Ternoveo veut convertir les Hauts-de-France à la viticulture
# Culture # Création d'entreprise

Ternoveo veut convertir les Hauts-de-France à la viticulture

S'abonner

Ternoveo, filiale de la coopérative agricole Advitam, annonce la création d'une filière de viticulture dans les Hauts-de-France, avec la plantation des premiers pieds de vignes dans les prochaines semaines. L'objectif est de produire 1 million de bouteilles de vin d'ici cinq ans.

— Photo : Pépinières Guillaume-Charles Collet

Changement climatique oblige, la vigne prospère à des latitudes de plus en plus élevées, de la Champagne à l’Angleterre en passant par la Belgique. Et pourquoi pas dans les Hauts-de-France ? Défi relevé pour le négoce agricole Ternoveo (220 salariés, 350 M€ de CA à juin 2019), basé à Saint-Quentin dans l'Aisne et filiale de la coopérative Advitam, qui n’ambitionne rien moins que de créer une nouvelle filière, viticole et vinicole, dans la région.

Un million de bouteilles par an

Vaste programme, quand on sait que pour le moment les rares ceps cultivés dans la région sont ceux qui poussent, à titre quasi expérimental, sur le terril d’Haillicourt, dans le Pas-de-Calais. Mais pas question d’expérimentation ou de test dans le projet de Ternoveo, qui a déjà une feuille de route toute tracée pour un double objectif : mettre en place une nouvelle culture rentable pour les agriculteurs, et être en capacité, d’ici cinq ans, de produire un million de bouteilles de vin - et du bon.

Une gageure pour la coopérative nordiste, plutôt spécialisée dans le blé, la betterave et la pomme de terre et chez qui, de l’aveu même de son directeur général Xavier Harlé, « on n’y connaît pas grand-chose en viticulture ». Mais Ternoveo a bien travaillé son sujet depuis plus d’un an, et s’est entourée d’experts pour identifier les agriculteurs partenaires et affiner sa stratégie.

« Nous avons eu de nombreuses candidatures de la part d’agriculteurs de la région, mais le critère déterminant, c’est l’analyse de sol. Nous avons testé de nombreuses parcelles, et retenues les quelques-unes qui présentent les caractéristiques recherchées, à savoir des terres pas trop riches, caillouteuses, sans limon profond. Dès la semaine prochaine, nous allons débuter avec notre partenaire pépiniériste la plantation de pieds de vigne sur 16 hectares dans le Nord, la Somme et l’Aisne. Ces premiers pieds pourront être vendangés en 2022, pour une commercialisation d’un vin blanc 100 % Hauts de France en 2023, » annonce Xavier Harlé, qui veut un vin produit et consommé localement.

1 million d’euros investis sur cinq ans

Côté investissements, il faut compter, de la part des agriculteurs, entre 25 000 et 30 000 euros par hectare planté. En parallèle, Ternoveo va investir un million d’euros sur cinq ans, notamment dans du matériel de vendange en leasing et pour la création d’un chai régional, dans des locaux déjà existants, à Dompierre-sur-Helpe (Nord). Là, des experts œnologues réaliseront les assemblages à partir des raisins de cépage Chardonnay récoltés chez les néo-viticulteurs.

« Nous sommes dans une démarche qualitative. Nous allons former les agriculteurs pour les transformer en viticulteurs, et surtout bien leur faire comprendre que nous ne leur rachèterons pas n’importe quelle qualité de raisin. Nous privilégions la qualité sur la quantité, et c’est pour cela que nous voulons avancer progressivement. Il faut que les agriculteurs se rendent compte aussi que, certes, la viticulture est une belle opportunité de diversification qui peut être rentable, mais c’est aussi chronophage. Il faut compter 200 heures de travail pour un hectare de vigne, nos partenaires doivent bien en prendre la mesure avant de se lancer sur de grandes surfaces. »

D’ici cinq ans, la région devrait compter 200 hectares plantés en vignes, et une petite centaine de viticulteurs. Débutera alors la phase deux du plan de Ternoveo, qui verra sans doute une deuxième campagne de plantation de vignes, avec un élargissement de la gamme, peut-être à du vin rouge.

# Culture # Création d'entreprise