« En 2010, les Transports Gardien se sont retrouvés en cessation de paiement. Ces difficultés étaient la conséquence à la fois de la crise de 2008, qui a eu un effet dévastateur sur notre secteur d'activité, et d'une crise de croissance : la société est passée de 5 à 10 millions d'euros de chiffre d'affaires en cinq ans, avec une organisation qui n'était pas assez structurée pour fiabiliser la marge. Dès 2011, j'ai intégré cette société dirigée par mon père pour gérer la partie organisation interne et la finance. Nous étions alors sous plan de continuation et quand on nous a proposé de participer à l'opération " Compétitivité PME et transports ", portée par Euralogistic, j'ai trouvé la démarche intéressante. Pour nous, ça tombait bien.»
Trois enquêtes de 2012 à 2016
« Nous avons participé à trois enquêtes différentes en 2012, 2014, puis 2016 : chaque fois, des données chiffrées sur l'entreprise étaient recueillies, de manière anonyme, afin de mettre en place des indicateurs. Ces derniers permettaient non seulement une lecture de la situation de l'entreprise à un instant T mais aussi de se comparer aux autres entreprises de notre secteur. Parmi ces indicateurs, il y avait par exemple : le kilométrage à vide, le nombre de crevaisons, l'âge du parc, le nombre d'heures travaillées par chauffeurs, etc. Nous avons beaucoup travaillé sur certains indicateurs comme le ratio de carburant consommé, sachant que le carburant c'est 20 à 30 % des coûts d'une entreprise de transport. L'écart peut être parfois de 10 % d'un chauffeur à l'autre, ce qui représente 2 à 3 % de marge consommée. Or dans notre secteur, la marge est justement, en moyenne, de 2 à 3 % du chiffre d'affaires...»
Une mise en perspective
« Cette opération a débouché sur la remise d'un certificat d'excellence et de performance. Il faut bien comprendre que ce ne sont pas ces enquêtes qui nous ont permis de sortir l'entreprise de ses difficultés, mais le travail des hommes et des femmes qui la composent. En revanche, les trois enquêtes nous ont permis de prendre du recul. Cela nous a vraiment fait sortir la tête du guidon car dans les PME, on se retrouve vite happé par le court terme. Les indicateurs ont conforté les forces et faiblesses de l'entreprise que nous avions identifiées. Quant à l'évolution de ces indicateurs au fil des trois enquêtes, cela nous a permis de constater que nous étions en bonne voie et donc de valider notre stratégie d'entreprise. D'autant que les indicateurs utilisés étaient pertinents, en dehors des grands classiques, et permettaient de bénéficier d'un oeil extérieur sur la profession. Enfin, cette opération nous a permis d'avoir des éléments de comparaison sur d'autres entreprises équivalentes de notre secteur, ce qui n'est pas forcément évident dans le milieu du transport. D'abord parce que d'une entreprise à l'autre, les réalités peuvent être complètement différentes, par exemple selon le positionnement géographique. Et ensuite, parce que quand on échange avec d'autres transporteurs, soit ils ne disent rien de leur situation, soit les informations ne sont pas fiables... »
Aucun aspect négatif
« Aujourd'hui je conseillerais ce type d'opération à toutes les entreprises, qu'elles soient en difficultés ou non, car cela permet de prendre du recul sans grandes contraintes. Cela ne prend pas beaucoup de temps : fournir les chiffres ne m'a demandé qu'une demi-journée de travail et il n'y a par ailleurs qu'une réunion de lancement et de restitution. Quant au coût, la démarche nous a à peine coûté 500 euros car de nombreux financements l'ont prise en charge. Cette opération nous a d'ailleurs permis de nouer des contacts avec les autres participants et de développer ainsi notre réseau : nous étions une vingtaine de participants lors de chacune de ces enquêtes. »
