L’ancien hôtel Thalassa de Dinard, devenu Emeria Thalasso & Spa, va entrer en travaux début novembre. Quelles transformations sont prévues ?
Hervé Duperret : Le chantier va se dérouler en deux phases. Nous allons nous attaquer aux 103 chambres vue mer, entre novembre 2022 et février 2023. Puis, en octobre 2023, l’établissement fermera ses portes pendant six mois. La clientèle de Dinard est en majorité une clientèle de loisirs. Nos clients viennent se ressourcer face à la mer, faire des soins et découvrir la ville. Nous souhaitons revoir l’esprit des piscines et des animations aquatiques, qui ne répondent plus à 100 % aux attentes. Nous allons agrandir l’espace soins avec 400 m2 supplémentaires et créer une piscine extérieure. Nous voulons donner une nouvelle visibilité et une nouvelle image à l’établissement et remettre au goût du jour la thalassothérapie. Nous prévoyons d’avoir un hôtel 100 % relooké pour le printemps 2024.
Cécile Geffroy : C’est un projet ambitieux, mais le cadre unique d’Emeria nous motive à en faire une adresse incontournable et proposer de nouvelles offres. Nous voulons raconter une nouvelle histoire pour cet établissement.
Emeria est une des pièces maîtresses de Forstyle Hôtels Collection et du pôle hôtelier de For-Bzh. Quels autres biens avez-vous en gestion ?
Hervé Duperret : Quand je suis arrivé dans le groupe, en 2020, For-Bzh comptait deux hôtels. Le Parister (la première acquisition du family office en 2019, NDLR), un hôtel 5 étoiles du 9e arrondissement de Paris, avec 45 chambres, un jardin intérieur et une piscine. Et Alliance Thalasso de Pornic (Loire-Atlantique), qui fait partie des grandes thalassos françaises. L’hôtel Thalassa de Dinard a été racheté par la suite (au groupe Accor, NDLR). Il est devenu Emeria, le 1er janvier 2022. Ça, c’est pour la partie rachat. Mais nous sommes aussi dans la création d’hôtels*. Nous construisons actuellement, à Paris, le Bloom House, un hôtel 4 étoiles de 91 chambres avec restaurant et espace bien-être avec piscine, jacuzzis, salles de soin et sauna. L’établissement ouvrira ses portes au cours du 2e semestre 2023, dans le 10e arrondissement. Il fera travailler 40 personnes et aura une vraie signature architecturale.
Cécile Geffroy : L’ensemble de nos établissements a un caractère affirmé, qui raconte quelque chose. L’hôtel Parister a tout de suite plu à Christian Roulleau (son père, fondateur de Samsic, géant breton des services aux entreprises, et de For-Bzh, NDLR). Mais l’hôtellerie tout seul lui semblait un peu monotone. C’est pour cette raison que le développement s’est orienté également vers des établissements de thalassothérapie alliant hôtellerie, restauration et un ensemble de services. Notre cible, c’est la partie lifestyle, santé, bien être. Nous voulons que ce soit un point commun de l’ensemble de nos hôtels.
Hervé Duperret, vous avez été pendant 11 ans directeur général du célèbre cabaret parisien Le Lido. Comment êtes-vous arrivé chez For-Bzh ?
Hervé Duperret : J’avais envie de revenir à mon premier métier qui était celui de la gestion hôtelière. Avant le Lido, j’ai dirigé des établissements à Paris, Annecy et dans les Antilles. J’ai pas mal bougé. J’en ai profité pour acquérir de l’expérience dans différents établissements. Après le Lido, je me voyais évoluer dans un petit groupe hôtelier, dans un esprit familial. Et pas dans un mastodonte. Mon vœu a été exaucé avec For-Bzh et la création de Forstyle Hôtels Collection.
Cécile Geffroy : C’est une belle rencontre, qui s’est effectuée au bon moment. Nous travaillons de manière transverse, on échange sur tout. Les décisions, nous les prenons en commun.
