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Biméo : dresser un plan 3D à partir d'un simple smartphone
Rennes # Informatique

Biméo : dresser un plan 3D à partir d'un simple smartphone

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L’appli AR2build, signée par le rennais Biméo permet de dresser un plan 3D précis, au standard BIM, à l’aide d’un simple smartphone. Elle s'adresse à tous les professionnels du bâtiment.

— Photo : Pierre Gicquel

Après avoir fait carrière dans l’industrie automobile, Éric Lerognon a ouvert Fluditec en 2010, un bureau d’études à Ploërmel (56). Il a alors observé un fossé numérique entre son ancien métier et le nouveau : « Nous avions du retard dans le secteur du bâtiment, sur les processus de qualité, de coût et de délais. Le BIM est alors apparu. C’est un fichier normé de modélisation 3D qui intègre les données techniques, telles que le type de matériau, sa qualité, sa date de livraison et de pose, etc. »

Le boom du BIM ?

Il n’y a, à ce jour, que très peu de chantiers « en BIM » en Bretagne. « Une trentaine, d’après Nicolas Lebon, secrétaire général de la FFB Bretagne. Mais sur des chantiers « totems » comme celui de la gare de Rennes ou le lycée Saint-Yves à Gourin, où de nombreuses entreprises sont amenées à le découvrir ». Éric Lerognon est convaincu qu’il s’agit de l’avenir : « C’est un fichier enrichi par les intervenants de la conception d’un bâtiment jusqu’à sa livraison. Une sorte de carnet de santé d’un projet. Il permet d’améliorer le flux d’information et les performances. On élimine des inconnues dans l’équation, on gagne du temps et donc de l’argent ».

Une plateforme collaborative

Équipé en BIM depuis 2014, il décide de s’y investir à fond en 2016, en créant la start-up Biméo avec 400 000 € de fonds propres. Deux ans de développement plus tard, avec 3 développeurs, il ouvre une plateforme web collaborative. « L’inscription et les outils sont gratuits, et le premier stockage aussi. Notre modèle s’appuie sur un paiement de 29 € à 200 € par mois selon la quantité de données stockées », indique le dirigeant, dont les premiers clients sont surtout des cabinets d’architectes. « Nous comptons 150 inscrits à ce jour et notre cible est de 3 000 inscrits. Un score raisonnable comparé aux 500 000 entreprises du bâtiment en France ! »

« Nous comblons un vide technologique entre le papier et le nuage de points au laser »

Une appli BtoB

Pour s’adresser à la partie rénovation, Biméo a ensuite développé AR2build, en partenariat avec AM Valor, laboratoire de réalité augmentée des Arts et Métiers de Laval. « Nous nous adressons aux bureaux d’études qui ne vont pas investir 40 000 € dans des outils très pointus de mesure. Nous comblons un vide technologique entre le papier et le nuage de points au laser. » Après quelques heures de formation, il suffit de scanner via l’appareil photo du smartphone, un mur, puis un autre, pour dresser un premier volume. Ou encore de mesurer la diagonale d’une fenêtre. « Avec une marge d’erreur de 1 centimètre pour 1 mètre. »

Une levée de fonds en 2019

Biméo n’est évidemment pas seule à parier sur cette innovation. Cinq start-up en France ont ouvert une plateforme. « Mais ils visent les grands comptes, avec des tarifs élevés, de 2 000 à 30 000 €. Alors que nous sommes positionnés sur un marché de masse. » Les grands groupes sont eux aussi sur les starting blocks. Éric Lerognon avoue être courtisé. Mais après avoir reçu une aide au développement de Bpifrance, de la Région Bretagne et du Poool, il pense d’abord opérer une première levée de fonds entre 500 000€ et 1 M€ en 2019. De quoi installer une cellule commerciale dans chaque région et enrichir son appli. Cela s’accompagnera d’embauches, pour passer à 9 salariés en 2019, puis 15 en 2020. « Nous visons un chiffre d’affaires de 400 000 € dès 2019, puis 1 M€ en 2020, sachant qu’avec 3 000 clients, nous pouvons espérer 2 M€ de chiffre d’affaires… »

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