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Bessec passe à la sixième génération de chausseurs de famille
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Bessec passe à la sixième génération de chausseurs de famille

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Une page se tourne chez Bessec, mais la saga familiale de ce "chausseur de famille" né en 1862 se poursuit. Philippe Bessec, qui dirigeait l’entreprise malouine depuis 1975 a cédé la gestion opérationnelle à sa fille Fanny. Elle imprime déjà sa patte, son style et ses ambitions, qu’elle veut savant mélange entre histoire et modernité.

Fanny Bessec et son père Philippe Bessec, sixième et cinquième générations du nom de ces "chausseurs de famille" — Photo : Bessec

Chez les Bessec, on n’a pas les deux pieds dans le même sabot ! Preuve en est la longévité et la croissance continue de l’entreprise, fondée il y a tout juste 160 ans par Pierre Bessec. Si l’entreprise familiale, toujours restée 100 % indépendante, est arrivée jusqu’en 2022, c’est qu’elle a su traverser bien des tempêtes. Et il y en a eu plus d’une. Deux guerres mondiales, la destruction de Saint-Malo et une pandémie de Covid notamment. Malgré les crises, Bessec s’est adapté, et a continué de se développer. Aujourd’hui, les Chaussures Bessec, ce sont 29 magasins : 20 sous l’enseigne Bessec, 5 sous l’enseigne Chausser, 2 FiiT by Bessec (spécialisés dans la vente de sneakers), 2 magasins Mephisto (pour la marque Mephisto) et deux sites de vente en ligne (bessec-chaussures.com et chausser-store.fr).

Détenant tous ses magasins en propre, Bessec maille aujourd’hui l’ensemble de la Bretagne (lire par ailleurs) et a même mis les pieds en Normandie, au Havre, en 2020. Le développement s’est d’ailleurs fortement accéléré ces quatre dernières années. "Nous avons ouvert un magasin par an, résume Fanny Bessec, directrice générale des Chaussures Bessec : un sneaker shop (FiiT by Bessec) à Saint-Malo en 2018, un cinquième Bessec autour de Rennes (Cesson-Sévigné) en 2019, une reprise au Havre en 2020, et une reprise d’un deuxième Mephisto à Lorient cette année." Avant d’en ouvrir d’autres, l’entreprise veut "digérer" ces nouveaux points de vente, d’après l’expression de Fanny Bessec, qui vient de prendre les rênes de l’entreprise familiale.

Un capital toujours 100 % familial

Sixième génération du nom, elle succède à son père Philippe Bessec, qui la dirigeait depuis 1975. C’est sous son impulsion que Bessec a essaimé sur toute la Bretagne. "Donner une dimension régionale à l’entreprise, c’était mon plan. Nous avons été aidés par le développement des voies express qui ont été voulues par nos hommes politiques", souligne le dirigeant. Encore un peu là "en support", l’homme reste au capital de l’entreprise, aux côtés de sa femme Françoise et de ses trois enfants, Fanny Bessec désormais majoritaire, Nicolas Bessec et Marion Lemarchand. "La transmission s’est faite naturellement, poursuit Philippe Bessec. Fanny a pris progressivement sa place dans l’entreprise et je me suis peu à peu écarté du quotidien. Ce n’est pas toujours simple de reprendre une entreprise familiale, c’est très courageux de sa part."

Fanny Bessec, diplômée de l’École supérieure des sciences commerciales d’Angers, travaille dans l’entreprise familiale depuis dix-sept ans. Elle en connaît non seulement les rouages, mais aussi les 130 collaborateurs (dont 25 au siège), avec qui elle entretient, comme son père, une grande proximité.

Nouveau cap dans la continuité

Pour perpétrer l’aventure familiale, Fanny Bessec a défini sa propre stratégie. Un nouveau cap qu’elle inscrit dans la continuité du passé, en voulant "faire perdurer les valeurs qui ont toujours été celles de l’entreprise, c’est-à-dire adaptabilité, respect, confiance, honnêteté et intégrité, indique la nouvelle directrice générale. Nous continuons à être des assembleurs de collections." Fanny Bessec insiste en effet sur la nécessité de rester maître de ses collections, dans un contexte particulièrement chahuté par les pénuries de matières premières et de main-d’œuvre, mais aussi les difficultés logistiques. "Nous continuons de visiter les usines et de rencontrer nos fournisseurs tous les six mois pour sélectionner nos produits, explique-t-elle. Nous devons nous assurer de la qualité des produits au niveau des peausseries et du chaussant, de la manière dont ils sont fabriqués. Nous testons toutes les chaussures. C’est l’expérience du passé qui fait notre expertise." Reste que le distributeur doit faire face, comme tous, à l’inflation, véritable problématique. "Nous devons répercuter les hausses, mais en faisant attention car certains seuils psychologiques sont très importants pour le client", souligne la dirigeante, dont les magasins se positionnent en moyen/haut de gamme et référencent au total plus de 150 marques pour femme, homme et enfant.

L’autre préoccupation de Fanny Bessec, également liée à la conjoncture, est de pouvoir continuer de recruter. "Notre philosophie est basée sur une gestion à long terme. Notre trésorerie reste dans l’entreprise dans le but de la pérenniser. Pour cela, nous essayons de fidéliser nos collaborateurs et travaillons dans la proximité humaine, sur un socle de confiance. Nous recrutons en permanence, des vendeurs, responsables de magasins, que nous prenons beaucoup de temps à former, à nos savoir-faire mais aussi aux bonnes postures. Nos compétences de chausseurs de famille s’acquièrent avec l’expérience, alors pour avoir de bons professionnels, nous essayons de les garder !"

Consolider et développer

C’est comme cela que Bessec veut continuer de se développer. Pour consolider son assise en Bretagne, et optimiser son fonctionnement, l’entreprise investit également dans un nouveau système informatique. Un chantier qui va prendre un an et demi, mais vise à rendre encore plus fluide et efficace la relation avec le client. "Nous aurons un ERP plus adapté et un outil OMS pour optimiser l’omnicanalité, afin de répondre aux nouveaux enjeux du commerce unifié", détaille Fanny Bessec. C’est ainsi l’ensemble du fonctionnement de l’entreprise qui sera revu pour être opérationnel d’ici à novembre 2023. Le distributeur de chaussures est donc bien loin du classique revendeur. Il faut d’ailleurs souligner que Bessec fut la première entreprise du marché à informatiser ses stocks, dès 1982 !

Une campagne d’image

Savoir travailler et progresser avec les outils de son temps, c’est sans doute l’un des autres atouts qui ont fait le succès de Bessec. Et l’entreprise ne compte pas s’arrêter là. Reconnue par ses pairs, elle entend "avoir une voix dans le métier et être respecté", indique Fanny Bessec. À l’occasion de ses 160 ans, l’entreprise, habituellement discrète, lance par ailleurs une campagne d’image. La dernière remontait à 2012… Les Bretons verront ainsi, entre septembre et novembre, de grandes affiches publicitaires mêlant tableaux de portraits du XIXe siècle et chaussures de 2022 selon un montage imaginé par un duo de créatifs rennais. "Après deux années de "commerce non essentiel", on se relève, et on a envie de dire qui on est", justifie Fanny Bessec. Son entreprise a en effet souffert de ces temps de fermeture imposé durant la pandémie. Si la dirigeante garde son chiffre d’affaires secret, elle confie toutefois que ce qui a été perdu en termes de ventes a été presque rattrapé par l’augmentation du nombre de magasins. Par cette croissance maîtrisée, elle veut "garder la main pour assurer l’avenir", conclut-elle.

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