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Comment Goëmar stimule les plantes et sa croissance internationale
Saint-Malo # Agriculture # Innovation

Comment Goëmar stimule les plantes et sa croissance internationale

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Inventeur du premier vaccin des plantes, Goëmar poursuit son développement depuis Saint-Malo, même s’il a intégré le groupe international UPL. Pour compléter sa gamme de produits biostimulants et de biocontrôle à destination de l’agriculture, l’entreprise a mis au point un nouveau process. Elle lance un vaste plan d’investissements pour en lancer la production.

Goëmar développe depuis 1974 son activité de recherche autour d’extraits d’algues brunes (goémon) pour élaborer et commercialiser des produits destinés à la santé des plantes — Photo : Goëmar

Nés à Saint-Malo dans les années 1970, les Laboratoires Goëmar sont pionniers dans la fabrication de produits à base d’algues, destinés à la croissance et à la santé des plantes. Ils ont mis au point des procédés pour capturer les principes actifs des algues qui stimulent le potentiel physiologique des fruits et légumes, des vignes et des grandes cultures. Déjà présente dans plus de 50 pays à travers le monde, l’entreprise ne s’est jamais endormie sur ses… ascophyllum nodosum ! Ce type d’algues, le goémon noir, qui est sa matière fétiche, est sans cesse étudié pour que l’entreprise puisse continuer d’innover. Et Goëmar entend bien récidiver pour reprendre de l’avance avec un nouveau type de produit, baptisé Asco Plus.

Un procédé unique de concentration d’actifs

Après plusieurs années de recherche, ses laboratoires ont en effet réussi à développer une nouvelle génération de biostimulants à base d’algues (ascophyllum nodosum, récoltée en Bretagne) en utilisant un procédé unique breveté de concentration des actifs, grâce à une unité d’évaporateur-concentrateur. Asco Plus permet une évaporation à basse température, qui évite de dégrader les éléments actifs. "Cette innovation va permettre aux agriculteurs de produire plus et mieux avec moins, résume-t-on chez Goëmar. En activant la physiologie des plantes via l’intégration de cette technologie à leurs pratiques culturales les agriculteurs seront à même de répondre au défi de la durabilité de leurs productions". Un biostimulant permet en effet de stimuler différents mécanismes physiologiques des plantes, comme sa maturation, le grossissement de ses fruits, etc.

Réduction de l’empreinte carbone

Même si ce nouveau produit reste liquide, il est plus concentré et prend donc moins de place. "Le transporter est plus facile et participe à la réduction de l’empreinte carbone", ajoute Guillaume Lefranc, directeur des Laboratoires Goëmar à Saint-Malo. Par rapport à un produit biostimulant classique qui nécessite 1 kg d’algues pour produire 1 litre de crème d’algue (puisqu’on retire certaines molécules), Asco Plus est vendu sous flacon de 25 cl de concentré, ayant la même valeur agronomique qu’un kilo, avec même une plus grande fiabilité sur les cultures.

"Ce n’est pas un produit qui en remplace un autre, prévient Guillaume Lefranc. Mais bien une nouvelle gamme de biostimulants, qui va nous permettre de toucher plus de cultures, plus de marchés, plus de zones géographiques". Sur un marché en forte croissance (plus de 10 % de croissance attendue par an au niveau mondial, et un doublement d’ici à 2025, NDLR) et très concurrentiel, Goëmar veut prendre l’avantage avec ses nouveaux biostimulants qu’il veut étendre sur un maximum d’hectares à travers le monde. C’est bien engagé, puisqu’ils sont conçus pour pouvoir répondre aux principaux changements de réglementation à venir en Europe, mais aussi aux États-Unis, au Brésil et en Chine. "Avec cette innovation, nous allons reprendre une longueur d’avance sur nos marchés historiques en Europe, comme en Espagne ou en Italie par exemple", estime le dirigeant.

Une nouvelle ligne dédiée à Asco Plus en 2022

Encore en phase d’homologation, la nouvelle gamme devrait commencer à être produite à horizon fin 2022, dans un nouveau bâtiment dont le permis de construire sera déposé en cette fin 2021. Lauréat du plan France Relance, Goëmar va bénéficier d’une subvention de 800 000 euros pour agrandir ses locaux du parc Atalante et lancer cette nouvelle ligne dédiée. "Le bâtiment fera quelques milliers de mètres carrés", indique le dirigeant malouin, qui reste discret sur les contours précis du projet. Celui-ci coûtera au total 2 millions d’euros à l’entreprise, mais n’est en réalité que la première pierre d’un vaste plan d’investissement engagé par Goëmar.

Plusieurs extensions à venir dans les cinq ans

"Nous avons défini une enveloppe totale de 20 millions d’euros pour plusieurs projets d’extension à venir d’ici à cinq ans", ajoute Guillaume Lefranc. L’entreprise, qui dispose de 4 hectares de terrain (dont la moitié a été achetée récemment), a de quoi multiplier par deux sa superficie industrielle actuelle. Son développement constant l’oblige en effet à revoir en plus grand ses capacités de production. Goëmar a déjà multiplié par deux ses volumes vendus ces six dernières années. Fin mars 2021, il a clôturé son exercice en hausse de 25 %, atteignant les 33 millions d’euros de chiffre d’affaires. "Notre activité est liée aux filières agroalimentaires, qui sont des secteurs relativement épargnés par la pandémie, analyse Guillaume Lefranc. Cela a été un peu plus compliqué pour nous avec l’Amérique Latine, pour des questions logistiques, mais notre croissance reste forte. Notre objectif est d’ailleurs de faire le maximum !"

L’accompagnement du groupe indien UPL

Désormais accompagné par le Groupe international UPL (lire par ailleurs), Goëmar bénéficie d’une force supplémentaire dans la commercialisation de ses produits à l’international. UPL est un groupe indien de solutions agricoles qui pèse 5 milliards de dollars et emploie 11 000 collaborateurs… dont 70 chez Goëmar. "Nous sommes 60 à Saint-Malo et 10 à Pau, souligne Guillaume Lefranc. UPL a en effet rattaché à Goëmar l’an dernier une autre entreprise du groupe, NPP (Natural Plant Protection). Elle fabrique également des produits de biocontrôle, particulièrement pour l’arboriculture, avec des bio-insecticides." Au sein d’UPL, Goëmar bénéficie d’un fort appui pour atteindre de nouveaux marchés, notamment en Asie et en Amérique. "Nous allons nous lancer sur de grands marchés agricoles, comme en Inde, car, avec UPL, c’est désormais chez nous", se réjouit Guillaume Lefranc. UPL est en effet l’un des plus importants groupes internationaux de solutions agricoles mondiales, qui vend déjà les produits de ses filiales à travers plus de 130 pays. Il comprend, à son catalogue, des produits couvrant l’ensemble de la chaîne de production des cultures : protection des plantes, biosolutions, traitements de semences, etc. Les synergies, notamment commerciales, sont donc un atout pour Goëmar dans son développement futur, et lui ouvrent le champ des possibles. L’entreprise malouine vise par exemple un développement plus important en Amérique du Sud, comme au Brésil, qui reste une terre à conquérir avec un énorme potentiel.

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