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Coronavirus : le PDG de Beaumanoir « en guerre » contre les bailleurs commerciaux
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Coronavirus : le PDG de Beaumanoir « en guerre » contre les bailleurs commerciaux

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Le PDG fondateur du groupe de distribution de prêt-à-porter Beaumanoir, Roland Beaumanoir, dénonce dans un courrier l’attitude des gros bailleurs commerciaux qui continuent de percevoir les loyers des commerces à l’arrêt. Il se dit « en guerre contre ces profiteurs ».

Le dirigeant malouin Roland Beaumanoir se dit "en guerre" contre les bailleurs commerciaux, "ces profiteurs qui ne proposent que de différer leur rente financière au prix de faillites retentissantes chez les commerçants et leurs salariés" — Photo : Agence Wellcom

Dans un courrier transmis au président de la Région Bretagne Loïg Chesnais-Girard le 13 avril, Roland Beaumanoir, PDG du groupe de distribution de prêt-à-porter du même nom (Cache-Cache, Morgan, Bonobo, Bréal...) basé à Saint-Malo, fustige l’attitude de certains bailleurs commerciaux qui continuent de réclamer aux enseignes le paiement des loyers.

Dans son viseur, « les foncières les plus importantes », regroupées au sein du Conseil National des Centres Commerciaux (CNCC), qui avait appelé ses adhérents à suspendre les loyers suite à un accord signé le 20 mars avec le gouvernement. « Je suis en guerre contre ces profiteurs qui ne proposent que de différer leur rente financière au prix de faillites retentissantes chez les commerçants et leurs salariés, tonne Roland Beaumanoir. Je suis chef d’entreprise ; en cette qualité, je n’ai à manifester aucune colère mais mon rôle consiste à mener un combat contre ceux qui veulent ma mort et celle de mes salariés. Oui, il y aura des dégâts financiers, et surtout des dégâts sociaux, il ne suffit pas de dire que l’État prendra en charge le chômage comme toujours... »

Foncières vs commerçants

Le dirigeant malouin, qui doit composer avec la fermeture des magasins de ses enseignes depuis le 16 mars, oppose les forces en présence : « Les cinq premières foncières collectent auprès de leurs preneurs quelque 4,5 milliards d’euros et versent 2,4 milliards d’euros de dividendes à leurs actionnaires. Elles ne paient que 80 millions d’euros d’impôts et emploient environ 1 800 personnes. En face, les commerçants, regroupés en associations, emploient 2,6 millions de salariés. Ils doivent faire face à un risque de défaillance impactant plusieurs centaines de milliers d’emplois à court terme. » « "Nous sommes en guerre", a dit le président Macron ! Non ! Pas tout le monde. Du moins, en période de guerre, certains s’en sortent mieux que d’autres », persifle encore Roland Beaumanoir, qui fait travailler 11 000 salariés à travers le monde.

Son message a été bien reçu et entendu par le président de Région, qui l'a relayé au ministre de l’Economie Bruno Le Maire. « Si nous voulons réussir, tout le monde doit contribuer à l’effort et jouer le jeu de la solidarité. Il est donc particulièrement indécent que certains groupes financiers, bailleurs, fonciers, ne fassent aucun effort pour abandonner les loyers demandés aux commerçants et aux restaurants implantés dans leurs centres commerciaux, correspondant à la période de fermeture », écrit ainsi Loïg Chesnais-Girard, qui en appelle à une « initiative forte sur cette question ».

200 dirigeants de grandes enseignes montent au front

Roland Beaumanoir est aussi signataire d’une tribune transmise au gouvernement dans laquelle 200 dirigeants de grandes enseignes en France demandent une suspension des loyers, tant que leurs magasins resteront fermés. Parmi eux, figurent plusieurs représentants de groupes bretons, tel Antoine Barreau, directeur général restauration de Brioche Dorée et Pizza Del Arte (Groupe Le Duff), Bris Rocher, PDG du groupe Rocher (Yves Rocher, Petit Bateau), ou encore Jacques Royer, président du groupe Royer (Kickers).

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