Hervé Lelarge (Bpifrance) : « Armer les entreprises dynamiques pour la croissance »
Interview # Agroalimentaire # Capital

Hervé Lelarge directeur régional Bretagne de Bpifrance Hervé Lelarge (Bpifrance) : « Armer les entreprises dynamiques pour la croissance »

S'abonner

Comment mieux accompagner les entreprises innovantes dans leur croissance ? Initié par Bpifrance, la Région Bretagne et les 7 technopoles de la région, le dispositif Boost’Up Bretagne a été lancé début novembre à Rennes pour aider 16 entreprises innovantes du territoire à accélérer.

"Il faut préparer ces chefs d’entreprise à affronter l’avenir", précise Hervé Lelarge, directeur régional Bretagne de Bpifrance — Photo : Baptiste Coupin - Le Journal des Entreprises

Ce programme d’accélération est-il une première en France ?

Hervé Lelarge : Plusieurs autres accélérateurs régionaux existaient déjà en France. Là, c’est le premier programme à destination d’entreprises innovantes. En Bretagne, nous avons décidé de cibler ces entreprises car nous partagions avec la Région un même sentiment de frustration : Bpifrance aide ces entreprises dès leur démarrage. Or, lorsqu’elles dépassent 2 M€ de CA, elles se font parfois racheter par de plus grands groupes. Il y a alors un sentiment de gâchis. Et puis, un autre problème peut se poser : une fois lancé, le dirigeant a parfois tendance à freiner ou limiter ses ambitions, alors qu’il avait de plus grands projets au départ. L’idée, c’est donc d’aider ces scale-up, ces entreprises dynamiques, qui ont déjà de bonnes bases. Nous souhaitons les armer pour la croissance, en maîtrisant les risques.

Qui sont ces entreprises innovantes du territoire ?

H. L. : Cette première promotion est composée de 16 bons candidats. Elles partagent un critère commun : elles réalisent un CA de plus de 2 M€ et comptent plus de 20 salariés. Dans cette période de croissance très forte que connaît son entreprise, avec beaucoup de recrutements et une stabilisation de ses produits ou de ses services, le dirigeant peut se trouver complètement absorbé par ces tâches et laisser de côté d’autres priorités. Nous souhaitons préparer ces chefs d’entreprise à affronter l’avenir. En novembre, le programme a démarré par un séminaire consacré au leadership. Il comporte aussi un axe conseils en entreprise. Enfin, le plus précieux aux yeux des dirigeants, c’est la mise en réseau. Ce qu’ils préfèrent, ce sont en effet des moments conviviaux où ils se rencontrent. Je suis assez confiant sur cette première promotion : on a tout de suite senti que ça « tiltait » entre certains, qui envisagent même des collaborations futures. Il y a une sorte d’esprit de promo qui se crée.

Le secteur agroalimentaire breton va t-il bénéficier d’un dispositif identique ?

H. L. : L’agroalimentaire représente un secteur phare en Bretagne. De nouveaux enjeux se posent aujourd’hui : les modes de consommation changent, avec des exigences nutritionnelles nouvelles, le souci de l’impact environnemental et le rôle des réseaux sociaux. Il y a 20 ans, il fallait produire. Aujourd’hui, il faut aussi être performant à tous les niveaux : assurer la traçabilité, faire du marketing, ou savoir gérer la communication de crise. Il est aussi indispensable d’attirer des collaborateurs performants. Pour répondre à tous ces enjeux, un programme d’accélération est en cours de construction, avec un schéma identique au Boost’Up. Mais il comportera aussi des formations spécifiques au secteur agroalimentaire : des travaux plus poussés sur la marque employeur, par exemple. Il s’agit de redonner du sens et de la fierté à ce secteur. L’accélérateur doit démarrer en février 2020 avec un effectif cible d’une vingtaine d’entreprises.

# Agroalimentaire # Capital