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Repris et capitalisé, le Peignage Dumortier renoue avec la croissance
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Repris et capitalisé, le Peignage Dumortier renoue avec la croissance

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En juin 2018, Cédric Auplat a repris la PME Peignage Dumortier, à Tourcoing (Nord), alors en plan de continuation. Il a levé 1 million d'euros pour rembourser les dettes et investir. L'entreprise, qui emploie 60 salariés, a depuis renoué avec la croissance et les bénéfices.

— Photo : Elodie Soury-Lavergne, le Journal des entreprises

Cédric Auplat a travaillé pendant douze ans en tant qu’ingénieur industriel avant de se lancer dans l’entrepreneuriat, avec un pari pour le moins osé. Il a jeté son dévolu sur une "vieille dame" de 122 ans : Peignage Dumortier, alors en redressement judiciaire lorsqu’il la reprend en juin 2018. Cette entreprise centenaire débarrasse les fibres naturelles ou synthétiques de toutes sortes d’impuretés, pour le compte de filateurs situés essentiellement hors de France. « Avec cette reprise, je veux prouver qu’il est possible d’avoir une industrie textile française innovante, tournée vers l’international et pérenne », clame le dirigeant.

Pour mener à bien ce projet, Cédric Auplat déploie une stratégie de reprise en deux temps. « Il s’agissait d’abord de rassurer l’écosystème autour de l’entreprise, avant d’identifier des axes de diversification », explique-t-il. Même si sa mise en œuvre est récente, la stratégie semble payante puisque la PME est à nouveau en croissance. En 2018, le peignage a réalisé un chiffre d'affaires de 4,5 M€, ce qui représente une croissance de 50 % par rapport à 2016, avec 60 collaborateurs.

Rassurer l’écosystème

Lors de la reprise, Cédric Auplat a dû monter un plan de financement en se passant des banques, car l’entreprise faisait l’objet d’un plan de continuation. Il s’est donc associé aux fonds régionaux Finorpa et Autonomie & Solidarité, pour lever de quoi racheter l’entreprise, régler ses dettes et commencer à investir. L’entrepreneur s’est également tourné vers la Métropole de Lille et la ville de Tourcoing, qui se sont mobilisées chacune à hauteur de 200 000 € dans ce dossier. Au total, le dirigeant a levé 1 M€ pour reprendre le Peignage. « Tous les créanciers ont été remboursés quatre ans avant la fin du plan de continuation. Je voulais que le Peignage redevienne une entreprise normale. Nous sommes à présent bénéficiaires et nous pouvons nous projeter vers l’avenir », se réjouit-il.

Une vague d’investissements

En 2019, Cédric Auplat lance les premiers investissements, à hauteur de 300 000 €, pour dynamiser l’entreprise. Il s’agit d’améliorer les conditions de travail dans les ateliers. Son attention est d’ailleurs tournée vers l’industrie 4.0 : le dirigeant veut automatiser davantage, afin de limiter les tâches pénibles. Il a également identifié deux axes de diversification, qui permettront à l’entreprise d’atteindre un chiffre d'affaires de 6 M€ dans les trois ans à venir.

Le premier consiste à traiter davantage la fibre naturelle : le peignage, né avec la laine, s’est ouvert dès 1960 aux fibres synthétiques, qui constituent aujourd’hui l’essentiel de l’activité. « Nous nous intéressons au lin dans une optique d'économie circulaire puisqu’il y a toute une filière en région. Nous réfléchissons aussi au chanvre ou à l’ortie… L’idée est d’apporter de nouvelles solutions face aux besoins exprimés par nos clients », déclare-t-il. Le deuxième axe de diversification sera le recyclage : « Nous voulons réutiliser les déchets générés lors de la création de vêtements, pour refaire du ruban à destination des filateurs », ambitionne le repreneur.

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