Pas-de-Calais
Sodiboissons limite la casse grâce aux aides de l'État
Pas-de-Calais # Distribution # Gestion

Sodiboissons limite la casse grâce aux aides de l'État

S'abonner

Dans le cadre de la crise du Covid-19, Sodiboissons a dû suspendre son activité de manière brutale. Ce distributeur indépendant de boissons, qui travaille à 98 % avec des cafés, bars et restaurants situés dans les Hauts-de-France, a perdu près de 10 millions d’euros de chiffre d’affaires entre mi-mars et début juin. Si les aides apportées par le gouvernement limitent la casse, le dirigeant, Laurent Pecqueur, appelle les banques et les assureurs à soutenir à leur tour l’ensemble de la filière.

Laurent Pecqueur, gérant de Sodiboissons, tablait sur une hausse de 10 à 15% de son chiffre d’affaires en 2020. Avec la crise du Covid-19, ce sera probablement 40% de moins — Photo : Sodiboissons

Dès l’annonce de la fermeture des cafés, bars et restaurants mi-mars, qui représentent 98 % de son activité, le distributeur indépendant de boissons Sodiboissons a été contraint de tout stopper. « Tous nos salariés ont été mis au chômage partiel », relate Laurent Pecqueur, le dirigeant de cette société basée à Leulinghem, près de Saint-Omer (Pas-de-Calais). Une situation qui a pris fin début juin, à son grand soulagement. Il faut dire que cette crise sanitaire a mis un coup de frein aussi brutal qu’inattendu à la croissance de la PME.

Des freins à la reprise

« Nous sommes contents que l’activité redémarre. D’autant qu’avec une région placée en zone rouge lors du déconfinement, nous ne nous attendions pas à ce que les bars et restaurants rouvrent si tôt. Pour autant, nous ne retrouverons pas le chiffre d’affaires de l’année dernière », souligne le dirigeant. En 2019, Sodiboissons réalisait un chiffre d’affaires de 38 millions d’euros et misait, pour 2020, sur une croissance à deux chiffres. « Nous tablions cette année sur une hausse de 10 à 15 % du chiffre d’affaires. Finalement, ce sera 35 voire 40 % de moins », prévoit Laurent Pecqueur.

Le distributeur reste dépendant de l’activité de ses 1 500 clients régionaux, qui redémarrent lentement. Si les municipalités ont fait des efforts pour que les terrasses soient étendues, rien n’est gagné. « L'activité des bars et restaurants reste dépendante de la météo, souligne le dirigeant. Un jour de soleil, les cafés dotés d’une terrasse vont réaliser 60 à 70 % de leur activité normale, mais ce sera seulement 20 % un jour de pluie. Quant aux autres établissements, avec les règles en vigueur, ils réalisent 15 à 20 % de leur chiffre d’affaires habituel. Avec le maintien du télétravail, il y a aussi moins de clients le midi, mais cela devrait évoluer avec la réouverture de toutes les crèches et écoles. » De son côté, Sodiboissons devrait perdre 40 % de chiffre d’affaires en juin 2020 par rapport à juin 2019, et 20 % en juillet/août.

Un besoin d’accompagnement

Pour passer la crise, la PME a eu recours au prêt garanti par l’État (PGE), mais pour un montant inférieur aux 25 % du chiffre d'affaires autorisés. « J’espère que nous n’aurons pas à aller jusque-là… », confie le dirigeant, qui se dit prêt à sauver l’ensemble de ses 102 emplois à condition d’être accompagné. Il a choisi de garder les cinq collaborateurs embauchés début mars et qui étaient donc en période d’essai lors de la mise en place du confinement. « Il s’agit de profils dont nous avons besoin dans l’entreprise. Je serai content d’avoir cette équipe à la reprise, explique-t-il. Nous avons été récemment inclus dans le plan tourisme et c’est une bonne nouvelle. Nous allons pouvoir profiter des mêmes mesures que nos clients, à savoir la prise en charge du chômage partiel à 100 % jusqu’en septembre, et le remboursement des charges sociales de février à mai. Grâce à ces mesures, la situation de l’entreprise est moins dramatique que prévu ».

Pour autant, la situation reste tendue pour la PME, comme pour l’ensemble de la filière. « Si le PGE soutient la trésorerie de l’entreprise, nous allons démarrer 2021 avec un endettement que nous n’aurions pas dû avoir », regrette le dirigeant. Après les mesures mises en place par le gouvernement, il espère que les banques joueront le jeu cet hiver : « Nos clients ont une activité saisonnière. Ils constituent leur trésorerie de mai à septembre. Dès octobre, ça diminue fortement et, pour passer cette période, ils ont besoin que les banques les accompagnent sur le découvert autorisé jusqu’en mars ». Le dirigeant attend également un geste de la part des assureurs : « J’ai le sentiment qu’ils ne font pas leur travail dans le contexte actuel. On ne leur demande pas de tout payer, mais d’avoir des gestes forts. Ce n’est pas au gouvernement de tout assumer sur le plan financier ».

Pas-de-Calais # Distribution # Gestion # Conjoncture