Rennes
Aéroport de Rennes : ce qu'en attendent les chefs d’entreprise
Enquête Rennes # Transport # Investissement

Aéroport de Rennes : ce qu'en attendent les chefs d’entreprise

S'abonner

Avec un niveau de trafic record en 2018 et une projection vers le million de passagers, l’aéroport de Rennes Saint-Jacques connaît une véritable dynamique. Les chefs d’entreprise peuvent compter sur un nombre de lignes toujours plus dense. Mais certains manques restent à combler, comme l'accessibilité ou les services au sein de l'aérogare.

L'aéroport de Rennes a lancé les travaux de son agrandissement. Le cap du million de passagers sera probablement atteint en 2020 — Photo : © Virginie Monvoisin

Les travaux d’aménagement de nouveaux parkings ont commencé à côté de l’aérogare de Rennes. 450 places supplémentaires qui viendront s’ajouter, à la fin de l’été, aux 900 places de stationnement actuelles. Il était temps ! Les parkings étaient saturés. « Il m’arrive régulièrement de me faire des frayeurs, le matin, au départ, car je tourne quelques minutes avant de pouvoir me garer », commente Philippe Le Gall, PDG du groupe Le Gall Valorisation, à Saint-Brieuc. Le dirigeant de cette PME spécialisée dans le recyclage des matériaux utilise volontiers la piste d'envol rennaise, point de départ pour rejoindre ses filiales de Biarritz ou de Varsovie, via les hubs de Lyon, Paris ou Amsterdam.

7 hectares de terrains bientôt disponibles

L’accessibilité était l’un des points noirs de la plateforme de Saint-Jacques-de-la-Lande. « Le dépose-minute est une catastrophe », pointe Christian Tacquard, président du groupe agroalimentaire rennais Galapagos, qui souhaite que les infrastructures suivent le développement de l’aéroport. L'homme d'affaires devrait bientôt être entendu. Un plan ambitieux a été enclenché avec la signature du pacte d’accessibilité entre la Région Bretagne et l’État, le 8 février.

La Région est propriétaire de l'infrastructure, qu’exploitent conjointement la CCI Ille-et-Vilaine et Vinci, via une joint-venture. Grâce au pacte, elle va récupérer, d’ici à 2021, jusqu'à 7 hectares de terrains jouxtant le tarmac, sur l’ancienne zone militaire. De quoi permettre à la plateforme de changer de dimension et de répondre aux attentes du monde économique, qui avait largement soutenu le projet d'aéroport international à Notre-Dame-des-Landes, finalement abandonné début 2018.

60 M€ d’investissements pour l'aéroport

L'objectif est fixé pour 2035, avec d'ici là des investissements de l’ordre de 60 M€ de la part de la Région, pour donner à Rennes un aéroport en phase avec la croissance de la métropole. L’aménagement de nouveaux parkings est une première réponse. La ligne de bus C6, qui vient d’être prolongée jusqu’à l’aéroport, va également faciliter les liaisons vers le centre-ville. Un bon point pour Bertrand Larcher, dirigeant des restaurants Breizh Café, installé à Saint-Malo. « Aujourd’hui, quand je vais à l’aéroport, je dois prendre mon véhicule », déplore-t-il. Lui préconise un système de navettes avec la gare pour rendre plus faciles les déplacements.

Parmi les autres améliorations à venir, l’aérogare devrait être modernisé et agrandit, avec l’ambition d’offrir plus de services et des commerces. Un restaurant avait vu le jour, géré par les propriétaires de LeCoq Gadby, qui a fermé prématurément. « Il sera remplacé cet été », assure Gilles Tellier, directeur de l'aéroport de Rennes. Ce pilote de formation et ses équipes vont aussi et surtout s’attacher à améliorer l’offre de dessertes actuelle, et convaincre les opérateurs de renforcer ou d’ouvrir de nouvelles lignes. Ils peuvent d'ailleurs s’appuyer sur des chiffres de fréquentation records. Avec 856 791 passagers transportés (+18,3 %), l’aéroport de Rennes a dépassé, en 2018, son record historique annuel. En un an, la plateforme a fait voyager plus de 130 000 personnes supplémentaires. C’est le plus haut niveau de trafic jamais enregistré dans l’histoire de l’aéroport, qui progresse de plus de 10 % depuis 2010, soit trois fois plus vite que la moyenne des aéroports en France. Le cap du million de passagers devrait être atteint en 2020.

Globalement, les patrons y trouvent déjà leur compte. « L’aéroport de Rennes, c’est génial pour nous, explique Vincent Bardon, PDG du groupe immobilier Bardon. Je vais souvent à Lyon, régulièrement à Toulouse et parfois à Nice, par exemple. Un Rennes-Lille serait bien, cela nous permettrait d’aller plus facilement voir l’un de nos clients historiques, Leroy Merlin. » Christian Tacquard abonde : « L’aéroport de Rennes nous permet de rejoindre les grandes villes comme Bordeaux, Marseille, Toulouse ou Lyon. Nous les utilisons beaucoup. Mais d’autres lignes devraient se développer, c’est une nécessité. » Avec l’arrivée d’Easyjet en 2018, la plateforme compte 10 compagnies aériennes et une trentaine de liaisons directes, dont 14 pour les villes internationales. « Nous cherchons de la croissance. Notre challenge est avant tout européen », appuie Gilles Tellier.

L'essor des vols privés

Mais les destinations proposées ne suffisent pas toujours aux chefs d'entreprise désireux de développer leur business en dehors de la Bretagne. Certains d'entre eux (Legendre, Le Duff, Kreizig…) ont pris les choses en main pour répondre à leurs propres besoins. Ils ont acheté deux petits avions d'affaires, il y a cinq ans, pour s'ouvrir d'autres destinations business. Et ils en font profiter d'autres PME ou ETI bretonnes.

Frédéric Caussarieu, dirigeant de la compagnie d'aviation d'affaires rennaise Voldirect — Photo : © Virginie Monvoisin

C'est la jeune compagnie d'aviation d'affaires rennaise VolDirect (1,5 M€ de CA) qui est chargée d'exploiter ces deux engins, proposant plus de 1 000 destinations. « 80 % de nos vols ne sont pas proposés par les compagnies classiques, témoigne Frédéric Caussarieu, président de VolDirect et pilote. Mais nous pouvons aussi rejoindre, comme Easyjet ou Hop, les villes de Lyon et Paris, dont les vols sont souvent saturés et les horaires pas forcément pratiques. »

VolDirect propose en effet des déplacements à la carte, permettant de réaliser un aller-retour sur la journée partout jusqu’à 3 heures de vol. Le coût ? « Un aller-retour Rennes-Valence revient à environ 1 000 € par passager (jusqu’à 8 par avion) », précise Frédéric Caussarieu. Plus cher que des billets classiques, mais un gain de temps certain pour l'homme d'affaires pressé. Selon le pilote, les chefs d'entreprise voient aussi dans ce type de vol privé la possibilité de « valoriser l'image de leur entreprise de manière conviviale, en emmenant leurs collaborateurs, clients ou fournisseurs, sur le lieu de leurs projets ou réalisations ».

Missing élément de contenu.
Rennes # Transport # Investissement