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Coronavirus : Otima se donne de l'oxygène avec les respirateurs d'Air Liquide
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Coronavirus : Otima se donne de l'oxygène avec les respirateurs d'Air Liquide

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La PME Otima multiplie par cinquante sa production de pièces pour les respirateurs médicaux d'Air Liquide. Cette commande donne de l'air à la tôlerie bretonne qui a été placée en redressement judiciaire il y a un an.

— Photo : © Otima

Les respirateurs médicaux donnent de l’air à Otima. Placée en redressement judiciaire en avril 2019, la PME bretonne spécialisée dans la tôlerie fine n’a jamais fermé ses portes depuis le début de l’épidémie de coronavirus. L’un de ses clients vient même de lui passer une commande exceptionnelle. Ce client, c’est Air Liquide. « Nous avons reçu de sa part une copie du courrier du ministère des Solidarités et de la Santé, qui lui était adressé, raconte Xavier Lépine, président d’Otima, dont le siège est basé près de Fougères (Ille-et-Vilaine). Le Directeur général de la Santé y demande à Air Liquide de « mettre tout en œuvre afin de garantir le maintien de [sa] capacité de production à l’identique et autorise la réquisition des personnels nécessaires. » Par répercussion, nous étions concernés, puisque nous fournissons toute l’année des pièces pour l’un des respirateurs d’Air Liquide Medical Systems, le modèle Osiris. Air Liquide nous a donc demandé de rester en ordre de marche et de sécuriser nos approvisionnements auprès de nos propres fournisseurs (visserie, inox…) ».

Châssis et pattes de support des respirateurs

Otima réalise en effet 5 % de son activité pour Air Liquide chaque année, en produisant des châssis et des pattes de support pour l’ossature des respirateurs. Un client parmi d’autres, mais que la PME, avec la crise, met un point d’honneur à soutenir. « Dans le médical, les process et la qualité sont très contrôlés. Air Liquide ne peut pas se tourner vers n’importe quel fournisseur du jour au lendemain », précise Xavier Lépine. D’autant qu’il y a urgence. Le gouvernement a en effet demandé à un groupement d’industriels français, Air Liquide en tête, d’augmenter la production de respirateurs pour en fournir 10 000 avant la mi-mai. Avec PSA, Schneider Electric et Valeo, Air Liquide a mis en place un plan d’actions nécessaire pour augmenter la production des respirateurs. Cela passe par la contribution de 100 entreprises partenaires, dont Otima, pour fournir les quelque 300 composants de ces équipements médicaux indispensables pendant la pandémie.

Le volume annuel à produire en une semaine

« Nous avons déjà reçu la commande ferme de 8 500 pièces de chaque référence, annonce Xavier Lépine. Et le reste ne va pas tarder. » En temps normal, Otima produit 2 000 pièces par an pour Air Liquide. L’entreprise est partie pour en fabriquer 2 000 par semaine ! Autant dire qu’une adaptation de la production a été nécessaire. 100 des 170 salariés sont actuellement sur le site, équipés de masques anti-projection fabriqués par son partenaire Royal Mer. Les autres salariés sont en télétravail ou en arrêt car considérées comme personnes à risque face au Covid-19. « Nous travaillons en 2x8 mais réfléchissons à travailler le week-end et en 3x8 », confie le dirigeant. Une équipe spécialisée a été mise en place, et un suivi est assuré par le directeur industriel, le responsable supply-chain et le service achats. « Ces commandes sont passées en priorité, précise Xavier Lépine. Certaines livraisons pour d’autres clients sont à l’arrêt car eux-mêmes sont fermés, ce qui permet d’adapter notre outil pour les besoins d’Air Liquide. »

Pour son entreprise, cette commande massive va permettre de ne pas se retrouver dans le rouge. Otima avait en effet réussi, depuis quelques mois, à se restructurer, via une réorganisation et un PSE, pour sortir d’un redressement judiciaire. « Nous arrivons à la fin de notre période d’observation, avec un retour en profit », précise le président. Otima a stabilisé son chiffre d’affaires à 27 millions d’euros. La commande d’Air Liquide va « compenser la baisse d’activité liée à la crise. Lutter contre ce virus donne aussi du sens à ce que l’on fait, mais cela va surtout montrer notre savoir-faire, la réactivité dont nous sommes capables », espère Xavier Lépine. De quoi, ensuite, retrouver la confiance d’anciens clients.

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