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Coronavirus : « Les entreprises qui étaient bien portantes avant le confinement s’en sortiront »
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Stéphane Bougreau dirigeant associé du cabinet d’audit et de conseil Grant Thornton à Rennes Coronavirus : « Les entreprises qui étaient bien portantes avant le confinement s’en sortiront »

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Stéphane Bougreau pilote le cabinet d’audit et de conseil Grant Thornton à Rennes. Ses clients, présents sur tout le Grand Ouest, vont de l’entreprise individuelle à l’ETI (Agrial, Norac, Giboire...). Face à la crise Covid-19, l’expert financier et ses collègues conseillent et s’assurent que les entreprises se saisissent bien des mesures de soutien mises en place par l’État. Car le plus dur est à venir.

— Photo : Grant Thornton

Le Journal des Entreprises : Les chefs d’entreprise que vous avez au bout du fil sont-ils inquiets ? Comment leur venez-vous en aide ?

Stéphane Bougreau : Il y a une tension, c’est certain, mais pas forcément détectable au premier échange. Tout dépend de la nature de l’activité. Les entreprises de la restauration ou du retail, tout juste à l’équilibre en termes d’exploitation, sont sévèrement atteintes. Elles ont été contraintes de fermer du jour au lendemain, avec les questions que cela engendre : Comment payer mes salariés ? Comment figer le paiement des cotisations sociales ? Comment reporter mes échéances d’emprunt ?... Ce sont des questions qui nous ont été adressées très rapidement et sur lesquelles nous avons pu répondre. Et puis vous avez des entreprises de plus grande taille, de belles entreprises, qui ont un carnet de commandes et un portefeuille pérenne de clientèle, et qui elles aussi sont contraintes de s’adapter à la situation, avec des collaborateurs qui ne sont plus en activité. Tous les plans d’action sont revus. Celles qui avaient en vue des croissances externes les ont stoppées pour se concentrer sur la pérennité de leur activité et pour protéger leur trésorerie. Au sein de notre cabinet, nous adressons au quotidien un mail d’information sur tous les dispositifs règlementaires mis en œuvre pour les entreprises. Que ce soit le chômage partiel, les prêts garantis par l’État, le report d’échéances de cotisations... Nous organisons également des réunions téléphoniques avec des juristes en droit social pour répondre aux questions de nos clients.

« Ce qui sera le plus difficile, c’est la remise en route. »

Le Medef Bretagne s’attend à connaitre six mois de rupture d’activité, partagez-vous ce constat ?

S. B. : C’est difficile de se prononcer sur une durée mais je rejoins globalement cette analyse. Nous avons tendance à voir de manière immédiate la période de confinement, qui ne sera pas la période la plus difficile paradoxalement. Pourquoi ? Parce que jusqu’à la fin du mois de mars, les entreprises ont continué de percevoir les créances et ont pu payer les salaires. Ce qui sera beaucoup plus difficile, c’est la remise en route. Les encaissements clients se font déjà plus rares... Je pense qu’il y a une position prudente de la part des entreprises qui essaient de préserver leur trésorerie. Quand on est en convalescence, on essaie de soigner ses plaies. Des budgets seront sacrifiés. Tout ce qui est communication et marketing, notamment. Des investissements aussi devraient être reportés.

« Des défaillances vont avoir lieu, quel que soit la taille de l’entreprise. »

À quelles conséquences économiques faut-il s’attendre pour les entreprises bretonnes ?

S. B. : Des défaillances vont nécessairement avoir lieu, quelle que soit la taille de l’entreprise, mais je serai plus optimiste pour la Bretagne. Parce que finalement notre tissu économique est fait essentiellement d’entreprises à capital familial, avec généralement une gestion en bon père de famille, des investissements mesurés et des activités plutôt traditionnelles, tournées vers l’agroalimentaire. Or ce secteur continue de bien tourner, voire même de performer en ce moment. Cela devrait bénéficier à l’ensemble des acteurs économiques de la région. J’ai tendance à penser que les entreprises qui étaient bien portantes avant le confinement s’en sortiront. Pour celles qui étaient en revanche fragilisées avant la crise, ce sera plus dur.

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