Quelle feuille de route avez-vous donnée à vos directeurs de site ?
Hervé Duperret : Aujourd’hui, chaque établissement doit rester différent et garder son identité. Nous ne voulons surtout pas uniformiser nos offres. Les deux thalassos de Dinard et Pornic ont, par exemple, chacune leur histoire. Elles ont des marchés bien identifiés. Nous voulons garder le savoir-faire des équipes et l’histoire des lieux mais en les remaniant sous la marque Forstyle Hôtels Collection (lancée début 2022, NDLR).
Cécile Geffroy : Nous voulons des établissements où il y a de la convivialité, et que ce soit bien tenu. Nous développons nos offres avec une vision commerciale, mais aussi des valeurs humaines, de services et de bienveillance. Le fondement, c’est que nous sommes une entreprise familiale. Nous voulons garder cela.
Christian Roulleau participe-t-il à la marche de l’entreprise ?
Cécile Geffroy : Oui, évidemment. Mais pas au quotidien. C’est un entrepreneur, il a ça en lui ! Il regarde l’activité. Il sait nous dire quand ça ne va pas. Il est impliqué, mais c’est vrai aussi pour Samsic (il a légué la présidence du groupe rennais à Thierry Geffroy, son gendre, époux de Cécile Geffroy, NDLR).
Vous croyez beaucoup dans la manière de dynamiser les centres de thalassothérapie ?
Hervé Duperret : C’est notre défi ! Il y a une image parfois un peu vieillissante de la thalassothérapie. Il y a un côté un peu austère et médical où on imagine les gens en peignoir sur du carrelage blanc. Mais c’est fini tout ça ! Nous n’allons pas révolutionner la thalasso mais la même chose dans une ambiance déco plus lifestyle, ça ne sera pas pareil. Nous devons faire vivre une autre expérience client. Depuis le Covid, la demande est extrêmement forte dans les centres de thalassothérapie. Il y a un rajeunissement de la clientèle qui se fait sentir. Aujourd’hui, nous avons beaucoup de jeunes couples. Il y a une volonté de prendre soin de soi totalement différente. Nous voulons surfer sur ça, et nous avons des établissements qui sont uniques pour séduire une nouvelle clientèle.
Quelle est votre vision de l’hôtellerie sous la marque Forstyle ?
Hervé Duperret : Je crois que les hôtels doivent devenir des lieux de vie. Simplement y manger et y dormir, ça ne suffit plus. Aujourd’hui, on a envie de s’y sentir bien, comme à la maison. Chez Forstyle, avec comme fil conducteur le bien-être, qui est notre signature, nous souhaitons proposer un ensemble de petites choses qui vont faire la différence : une restauration de qualité, des ambiances sonores et olfactives spécifiques… Le Bloom House, que nous allons gérer de A à Z, sera la traduction de ce que nous pouvons proposer. Je suis assez confiant pour en faire une belle adresse parisienne.
Quelle est l’ambition de For-Bzh dans son développement sur la partie hôtelière ?
Cécile Geffroy : Dans un premier temps, nous visons des établissements en France et des adresses coup de cœur, comme celles que nous avons aujourd’hui. Mais nous ne sommes pas dans une course au développement.
Hervé Duperret : La volonté première c’est d’être propriétaires et gestionnaires de nos établissements. Nous ne sommes pas là pour gérer les hôtels des autres. Si nous ne faisons pas de nouvelles acquisitions dans les deux ans, ça n’est pas grave. C’est l’opportunité et l’objet immobilier qui feront que M. Roulleau et For-Bzh décideront ou non d’investir.
* For-Bzh est aussi co-investisseur au sein de la thalasso de Perros-Guirec (Côtes-d’Armor) et partenaire du futur hôtel "Mama Shelter" à Rennes, aux côtés de la famille Legendre.
