse aux jeunes que l’on embauche, qu’on les amènera à l’âge de la retraite en bonne santé. On a fait des gains de réduction de la pénibilité considérables ces dix dernières années. Il faut continuer.

Quelles bonnes pratiques bretonnes pourraient également être dupliquées ?

Tout récemment, nous avons participé, comme on sait le faire en Bretagne, avec tous les acteurs politiques et les organisations patronales, à une expérimentation du Pinel de Projet, qui est inscrit dans le projet de loi de finances 2020. C’est ce que l’on a appelé le Pinel Breton. À l’origine, on ne pouvait faire du Pinel que dans les métropoles (Rennes et Saint-Malo). Or, sur certains territoires, il y a un besoin de logements locatifs à prix abordables : nous avons défini ces endroits en fonction d’indicateurs comme la croissance démographique, l’emploi, l’attractivité… Nous avons ainsi recensé 152 territoires où des programmes vont pouvoir être lancés sur 2020-2021. Nous avons eu l’accord du Premier ministre pour tenter cette expérimentation sur ce produit de défiscalisation. Le Pinel accordé pour Rennes a donc été réparti plus harmonieusement sur le territoire. Si le dispositif réussit, il pourrait être dupliqué dans d’autres régions.

Le recyclage des déchets de chantier est en réflexion. Comment le secteur du bâtiment peut-il agir ?

La REP (responsabilité étendue du producteur) mise en place par la secrétaire d’État Brune Poirson, vise à taxer les matériaux neufs pour aider les filières de recyclage et ainsi éviter l’enfouissement. Il va falloir trouver des filières de recyclage, pour le plâtre par exemple, qu’il est possible de recycler mais qui ne l’est qu’à 15 % actuellement. La FFB va devoir accompagner ses adhérents à ce type d’évolution. Nous sommes attachés au sujet de la préservation de la planète. Nous devons faire en sorte que cela marche. Mais attention : il ne faut pas que cela bouleverse l’économie de nos entreprises. L’État ne doit pas aller trop vite et ne doit pas décider à l’emporte-pièce.

La réforme des retraites est au cœur des préoccupations actuellement. Quelle est votre position ?

L’État est en train de réfléchir à trouver les ressources pour payer les avantages des régimes spéciaux. Il a promis de ne pas augmenter les impôts. Résultat, on cherche à aller prendre l’argent que les entreprises et les partenaires sociaux destinent aux logements des salariés via Action Logement. Cet organisme perçoit la PEEC (participation des entreprises à l’effort de construction, qui sert à améliorer l’offre de logements sociaux et intermédiaires pour les salariés, NDLR). J’ai peur que l’on se serve de cette ressource pour payer les retraites, dont certains régimes spéciaux. Ce qui par conséquent réduirait la production de logements alors qu’il y a des besoins. Cela me révolte. L’objectif de la PEEC, ce n’est pas de financer la retraite, mais de construire des logements sociaux. Cela va avoir un impact direct sur la production.

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