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Comment Mytilimer travaille à une production zéro déchet
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Comment Mytilimer travaille à une production zéro déchet

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Le groupe Mytilimer a mis au point une solution innovante pour valoriser les moules impropres à la consommation. Pour la PME bretonne, l'objectif consiste à tendre vers le zéro déchet pour l’ensemble de ses coquillages.

Avec un pôle d'activité dédié à la valorisation de coproduits, Mytilimer fait du zéro déchet un acte fondateur. Première étape : la réutilisation de moules hors gabarit pour la nutrition animale, notamment — Photo : © Bruno de Olivera

« On produit 10 000 tonnes de moules à l’année. On en rejette 2 000 à la mer parce qu’elles n’atteignent pas la taille réglementaire (supérieure à 3 centimètres, NDLR). L’objectif de l’entreprise c’est d’être 100 % propre et donc de pouvoir utiliser ces 2 000 tonnes », entame Christophe Le Bihan, gérant de Mytilimer (125 salariés, 45 M€ de CA en 2018), groupe producteur de moules, d’huîtres et de coquillages basé à Cancale (Mytilimer, La Cancalaise, Pêcheries du Cap…). Cet acteur majeur de la filière conchylicole, réputé pour l’exploitation de moules de bouchot AOP en baie du Mont-Saint-Michel, a peut-être trouvé sa solution qui tient en un mot un peu barbare : « l’hydrolysat ». Une technologie brevetée qui lui permettra, à terme, de traiter l’ensemble de ses coproduits (produits qui n’arrivent pas à maturité ou n’ont pas la taille requise). Les moules, dans un premier temps, et les autres mollusques par la suite, comme les petites huîtres ou le crépidule (ou berlingot de mer). « Avec ce procédé, on va sortir quasiment zéro déchet de nos usines », anticipe déjà son dirigeant.

Nouveaux débouchés

La solution hydrolysat a été mise au point par Mytililab, filiale de Mytilimer, au terme de trois années de recherche avec son partenaire, le laboratoire Ivamer, basé près de Caen. Le groupe y a investi 500 000 euros dans une première phase de tests. Le procédé permet de séparer la chair de la coquille grâce à l’ajout de différents enzymes. Grâce à cela, Mytilimer s’offre de nouveaux débouchés.

Photo : © Mytilimer

« On se retrouve avec un côté liquide, riche en protéines, qu’on utilise pour le pet-food ou l’alimentation aquacole », indique Christophe Le Bihan. Une fois broyées, les coquilles sont elles aussi recyclées. Dans le bâtiment ou pour l’agriculture, pour l’amendement des sols. Mytilimer croit beaucoup dans son innovation. Le groupe prévoit de faire construire une nouvelle unité de transformation en 2021, qui utilisera sa solution par hydrolyse, et qui constituera l’une des pièces maîtresses de son nouveau site industriel. L’investissement dans cette usine devrait approcher le million d’euros. Avant cela, un site pilote sera installé au deuxième trimestre 2020 pour tester l’activité. Il pourra traiter 330 tonnes de moules hors gabarit au départ.

Une première récompense

À ce jour, la valorisation de co-produits, dans le traitement et le triage, se fait de manière manuelle. Il s’agit d’un nouveau pôle d’activité pour le groupe, qui a donné mission à un ancien de chez Roullier, Alexandre Thévenot, ex- responsable de projets dans la nutrition animale, de le développer. Dans le « recyclage » de ses produits de la mer, Mytilimer tient déjà une première victoire. L’entreprise a obtenu, début décembre, le prix coup de cœur du concours Isogone pour ses veloutés de moule fabriqués à partir de moules hors gabarit. Depuis 25 ans, ces trophées récompensent l’innovation agroalimentaire en Bretagne. « Ça nous rassure sur notre positionnement et ça récompense tout notre travail sur l’économie circulaire », se réjouit Christophe Le Bihan.

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