Hervé Kermarrec (Medef Bretagne) : « Le reconfinement est une très mauvaise nouvelle économique »
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Hervé Kermarrec président du Medef Bretagne et de l'UE35 Hervé Kermarrec (Medef Bretagne) : « Le reconfinement est une très mauvaise nouvelle économique »

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Alors que les entreprises bretonnes avaient plutôt bien résisté à la première vague d'épidémie de coronavirus avec un niveau d’activité qui s’établissait à 90 % au mois de septembre, le reconfinement les replonge dans l’incertitude, sinon l’angoisse. Le président du Medef Bretagne et de l’Union des Entreprises d’Ille-et-Vilaine, Hervé Kermarrec, est inquiet. Il estime que les entrepreneurs vont être contraints de prendre des mesures « plus dures ».

— Photo : © Baptiste Coupin

Le Journal des Entreprises : Comment appréhendez-vous ce nouveau confinement ?

Hervé Kermarrec : Il y avait déjà eu une première mauvaise nouvelle avec la mise en place du couvre-feu. Et puis arrive ce confinement qui va être à peu près similaire à ce que nous avons connu au mois de mars. Les commerces non alimentaires seront fermés. On va inciter au télétravail mais, à nouveau, ça n’est valable que pour 30 % de la population salariée en France donc ça ne va évidemment pas concerner tout le monde. L’agroalimentaire continuera de fonctionner, l’industrie également, de même que le bâtiment, mais on continue de consommer des carnets de commandes qui ont été signés en juin, juillet et août. Et à nouveau, dans quelques mois, on aura un problème de commandes. Donc c’est évidemment une très mauvaise nouvelle économique.

« Beaucoup d'entreprises vont être exsangues. »

Comment réagissent les entrepreneurs bretons à cette deuxième vague ?

Hervé Kermarrec : Il y a une forte inquiétude car, lors du premier confinement, les entreprises avaient de la trésorerie. On était quasiment sur du plein-emploi avec un niveau économique qui était bon. La période du déconfinement est trop courte pour avoir généré à nouveau suffisamment de trésorerie. Cela fait que beaucoup d’entreprises vont être exsangues. Quasiment un tiers du prêt garanti par l’Etat (PGE) a déjà été consommé en Bretagne. Et ça va continuer. Au moment du premier confinement, il y avait eu assez peu de chômage "brut" (hors chômage partiel), et d’ailleurs les chiffres en Bretagne montrent que l’emploi est remonté très fortement. La décision des entrepreneurs là, maintenant, c’est de se dire : "On a connu la première vague, on sait à quoi s’attendre pour la seconde, donc on va prendre des décisions un peu plus dures". Toutes les entreprises vont souffrir, le problème est global.

« Il faut que la consommation reparte car, derrière, c’est toute l’industrie qui se remettra à fabriquer. »

Que préconisez-vous en tant que responsable patronal dans la situation du moment ?

Hervé Kermarrec : Il faut que l’économie reparte coûte que coûte. Je milite pour une relance par la demande. Il y a de l’épargne qui a été consolidée par les Français et qui n’est pas consommée du tout. Il faut que la consommation reparte car, derrière, c’est toute l’industrie qui se remettra à fabriquer. Je m’inquiète de l’indice de confiance des ménages et de celui des affaires qui sont en forte dégradation. Tout ça n’est quand même pas très bon. Geoffroy Roux de Bézieux (président du Medef, NDLR) a parlé d’un effondrement de l’économie. Je n'utiliserai peut-être pas ces termes là mais la situation est quand même très, très préoccupante...

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