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Anemos a le vent en poupe
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Anemos a le vent en poupe

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Derrière sa PME étendard Chrono Propre, le groupe rennais Anemos a lancé des solutions innovantes de traitement et d'hygiène de l’air qui évitent la prolifération de microbes dans les espaces clos. Un choix gagnant : les secteurs de l’industrie et des services se précipitent sur ces appareils.

Les gérants d'Anemos (à l'image, Franck Belan, à gauche, et Sébastien Bocquet) développent des solutions autour de l'hygiène de l'air. Après les secteurs de l'industrie et des services, les voilà prêts à conquérir le milieu agricole — Photo : © Anemos

Un vent nouveau souffle sur le groupe rennais Anemos (250 salariés, 8 M€ de CA en 2019). Derrière une entreprise de services bien portante - Chrono Propre (190 salariés), société de propreté et d’hygiène créée en 2006 et déployée à Rennes, Nantes et Redon, commence à émerger un business prometteur, fait de technologies innovantes, écologiques et performantes. Des solutions de contrôle de l'humidité dans l’air de New’R et de Bio’R, les dernières nées du groupe, créées respectivement en janvier 2018 et début 2020.

Trois frères à la manœuvre

Les frères Bocquet, Sébastien, Florent et Romain (dans l’ordre des naissances), auraient pourtant pu s’arrêter au succès de Chrono Propre. Comme leur père Philippe Bocquet avant eux, fondateur de l'entreprise de nettoyage Net Plus (vendue en 2008 à ses associés), les trois frères ont monté en 2006 leur propre entreprise sur le même secteur. Quitte à faire un peu d’ombre à l’ex-société paternelle où ils ont appris le métier lorsqu’ils étaient étudiants. Partis de rien mais la tête remplie de convictions, les trois frères savent ce qu’ils veulent. Et pour eux, travailler ensemble était une évidence. « Lorsque Sébastien et Florent ont commencé à monter Chrono Propre, j’étais en BTS, explique Romain Bocquet, le benjamin, en charge de la partie communication et marketing du groupe. Je n’ai pas voulu manquer le wagon et je les ai rejoints en quelques mois. » Sébastien Bocquet, l’ainé de la fratrie et l’œil financier du groupe renchérit : « Ce métier-là, on le connaissait sur le bout des doigts. C’était logique de le faire ensemble, avec un projet qui nous ressemble. On a tous baigné très tôt dans le monde de l’entreprise. C’est une force. Nous avons appris à aller de l’avant, à être positifs ».

Une société de nettoyage à succès

Tourné vers la Bretagne, Chrono Propre s’est taillé une solide réputation sur le service et le savoir-faire. La PME se distingue par une approche personnalisée pour chaque client, mais également par un management novateur, fondé sur la motivation des collaborateurs. Le client doit être satisfait, tout comme l’agent d’entretien, de son travail. Ainsi, Chrono Propre fidélise les deux parties. Ce modèle a fait ses preuves. Chrono Propre compte quelque 400 entreprises clientes dans les secteurs du tertiaire, de l’industrie ou de la santé. Sa spécialité : les grands plateaux en centre-ville. Chrono Propre y intervient pour le nettoyage des locaux toute l’année et/ou dans la réalisation de travaux exceptionnels (vitrerie, nettoyage de bardage, enlèvement de gravats, shampouinage des moquettes…).

Photo : © Baptiste Coupin

« Nous, ce qu’on aime faire, c’est du haut de gamme et du qualitatif. Si un client cherche du prix, on ne sera pas là pour ça », prévient tout de go Romain Bocquet. Appréciée sur cette exigence au travail, la PME croît année après année sur un rythme soutenu. Elle a réalisé en 2019 un chiffre d’affaires de 3,5 millions d’euros en croissance de 25 % sur un an. Seul le coronavirus aura réussi à la freiner un peu cette année. Mais c’est pour mieux repartir avec des contrats de désinfection sur mesure et des interventions nombreuses sur les bases vie de chantiers.

