Depuis dix ans, Jean-Pierre Barre ne cesse d’innover. Et même si, il le dit lui-même, il « n’a pas inventé l’eau chaude ! », il a quand même inventé la machine qui permet de désherber à l’eau chaude ! Une sacrée avancée dans un contexte où les produits phytosanitaires, dont le glyphosate (herbicide), seront bientôt partout interdits. L’aventure a commencé en 2006, quand Jean-Pierre Barre doit cesser son activité de vente de produits phytosanitaires aux collectivités locales. La Bretagne est alors une région pionnière dans l’interdiction de ces produits et la règlementation sur les désherbants chimiques.
Au lieu de trouver un nouveau produit plus ou moins naturel à commercialiser, Jean-Pierre Barre invente une machine qui permettra de désherber à l’eau chaude. Expérimentée auprès de villes comme Rennes, Bruz, Le Rheu, elle se révèle efficace, et les collectivités sont prêtes à la louer. « Le principe est simple : à partir d’eau de récupération (eau de pluie), la machine projette des gouttelettes d’eau chaude, sans faire de bruit, car sans moteur thermique, avec une émission de CO2 faible, et gérée par un automate », détaille Jean-Pierre Barre.
Ventes multipliées par deux
Il crée Oeliatec en 2010 et dépose des brevets. « J’ai vendu quatre machines cette année-là. Aujourd’hui, nous en fabriquons une par jour », se réjouit le chef d’entreprise qui emploie aujourd’hui 30 salariés et va en recruter 10 en 2018. Et il peut se réjouir. Car son activité, aux « bons résultats » (sans en dévoiler davantage), a même multiplié son chiffre d’affaires par deux l’année dernière, atteignant à fin 2017 les 4 millions d’euros. L’année qui vient devrait d’ailleurs consolider cette progression, alors qu’Oeliatec peut se targuer de remporter 60 % des appels d’offres nationaux (collectivités, sociétés d’autoroutes, armée, hôpitaux…) ! Elle commence même à exporter, notamment vers l’Allemagne, où elle imagine déjà la création d’une filiale en 2019. « Nous travaillons aussi avec des importateurs dans des pays comme l’Angleterre, la Suisse, l’Espagne, le Portugal, les Pays-Bas », ajoute Jean-Pierre Barre, qui a une stratégie claire de développement vers l’Europe.
Nouvelle activité
Le développement d’Oeliatec se fera en attaquant de nouveaux marchés. Grâce à son bureau d’études intégré (quatre ingénieurs) l’entreprise a mis au point une gamme de six machines différentes. La dernière en date va faire office de fer de lance d’une nouvelle activité à destination des professionnels de l’horticulture, en plus des collectivités locales. Oeliatec vient en effet de lancer un véhicule électrique dédié aux entretiens d’espaces verts. Cette machine multifonctions, baptisée Mollen Artiflex, propose un désherbage écologique aux collectivités mais aussi désormais aux professionnels des espaces verts. Le véhicule utilitaire 100 % fabriqué en Bretagne et assemblé à Saint-Jacques-de-la-Lande, peut en effet également être utilisé pour du lavage haute pression, transporter des outils, etc. Pour le fabriquer à plus grande échelle (30 sont déjà commandés), Oeliatec va agrandir son bâtiment de 2 000 m² (1 000 m² actuellement), moyennant un investissement de 2 millions d'euros.
