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Brexit : la Région revoit sa copie pour le port de Saint-Malo
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Brexit : la Région revoit sa copie pour le port de Saint-Malo

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La Région Bretagne va relancer son appel d'offres pour la concession des ports de Saint-Malo. But de la manœuvre : temporiser pour financer des travaux d'aménagements plus lourds et le rendre plus compétitif face aux enjeux du Brexit.

Photo : Pline - Wikimedia CC 3.0

L'État avait confié l'exploitation du port de Saint-Malo à la CCI il y a 60 ans. La Région Bretagne ayant hérité de la propriété du troisième port breton en 2007, un nouvel appel d'offres avait été lancé fin 2016 pour une concession de 25 ans censée débuter au 1er janvier 2019. Groupée à celle du port de Cancale, la concession comportait un volet conséquent de 150 millions d'euros d'investissements pour la modernisation des infrastructures malouines (terminal ferry, fret maritime, pêche, réparation navale). Un appel d'offres auquel seule la CCI, au sein d'un consortium breton, était d'ailleurs candidate.

Le Brexit change la donne

Mais le Brexit est depuis passé par là, rendant le contexte économique particulièrement incertain alors même que le trafic portuaire connaissait déjà une érosion. La baisse des dotations de l'État en faveur des chambres de commerce n'aura sans doute rien arrangé, même si la CCI avait réussi à ficeler une offre, et ce, malgré une faible capacité d'autofinancement du port.

Enfin, l'annonce récente de la Commission européenne de son intention de faire transiter le fret irlandais, post-Brexit, vers les ports du Benelux et non les ports français, a eu pour effet de réveiller les velléités des élus bretons, sachant que les ports de la côte nord de la Bretagne sont de fait géographiquement les mieux placés pour hériter de ce fret européen.

La Région revoit sa copie

Le vent ayant tourné, la Région a donc changé de cap. Le 24 septembre, le président du Conseil régional, Loïg Chesnais-Girard, proposera de prolonger d’un an la concession actuelle du port de Saint-Malo pour « se donner le temps d’établir une nouvelle concession dans le cadre de laquelle la Région assurera elle-même la maîtrise d’ouvrage de l’opération de modernisation du terminal ferry du Naye », dont l'investissement nécessiterait « une intervention directe beaucoup plus forte » (sans en chiffrer les estimations) et pour redonner « des capacités d’investissements au futur opérateur portuaire ».

Hissez haut Saint-Malo… mais plus tard

Dans la foulée, le président de la CCI Ille-et-Vilaine Emmanuel Thaunier a réagi à cette annonce via un communiqué dans lequel il dit regretter l'arrêt de la procédure actuelle tout en appelant de ses vœux à ce que « cette décision du Conseil régional soit guidée par son intention de conforter l'économie du port de Saint-Malo et d'apporter plus de garanties financières au projet que la CCI avait initié ». Un projet qu'elle avait nommé "Hissez haut Saint-Malo" et rappelant les grandes heures du port des corsaires. Ce ne sera que partie remise, puisqu'il annonce aussi que la CCI veillera à présenter un nouveau dossier de candidature à la prochaine échéance.

En attendant, les autres grands ports bretons sont déjà en chantier, comme Brest et ses 220 millions d'euros d'investissements régionaux pour son nouveau polder des énergies marines renouvelables.

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