Coronavirus : les représentants économiques bretons inquiets
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Coronavirus : les représentants économiques bretons inquiets

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Devant Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie et des Finances en déplacement à Rennes, les acteurs économiques bretons ont détaillé les premiers impacts qu’engendrait la crise du coronavirus pour les entreprises. Les secteurs de l’événementiel et du tourisme sont les plus touchés.

— Photo : © Baptiste Coupin

L’inquiétude était palpable, ce 12 mars 2020, dans les locaux de la préfecture de région, à Rennes. Alors que la Bretagne est touchée depuis plusieurs semaines par l’épidémie de coronavirus Covid-19, avec des clusters dans le Morbihan et à Bruz, en région rennaise, Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie et des Finances, est venu prendre le pouls du terrain et détailler le dispositif d’aide et d’accompagnement des entreprises impactées par la crise. Face à elle, les représentants des filières avaient la mine des mauvais jours. « Les entreprises sont extrêmement inquiètes, notamment dans le domaine des transports, de l’événementiel et de la restauration, a entamé Hervé Kermarrec, le président du Medef Bretagne. Beaucoup d’entreprises connaissent un ralentissement de leur activité, que ce soient les entreprises industrielles ou des services. On voit aussi pour les entreprises de la logistique une rupture de la supply chain, avec des problèmes d’approvisionnement. »

« Ne pas mettre la France sous cloche »

Dans ce contexte-là, Hervé Kermarrec, qui anticipe une rupture d’activité sur une période de six mois, a exhorté le gouvernement à « ne pas mettre la France sous cloche » et à ne pas fermer les écoles pour que les entreprises continuent de disposer d’une main d’œuvre disponible. « Depuis lundi, nous avons une cascade d’annulations d’une brutalité extrême, poursuit Karim Khan, le président de l’UMIH Bretagne (Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie). Nos adhérents sont paniqués. La moitié d’entre eux ont perdu entre 50 et 80 % de leur chiffre d’affaires. Quand il y a des séminaires annulés, c’est toute l’hôtellerie et les traiteurs qui sont touchés. ll nous faut des mesures fortes ».

« Garder la tête froide »

« Dans le secteur de l’événementiel, tout s’est arrêté net », poursuit Emmanuel Thaunier, le président de la CCI Ille-et-Vilaine. La chambre vient de mettre en place une cellule de prévention. « Nous faisons de l’information, nous écoutons, nous orientons, en essayant de ne pas être trop alarmiste et en veillant à garder la terre froide. » Emmanuel Thaunier rappelle aussi que la Bretagne porte une grande part dans l’agroalimentaire français. « Il nous faut porter un regard très important sur les industries de transformation pour s’assurer que les citoyens continuent de bien être alimentés », a-t-il indiqué. Par l’intermédiaire de Mickaël Morvan, l’U2P en Bretagne, qui défend l’économie de proximité, a aussi pris la parole : « Pour les TPE et les indépendants, si demain il n’y a pas de chiffre d’affaires, on ne pourra pas payer. Notre demande c’est d’avoir un état de catastrophe sanitaire qui puisse déboucher sur une réelle indemnité des pertes d’exploitation dans les entreprises ».

« Un plan de plusieurs centaines de millions d’euros »

Devant ces inquiétudes parfois vives, Agnès Pannier-Runacher a rappelé que le gouvernement avait mis en place, aux côtés de Bpifrance, « un plan de plusieurs centaines de millions d’euros » pour les entreprises, avec des mesures fortes, telles que le décalage de paiement des charges sociales et fiscales, les remises d’impôts directs ou le dispositif de chômage partiel simplifié. « Il faut s’en saisir. Il faut se manifester auprès des services publics le plus rapidement possible pour avoir du suivi », a-t-elle fait savoir. « Les délais d’instruction se sont réduits. Nous nous organisons pour réduire le volume de traitement des dossiers », complète la Dirrecte, l’interlocuteur des entreprises en région. « Les régions vont avoir un rôle à jouer dans cette crise, conclut la ministre. On aura besoin de leur agilité et de leur solidarité pour rebondir vite une fois qu’elle sera passée. »

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