Brexit : Ce qu'en pensent les acteurs bretons
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Brexit : Ce qu'en pensent les acteurs bretons

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« Brexit or not Brexit ? » Nos voisins britanniques ont finalement tranché : ils vont quitter l'Union européenne à moyen terme. Quelles conséquences pour la Bretagne ? Les acteurs économiques bretons ont un premier avis sur la question... Tour d'horizon.
— Photo : Le Journal des Entreprises

Experte dans la gestion des solutions d'achats pour de grands groupes, la société vannetaise OJC Conseil (15 salariés et 1,1 M€ de CA) dispose d'une filiale à Londres depuis 2014. Son dirigeant Olivier Jullian confie « n'avoir pas ressenti d'effet immédiat depuis l'annonce du Brexit. Nous venons même de signer pour un troisième projet. Je n'ai pas l'impression que ce référendum entraîne des blocages en terme de décisions », ajoute-t-il. Pour ce patron vannetais, le point de vigilance sera plutôt sur les niveaux de change. Pour Pros Consulte (60 psychologues, 10 collaborateurs au siège et 4 M€ de CA en 2015) le Brexit a joué les invités surprises à quelques mois de l'ouverture de sa succursale britannique. Mais pas de quoi compromettre le projet de la plate-forme d'écoute et de gestion des risques psychosociaux. « La baisse du cours de la Livre est même plus favorable pour constituer le capital de l'entreprise », confie le P-dg Jean-Pierre Camard.


Pas d'urgence
« C'est du moyen terme... », relativise pour sa part Philippe Jolivet, président de l'UE35, l'union patronale d'Ille-et-Vilaine. « Le pragmatisme anglais est à l'action ! Ils prennent acte du vote et sont en train de tout faire pour que le Brexit ait le moins de conséquence négatives possibles pour leur économie », ajoute son vice-président Bruno Cressard, qui était en visite à Londres les 22 et 23 juillet, au sein de la délégation emmenée par Pierre Gattaz, patron du Medef. « Les chefs d'entreprise anglais veulent conserver leurs positions, sans perdre de marchés. Ils savent que ça va être compliqué... On sent une anxiété dans les milieux d'affaires. Notre carte à jouer, c'est de faire également preuve de pragmatisme », ajoute-t-on à l'UE35, qui emmène 150 dirigeants bretons à Londres mi-octobre pour ses traditionnelles rencontres internationales.

Vers une baisse de fréquentation touristique ?
En terme de tourisme, notamment d'affaires, les Bretons sont méfiants. « Le vote en faveur du Brexit, la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, pourrait avoir des répercussions sur la fréquentation », craint-on au réseau Haute-Bretagne Evénements (HBE) qui fédère 62 acteurs dont la plupart des hôteliers. « Même si l'ampleur du fléchissement est encore difficile à évaluer, nous devons réfléchir à des réponses nouvelles », analyse son président Jean-François Rouaud, par ailleurs dirigeant d'une agence de voyages.

Pas d'impact cet été mais des secteurs sur le qui-vive
À l'aéroport de Dinard - Pleurtuit, on n'a perçu aucune diminution du trafic Ryanair vers la France, bien au contraire ! « C'est un peu tôt... Les réservations pour l'été étaient déjà faites à l'annonce du Brexit », explique Emmanuel Thaunier, président de la CCI de Rennes qui gère la plateforme aéroportuaire. Les impacts touristiques (s'il y en a) pourraient se faire sentir au printemps 2017 selon lui, certain en revanche, de coups de frein sur d'autres activités. « Il n'y a plus de projets immobiliers avec les Anglais sur la Côte d'Emeraude et il pourrait y avoir de grosses conséquences aussi sur le maritime », constate Emmanuel Thaunier.

Des acteurs économiques bretons de poids, comme le groupe Roullier, n'ont cependant pas changé leurs habitudes. "Nous n'avons pas changé nos plans sur l'Angleterre où nous nous développons actuellement", confie Jean-Christophe Piot, directeur du financement des investissements de R&D et par ailleurs président du comité breton des conseillers du commerce extérieur, plutôt dans une posture attentiste. "Il n'y a pas d'effet, hormis la chute de la livre-sterling." Et l'industriel malouin de sourire : "Nous travaillons déjà très bien avec les Suisses, hors de l'Europe..."

Le Ceser planche sur le sujet
Opportunités ou risques ? Des réponses devront être apportées en novembre. Un groupe du Conseil économique, social et environnemental régional (Ceser) travaille sur le sujet, à la demande de Jean-Yves Le Drian, ministre-président de Région.

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