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En Ille-et-Vilaine, le coût sanitaire du déconfinement est loin d’être anodin
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En Ille-et-Vilaine, le coût sanitaire du déconfinement est loin d’être anodin

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Les masques en sont le symbole le plus visible, désormais répandus dans tous les environnements de travail. L’équipement sanitaire représente un surcoût important pour les entreprises, auquel il faut ajouter tous les aménagements nécessaires pour faire respecter la distanciation physique. Dans le BTP, le poids des surcharges est particulièrement lourd.

Le coût sanitaire sous environnement Covid-19 (équipements de protection + mesures de distanciation physique) entraîne des surcharges importantes dans toutes les entreprises, et notamment celles du BTP — Photo : © Marc SA

« Gants, masques, visières, gel hydroalcoolique, flacons de désinfection, lingettes… ». Julien Ledemé, directeur des ressources humaines du groupe rennais Chaplain (230 salariés, 27,5 M€ de CA en 2019), énumère les équipements sanitaires dont dispose l’entreprise de services industriels pour garantir la sécurité de ses locaux et de son personnel. « Au global, depuis le début de l’épidémie, nous avons dépensé un peu plus de 20 000 euros. Cela représente un coût de 80 à 100 euros par salarié environ. Et je n’y inclus pas les masques lavables que nous venons de mettre à la disposition de tous nos salariés », rend compte le DRH. Malgré le coronavirus, l’entreprise, qui assure la maintenance de sites et machines industriels sur tout le Grand Ouest, a su garder une grosse partie de ses techniciens sur le pont pour continuer d’opérer pendant la période du confinement. De quoi limiter l’impact économique. La PME n’accuse à ce jour que 10 % de perte de production pour une perte de rentabilité « de 2 à 3 points par mois confiné », évalue Julien Ledemé. Et tant pis si les charges sanitaires augmentent. Chaplain, qui a marqué des points en montrant sa disponibilité d’intervention au pic de la crise, ne prévoit pas d’augmenter ses prix. « Je vois que des artisans ou des commerçants commencent à le faire. Nous, nous n’avons pas fait ce choix-là. Nous serons peut-être moins conciliants sur la réduction de notre taux horaire mais on ne fera pas supporter un coût supplémentaire à nos clients. »

« Amoncellement de surcharges » dans le BTP

Le secteur du BTP, lui, apparaît fortement impacté par les surcoûts sanitaires, comme en témoigne le groupe bretillien Marc SA (17 sociétés, 1 100 salariés), l’un des leaders des travaux publics et du bâtiment en Bretagne, qui a son siège à Pleurtuit. « Il y a beaucoup de monde qui travaille sur les chantiers en même temps. Ça génère des coûts qui sont liés à ça : l’organisation des personnes », explique Romain Lehoux, son directeur général. Un exemple parlant, le coût des masques. « Nous en avons commandé 100 000 pour l’ensemble de nos structures, entre 70 et 90 centimes d’euros pièce. Ça représente une facture entre 70 000 et 90 000 euros. Et avec ça, on ne va que jusqu’à l’été… il va falloir renouveler le stock après ! » L’addition ne s’arrête pas là. La reprise d’activité sous environnement Covid-19 entraîne d’autres coûts importants : mise en sécurité des chantiers, désinfection d’engins et de sanitaires, nouveaux modes de transports des compagnons… « Les entreprises ne peuvent subir seules et de plein fouet tout cet amoncellement de surcharges. Il y a des limites qui ne devraient pas être dépassées », s’inquiète Romain Lehoux, qui, dans une tribune, s’est prononcé pour une répartition juste des coûts avec les maîtres d’ouvrage. Un vœu qui n’est que partiellement entendu à ce jour… Et pendant ce temps, les entreprises de TP doivent faire face à une baisse des commandes publiques qui ne leur permettent pas d’être en position favorable lorsqu’il s’agit de répondre à des appels d’offres. « Les prix sont tirés vers le bas alors qu’ils devraient augmenter avec le surcoût lié à l’épidémie de Covid. Les structures n’ont vraiment pas besoin de ça en ce moment », déplore Romain Lehoux.

L’impact de la distanciation sur le chiffre d’affaires

En plus du coût des équipements de protection, la CPME Bretagne, qui défend les intérêts des TPE-PME de Bretagne, s’inquiète, elle, des conséquences que vont engendrer les aménagements sanitaires pour les entreprises du commerce et de la restauration. « La limitation du nombre de clients dans les boutiques aura un impact sur le chiffre d’affaires, prévient Brigitte Le Cornet, président de l’organisation interprofessionnelle. Pour la restauration, ça va être « plus, plus », en raison de la distanciation demandée dans les établissements. Il y aura moins de tables dressées et donc fatalement moins de clients. Un établissement qui va tourner à 40 % de ses capacités, ça ne va pas tenir au niveau du modèle économique… » Pour compenser la perte de revenus pour les restaurateurs, la CPME demande que des terrasses extérieures puissent être aménagées avec l’accord des municipalités. « Ça ne coûterait rien à personne », insiste Brigitte Le Cornet, qui croise les doigts pour que les consommateurs soient bien au rendez-vous, « malgré une possible frilosité », et que la météo soit conciliante…

Des aides de la CCI et des collectivités

En attendant le retour des clients et pour alléger la facture sanitaire, les TPE et PME de moins de 50 salariés peuvent se tourner vers l’Assurance maladie, qui a mis en place des subventions en matériels de protection, d’un montant maximal de 5 000 euros. Elles peuvent aussi s’adresser à leur CCI, comme celle d’Ille-et-Vilaine qui tient à la disposition des commerçants, et des cafés, hôtels, restaurants, des « kits de reprise d’activité ». Ceux-ci contiennent 50 masques de protection individuelle et un flacon de 500 ml de gel hydroalcoolique. Les collectivités locales mettent elles aussi la main à la poche, à l’image de Rennes Métropole qui va prendre en charge une partie des dépenses des commerçants et artisans liées à la reprise et à la modification de l’activité. De quoi éviter aux petites entreprises de piocher dans la trésorerie. Du moins, les premiers temps !

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