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Cailabs et Unseenlabs vont travailler ensemble sur un projet expérimental de communication laser optique
Rennes # Défense # Innovation

Cailabs et Unseenlabs vont travailler ensemble sur un projet expérimental de communication laser optique

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L’une, Cailabs, est spécialisée dans la gestion de la lumière. L’autre, Unseenlabs, excelle dans la géolocalisation par satellites. Les deux PME rennaises innovantes vont unir leurs forces pour répondre à un projet expérimental voulu par le ministère des Armées. L’enjeu : faciliter la transmission de données par une télécommunication satellitaire optique.

Jean-François Morizur, PDG fondateur de Cailabs — Photo : David Ferrière

C’est une reconnaissance pour les secteurs des télécommunications et du spatial privé breton. Florence Parly, ministre des Armées, a annoncé, fin novembre, à l’occasion du Forum innovation défense, que deux entreprises innovantes rennaises, Cailabs et Unseenlabs, allaient participer au projet Keraunos (signifiant "foudre" en grec ancien). Il s’agit d’une première mondiale. L’intention ? Expérimenter un système de communication optique par laser entre un petit satellite défilant de 10 kg - de la taille de ceux qu’envoient Unseenlabs dans l’espace pour surveiller les mers - et une station sol compacte. L’Agence Innovation Défense investit 5,5 millions d’euros dans le projet. Les deux entreprises bretonnes, outre le fait d’être implantées toutes les deux à Rennes, ont pour point commun d’avoir à leur capital un même partenaire : Definvest, le fonds du ministère des Armées géré par Bpifrance. "En tant que PME, nous partageons une même approche de la gestion des coûts et des risques. En Bretagne, on a aussi de très bons ingénieurs. Il y a cette envie d’explorer. Et ça, c’est une force", complète Jean-François Morizur, le PDG fondateur de Cailabs.

"L’optique permet d’être très précis"

Dans le cadre de Keraunos, son entreprise (56 salariés, CA : n.c), spécialiste des solutions photoniques pour les télécommunications et les applications lasers industrielles, sera en charge de construire la station sol. Une sorte de "dôme avec un télescope", simplifie Jean-François Morizur. Elle trouvera sa place sur son nouveau site de travail de 3 500 m², à la Barre-Thomas, au sein duquel l’entreprise prévoit d’emménager à la mi-2022. Le dirigeant décrypte les enjeux derrière l’expérimentation : "Nous allons créer une liaison optique pour redescendre des données depuis un satellite vers le sol. Nous construisons un démonstrateur. Il y a une dimension expérimentale mais il y a aussi un "livrable". Ce qui est important, c’est la vitesse à laquelle on va ramener des données optiques, et à quelles conditions." L’architecture logicielle moderne et agile des nanosatellites Unseenlabs offre la possibilité d’intégrer la charge utile laser que développera Cailabs. Lancé en 2015 par les frères Galic, Unseenlabs (25 salariés, CA : n.c) a mis au point une technologie basée sur l’identification des ondes électromagnétiques émises par les navires, géolocalisés depuis l’espace. Depuis 2019, la start-up a déjà lancé quatre satellites dans la stratosphère. La transmission des informations qu’elle renvoie à ses clients (ONG, États) se fait grâce aux radiofréquences. Demain, la communication optique par laser pourrait constituer un nouveau mode de transmission. "L’optique permet d’être très précis. Il y a une grande robustesse à ce niveau-là et pas de problèmes de fréquences. Cette technologie permet aussi de monter à des débits bien supérieurs que la radio", assure Jean-François Morizur. Cela, à condition de maîtriser la turbulence atmosphérique qui brouille les signaux. C’est là tout le défi de cette mission.

Un enjeu pour la Défense et le marché civil

Le succès du projet Keraunos pourrait rendre possible un déploiement rapide de communications laser sur des plateformes mobiles, terrestres, navales ou aériennes. "Ce système pourrait alors s’intégrer aux futurs systèmes satellitaires du ministère des Armées", indique le ministère, dans un communiqué. Dans l’utilisation du laser pour des applications civiles, Jean-François Morizur évoque aussi des cas d’usage possible pour déployer de nouveau réseaux dans des villes qui ne pourraient pas être fibrées. "À nous d’être agnostiques et de développer des partenariats avec des acteurs qui auraient envie d’avancer sur le sujet", indique Jean-François Morizur. Aux Bretons désormais de transformer l’essai. Le lancement du satellite expérimental est prévu à la fin 2022.

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