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Bénéficiaire du plan de relance, le maroquinier du luxe Texier prêt à accélérer
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Bénéficiaire du plan de relance, le maroquinier du luxe Texier prêt à accélérer

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Sous la conduite du groupe Renaissance, Texier (devenu Les Ateliers de Vitré) retrouve de l'ambition. L'usine bretonne de travail du cuir va être transformée, grâce notamment à une subvention de l’État dans le cadre du plan de relance. Sous-traitante pour l'industrie du luxe, la PME peut aussi compter sur le succès des bijoux en cuir Les Georgettes pour s’offrir un avenir doré.

L’usine Texier, devenue Les Ateliers de Vitré, réenclenche une dynamique sous l’impulsion de son propriétaire, Renaissance Industries — Photo : Baptiste Coupin

Sur près de 250 dossiers déposés en Bretagne, pour 10 projets retenus, elle est la seule entreprise d’Ille-et-Vilaine lauréate. Les Ateliers de Vitré, ex-Texier, filiale du groupe parisien Renaissance Industries, font partie des entreprises bénéficiaires du fonds d’accélération des investissements industriels dans les territoires. Un dispositif qui s’inscrit dans le cadre du plan France Relance pour lequel l’État mobilise 400 millions d’euros, d’ici 2022, pour financer les projets industriels les plus structurants et à fort impact territorial.

Une aide de 750 000 euros

En tant que lauréat, cette PME de 115 salariés (CA inconnu, évalué à 8 millions d’euros en 2019 par Le Télégramme) va bénéficier d’une subvention de 750 000 euros sur un projet d’investissement de plus de 1,3 million d’euros.

Philippe Ohanessian, directeur général des Ateliers de Vitré — Photo : Baptiste Coupin

" C’est une somme extrêmement importante par rapport à la taille de nos ateliers et ça fait une vraie différence ", réagit Philippe Ohanessian, directeur général des Ateliers de Vitré et directeur associé du groupe Renaissance, à la barre de l’entreprise bretonne depuis le printemps 2017.

Depuis 1951, la maison Texier fabrique des sacs à main, fait cuir, et autres accessoires de maroquinerie (sacoches, portefeuilles…). Reconnu pour son savoir-faire et sa qualité de fabrication, qui lui valent d’être labellisé " Entreprise du patrimoine vivant ", le maroquinier incarne un certain luxe à la française. À ses plus belles heures, 400 employés travaillaient pour l’entreprise. En difficulté ces dernières années en raison de la concurrence des pays à bas coûts, la marque et ses actifs ont été repris en 2015, au terme d’une période de redressement judiciaire qui s’est soldée par le départ d’une cinquantaine de salariés. Depuis lors, Renaissance, le repreneur, a opéré un virage stratégique pour réorienter l’usine comme sous-traitante dans l’industrie du luxe. De grandes marques, présentes à l’international, font partie de ses clients. Mais le DG n’en dira pas plus.

Transformation du site

Pour développer son activité, le site industriel va être transformé. " Ça va se déployer dans les deux années qui viennent, explique Philippe Ohanessian. Il s’agit d’une modernisation de l’équipement industriel, de travaux dans la rénovation du site, et de travaux sur les systèmes d’information informatique. Notre objectif est d’adopter les standards les plus évolués dans le monde de la maroquinerie. " Pour développer ses capacités de production - visant à atteindre une taille critique pour sa rentabilité -, la transformation du parc machines est au cœur du projet. L’entreprise vitréenne prévoit l’acquisition de nouvelles machines comme une table de coupe numérique, des bancs de coloration, des automates de piqûre ou des sertisseuses (machines permettant l’assemblage de pièces). Mais pas question de se passer du travail manuel. " La découpe des matières passe aussi par le savoir-faire du coupeur, insiste Philippe Ohanessian. C’est lui qui va savoir positionner intelligemment les morceaux sur la peau, de façon à minimiser les pertes. Il y a aussi des opérations très manuelles sur le pli des cuirs, le collage… "

