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Coretec : « Nous avons une carte à jouer dans la transformation de l'industrie automobile »
Interview Ille-et-Vilaine # Industrie

Yann Le Corre directeur général du groupe Coretec Coretec : « Nous avons une carte à jouer dans la transformation de l'industrie automobile »

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Fournisseur pour les équipementiers et les constructeurs automobiles basé en Ille-et-Vilaine, la société Coretec mise sur sa capacité d'innovation pour soutenir l'activité de ses clients. Après les annonces du gouvernement en faveur du secteur automobile, son dirigeant Yann Le Corre se dit "optimiste". Selon lui, ce plan devrait accélérer la transformation de la filière.

Coretec fabrique des équipements spécifiques pour les constructeurs et sous-traitants automobiles, notamment dans son usine de Saint-Aubin-du-Cormier, en Ille-et-Vilaine — Photo : © Virginie Monvoisin

En tant que dirigeant de l’entreprise Coretec (fabricant d'équipements sur mesure destinés à la fabrication de pièces et modules en plastique pour les véhicules), comment accueillez-vous les récentes annonces du plan gouvernemental pour aider le secteur automobile ?

Yann Le Corre : De manière générale, ce sont à mon sens de bonnes mesures. Cela montre clairement la volonté du gouvernement de soutenir la filière, qui est stratégique pour la France et pour toute l’industrie. Ces mesures vont accélérer la transformation de la filière pour aller vers les véhicules de demain, plus propres. Elles représentent aussi un moyen de sortir de la situation actuelle, en tout cas d’accélérer la sortie de crise. Ces mesures font d’une pierre deux coups. De notre côté, nous ne sommes pas directement concernés par les mesures phares (primes à la conversion, bonus, par exemple). Mais en tant que fournisseurs des équipementiers (comme Plastic Omnium, Faurecia…) ou des constructeurs (comme Renault...), nous pouvons apporter notre agilité et notre capacité d’innovation. Car c’est par l’innovation que cette transformation industrielle se fera. Le groupe Coretec (33 M€ de CA en 2019, siège à Saint-Aubin-du-Cormier, en Ille-et-Vilaine, NDLR), qui emploie 340 collaborateurs dans le monde, dispose d’une centaine d’ingénieurs qui travaillent sur la robotisation notamment. Nous avons clairement une carte à jouer sur ce plan-là. À nous d’être agiles et compétitifs, de nous poser les bonnes questions. Des fonds ont également été annoncés pour moderniser la filière, notamment les sous-traitants automobiles. Je ne sais pas si nous pourrons en bénéficier directement. Par contre, je pense que chez nos clients, cela va faciliter les rapprochements d’entreprises, les fusions, les acquisitions, ce qui consolidera la filière, car plus on est gros plus on est fort !

Vous avez réalisé en 2019 un gros investissement pour vous agrandir et vous moderniser à Saint-Aubin-du-Cormier. Est-ce un poids ou un atout aujourd’hui ?

Clairement, c’est un atout. Ces investissements (entre 4 et 5 millions d’euros, NDLR) étaient nécessaires pour prendre du business. Nos outils nous permettent de convaincre des clients, mais aussi d’attirer des talents chez nous. C’est essentiel aujourd’hui, pour mieux traverser la crise. Je suis optimiste, car nous savons être agiles, ce qui est la clé pour s’adapter en cas de coup dur. Nous passerons la tempête car nous avons plein de projets et nous allons les réaliser, même s’il va falloir temporiser ces prochains mois en attendant d’y voir plus clair, notamment sur nos commandes. Mais d’autres investissements sont prévus dans les prochaines années.

Comment Coretec a traversé la crise et comment voyez-vous l’avenir ?

Nous avons mis du temps à nous organiser pour mettre en place les mesures de sécurité dans nos locaux, revoir les flux, obtenir du matériel de protection, etc. Mais nous sommes opérationnels à 80 % aujourd’hui. Nous sommes dans une situation compliquée au niveau macro, ce qui crée des incertitudes. Les équipementiers et les constructeurs ont été très impactés car plus personne n’allait en concession. L'activité de Coretec est davantage liée au développement des futurs véhicules, ceux qui sortiront à partir de 2021-2022, nous avons donc été moins impactés. Nous avons senti un ralentissement car nos clients ont décalé des décisions. Pour autant, les clients finaux (les constructeurs) ont mis la pression sur toute la chaîne pour continuer à développer des véhicules, car c’est leur chiffre d’affaires de demain. Nous avons su nous organiser en conséquence pour maintenir les plannings. Nous travaillons de plus en plus pour intégrer des sous-ensembles aux voitures électriques, mais aussi des matériaux moins polluants comme le composite au lieu du plastique. Les aides annoncées devraient permettre de poursuivre la mise en place de plus en plus de cellules robotisées, ce que nous fabriquons. Coretec peut apporter sa pierre à l’édifice en aidant l’industrie européenne à gagner en compétitivité par la robotique. Il faut maintenant que le public aille en concession acheter de nouvelles voitures !

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