Hervé Lelarge (Bpifrance Bretagne) : « L’international, notre grande ambition »
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Hervé Lelarge directeur de Bpifrance Bretagne Hervé Lelarge (Bpifrance Bretagne) : « L’international, notre grande ambition »

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Sur fond de reprise économique, Bpifrance Bretagne a soutenu près de 4 500 entreprises en 2017, avec des dispositifs à hauteur de 856 millions d’euros. Le soutien financier, notamment des TPE, reste « le cœur de l’usine », selon Hervé Lelarge, son directeur. Mais la banque publique s’ouvre à de nouveaux métiers, dont le financement des entreprises à l’international. Et travaille aussi à la structuration de son offre.

Pour Hervé Lelarge, directeur de Bpifrance Bretagne, "les entreprises qui vont bien financièrement sont celles qui ont fait de l’innovation et qui font de l’international." — Photo : Baptiste Coupin - Le Journal des Entreprises

Le Journal des Entreprises : Selon l’Insee, l’activité bancaire a été soutenue en 2017 au plan national. L’investissement des entreprises repart. Est-on sur une dynamique similaire en Bretagne ?

Hervé Lelarge : Oui, nous le voyons bien, les entreprises investissent. Ce sont de vrais investissements productifs et pas que du LBO (achat à effet de levier, NDLR), de la transmission ou de la restructuration financière. Les transporteurs achètent des camions, les industriels achètent des machines. Il y a toujours des secteurs qui souffrent, comme les travaux publics, mais globalement on constate une réelle embellie économique.

Dans ce contexte favorable, combien d’entreprises bretonnes Bpifrance Bretagne a-t-elle accompagnées en 2017 et à quelle hauteur financière ?

H.L. :
Nous avons accompagné 4 500 entreprises en 2017, contre 4 200 en 2016, auprès desquelles nous avons injecté 856 millions d’euros. Cela a permis au territoire breton de bénéficier de 2 milliards d’euros de retombées. On est dans des chiffres assez comparables à ceux de l’année dernière. On intervient auprès de tout type d’entreprises, de la TPE jusqu’à la multinationale, avec un poids de nos interventions équivalent au poids économique des départements. Ainsi, sur les 856 millions d’euros que l’on injecte, il y en 35 % en Ille-et-Vilaine, 25 % pour le Finistère, 23 % pour le Morbihan et 17 % dans les Côtes d’Armor.

Sur quels métiers intervenez-vous ?

H.L. :
Nous avons quatre métiers traditionnels. Notre premier métier c’est le soutien à l’innovation : nous avons financé près de 230 projets innovants en 2017, dans les start-up et dans les PME traditionnelles. Notre deuxième métier, c’est la garantie : nous nous sommes portés caution pour 3 500 entreprises dans le cadre de prêts bancaires. C’est le cas le plus souvent lors d’une création d’entreprise ou d’une transmission. Notre troisième métier c’est le financement, à court, moyen et long terme : nous avons accompagné près de 400 entreprises en 2017. Enfin, notre quatrième métier, c’est l’investissement en haut de bilan. On le fait de manière directe en prenant des participations dans les entreprises et de manière indirecte en apportant de l’argent via des fonds partenaires (stock en portefeuille, NDLR). Nos quatre métiers traditionnels sont en progression par rapport à 2016 et en très forte progression par rapport aux années passées.

« Les entreprises qui vont bien financièrement, ce sont celles qui ont fait de l’innovation et qui font de l’international. »

Bpifrance accompagne également les entrepreneurs dans leur accès à l’international. Une nouvelle activité a été lancée en ce sens...

H.L. :
Oui, nous avons maintenant une ligne de métier de financement des entreprises à l’international, avec des prêts sans garantie qui permettent à des entreprises de se développer et des outils pour garantir des crédits export. On permet à nos clients français de venir vendre leurs machines avec le financement, ce qui est très utile dans les pays dépourvus de réseaux bancaires (Afrique, Asie). Nous sommes aussi sur un métier d’assurance export depuis que l’on a récupéré la gamme de produits Coface en janvier 2017 (gestion des garanties publiques à l’export pour le compte de l’Etat, NDLR). L’idée, c’est de favoriser les exportations des entreprises françaises en finançant leurs dépenses de prospection. C’est une PME brestoise ou rennaise qui fait une étude de marché et qui dit par exemple « Je pense que j’ai un marché dans un pays du Maghreb ». Nous allons lui préfinancer ses dépenses pour acheter un concurrent, trouver un local, un distributeur... et il ne nous remboursera que s’il fait du chiffre d’affaires dans cette zone-là. En Bretagne, la gamme Coface a représenté en 2017 155 millions d’euros investis dans les entreprises.

L’international, c’est un axe sur lequel vous souhaitez appuyer en 2018 ?

H.L. :
Oui, l’internationalisation des entreprises est notre grande ambition. Nous prévoyons d’accompagner près de cent entreprises bretonnes sur cet axe en 2018. Nous avons structuré une équipe, de nouvelles procédures, c’est l’année zéro de ce lancement-là. Globalement, si l’on croise nos dossiers sur trente ans, on se rend compte que les entreprises qui vont bien financièrement, ce sont celles qui ont fait de l’innovation et qui font de l’international. C’est parfois plus facile de vendre à l’étranger qu’en France, ce qui est paradoxal. On se doit donc d’être très présents sur ce segment. Nous avons également fait un gros travail de simplification de notre offre. Dans les prochaines semaines, nous aurons la main pour instruire et décider des dossiers localement.

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