" Au cœur du dispositif du plan de relance "

Venue visiter Les Ateliers de Vitré, le 22 janvier dernier, la secrétaire d’État Olivia Grégoire, a salué le travail de cette PME, capable de faire pivoter son modèle économique et d’innover pour se réinventer, malgré la crise : " On est ici au cœur du dispositif du plan de relance, qui est de sauver et enrichir les savoir-faire historiques de notre industrie et de notre artisanat. Texier a une histoire, un savoir-faire, une tradition. C’est normal et légitime que l’entreprise bénéficie de l’aide de l’État pour repartir de l’avant ".

Visite ministérielle de la secrétaire d’Etat Olivia Grégoire dans Les Ateliers de Vitré, le 22 janvier 2021 — Photo : Baptiste Coupin

La ministre, en charge de l’Économie sociale, solidaire et responsable, fait partie de l’équipe resserrée du ministre de l’Économie Bruno Le Maire. À ce titre, elle veille à ce que les entreprises en régions puissent bien se saisir des dispositifs mis en place par le gouvernement. Interrogé par la ministre sur le délai d’instruction de son dossier de subvention, Philippe Ohanessian l’a rassurée : " en deux mois, nous avons obtenu l’aval des différents interlocuteurs ". À savoir la Région, Bpifrance et la préfecture d’Ille-et-Vilaine, tous trois parties prenantes.

Un objectif de 150 salariés

Avec son projet de transformation industrielle, Les Ateliers de Vitré prévoient de passer, " dans les années à venir ", à un effectif de 150 salariés. Pour son recrutement, la PME pourra se tourner facilement vers la vingtaine d’apprenants qu’elle forme à même ses ateliers depuis cet été.

"On est ici au cœur du dispositif du plan de relance, qui est de sauver et enrichir les savoir-faire historiques de notre industrie et de notre artisanat."

Ardente défenseuse des entreprises de son territoire, la maire de Vitré, Isabelle Le Callennec se félicite de cette "rennaissance", témoignant de la place toute particulière que la PME occupe au sein de la ville : " Tout le monde connaît quelqu’un qui travaille ou qui a travaillé chez Texier. C’est une entreprise qui est située au cœur de la ville. Elle a dû se battre sur un marché international extrêmement concurrentiel. Il y a eu des hauts et des bas. Des salariés qui ont 25 ou 30 ans de maison ont vu des collègues au chômage. Rebondir, mais au chômage. Et là, on nous annonce des recrutements. Il y a des perspectives, et par les temps qui courent c’est extrêmement valorisant… "

Les Georgettes comme accélérateur

Spécialiste du retournement de PME françaises en difficulté, le groupe Renaissance, piloté par Eric Lefranc, semble donc bien parti pour refaire briller le " made in Vitré " derrière les grandes marques de luxe.

La bijouterie Les Georgettes de Rennes — Photo : Les Georgettes


Mais si l’heure est au rebond, la PME le doit aussi grâce à un produit maison : Les Georgettes. Les Georgettes by Altesse, de son vrai nom, sont le trésor de guerre de Renaissance. Derrière cette marque, on trouve des bijoux fantaisie très à la mode (manchettes, colliers, bagues…), vendus dans plusieurs centaines de bijouteries en France et quarante pays dans le monde. La partie métallique est fabriquée par la société GL Altesse, basée en Ardèche (une autre filiale de Renaissance). Mais les languettes de cuir réversibles, qui font toute l’originalité des bijoux, sortent, elles, des Ateliers de Vitré. 300 couleurs de cuir figurent au catalogue. Les Georgettes rencontrent un vrai succès commercial. La preuve, le groupe ouvre des boutiques en propre dans plusieurs endroits en France. Après Paris, Strasbourg, Lille et Rennes, un nouveau point de vente vient d’être inauguré à Dijon.

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