Une rencontre fructueuse

Avec cette belle affaire de famille, rentable (autour de 5 à 6 points de rentabilité annuels), qu’est-ce qui a engagé la fratrie à partir sur une nouvelle voie ? C’est une rencontre qui a favorisé cela. Celle qu’a faite Sébastien Bocquet avec Franck Belan, alors gérant de l’entreprise rennaise Armor Air Services, créée en 2006. C’était en 2017. « Nous nous sommes rencontrés par hasard, raconte Sébastien Bocquet. Nous travaillions dans le secteur de l’air, dans l’hygiène, et lui sur l’hygrométrie (quantité d’eau présente dans l’air). Il nous dit qu’il y a un potentiel énorme sur les métiers de l’air pour lancer des solutions intelligentes et responsables. Nous avons alors vu que, techniquement, il pouvait concevoir des machines dans d’autres milieux que l’industrie, et que nous, nous pourrions appuyer cela financièrement. » Les deux patrons se tapent dans la main. Franck Belan vend ses parts à son ex-associé et vogue la nouvelle aventure… New’R est lancée, et avec elle, la constitution du holding Anemos, en 2018 (Anemos fait référence au Dieu du vent dans la mythologie).

Un groupe ambitieux

« Sans limitation géographique ni de secteur, Anemos cherche avant tout des projets solides, ambitieux, à fort potentiel, tout en s’entourant d’acteurs reconnus sur son marché, ayant la capacité de se projeter, d’innover mais aussi d’agir vite ». Le ton est donné sur le portail du groupe. Anemos veut aller vite et le démontre. Avec New’R, Anemos est à la pointe des technologies dans le milieu industriel. Que ce soit sur le refroidissement adiabatique (sans transfert thermique, NDLR) ou le traitement de l’humidité via la déshydratation. Ses équipements, qu’elle achète auprès de l’espagnol Fisair et dont elle a l’exclusivité sur plusieurs pays en Europe et au Maghreb, permettent de maîtriser l’hygrométrie d’un environnement industriel afin de garantir la continuité des opérations de production et d’éviter la prolifération de bactéries. De nombreux clients lui font confiance. Une majorité dans l’industrie agroalimentaire, à l’instar de Doux, Lu, Bridor (groupe Le Duff) ou Jean Floc’h. Sinon dans les secteurs du naval (Chantiers de l’Atlantique) ou du nucléaire (Areva). La PME décolle. Elle devrait atteindre 4 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2020, et vise les 6 millions d’euros en 2021.

Non content de cette réussite, Anemos a lancé Bio’R, début 2020. Sur la même logique de renouveler l’air, pour plus de confort et de sécurité, la filiale déploie ses solutions dans le milieu du retail, des salles de sport ou des piscines. Le groupe fait fabriquer ses bio-climatiseurs à Nantes et s’appuie sur un réseau d’installateurs externalisé. Le coronavirus aidant, le business démarre en trombe. La PME prévoit de livrer 200 unités en 2020 et vise 2 millions d’euros de chiffre d’affaires à la fin de son premier exercice. « On est dans un monde qui va se réinventer. Nous proposons une solution green rentable. Il y a un alignement des planètes qui est parfait », explique François Duterte, directeur général et associé de Bio’R. Les entreprises locales sont les premières clientes de Bio’R : le groupe de BTP rennais Legendre, l’Aquatonic de Saint-Grégoire, le Domaine des Ormes…

Prochaine étape, le secteur agricole

Industrie. Services. Le compte est bon ? Pas vraiment. Anemos veut battre le fer tant qu’il est chaud et prévoit maintenant de conquérir le secteur agricole. « Il y a un gros problème d’humidité dans l’air dans les élevages. On peut répondre à ces problématiques avec nos appareils et améliorer la santé animale et la productivité au bout », affirme Romain Bocquet. Des contacts ont été pris avec des partenaires et une nouvelle société va émerger à la rentrée pour défricher ce nouveau secteur. Le groupe Anemos donne déjà rendez-vous au SPACE 2021 (Salon de l’élevage de Rennes) pour la présentation de solutions innovantes et entend bien gagner quelques prix. Sébastien Bocquet l’assure : « On a une autoroute devant nous… » Les frères Bocquet et leur associé n’ont pas fini de faire parler d’eux.

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