OVHcloud se donne cinq ans pour changer de catégorie
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OVHcloud se donne cinq ans pour changer de catégorie

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Après une année marquée par quelques déboires techniques, et ponctuée par une fracassante entrée en bourse qui lui a permis de lever 350 millions d’euros, le groupe roubaisien OVHcloud, spécialisé dans l'hébergement de données et le cloud, rêve toujours plus grand. Son nouveau plan stratégique devrait lui assurer une croissance de 25 % par an, d'ici cinq ans.

OVHcloud, qui compte plus d'une trentaine de data centers dans le monde, dont 17 en France, s'apprête à renforcer ses infrastructures dans les cinq ans qui viennent — Photo : OVHcloud

Depuis Roubaix, OVHcloud n’en finit pas de tisser sa toile jusqu’aux quatre coins du monde. Le groupe, spécialisé dans l’hébergement de données et le cloud, travaille depuis vingt ans à s’imposer comme l’acteur européen majeur dans ce secteur, largement dominé par des géants américains comme Google, Microsoft ou Amazon.

Et la période qui s’ouvre devrait permettre au groupe d’asseoir encore davantage ses positions, dans des sociétés où le Covid a fortement renforcé la place du numérique. Si l’année 2021 reste marquée par deux incidents techniques majeurs, à commencer par l’incendie de son data center de Strasbourg en mars, OVHcloud a surtout réussi, cet automne, son introduction en Bourse. Une opération qui lui a permis de lever 350 millions d’euros, tout en s’assurant une capitalisation boursière de près de 4 milliards d’euros.

Un nouveau plan à cinq ans

Renforcé à la fois symboliquement et financièrement par cette opération, OVHcloud entend investir massivement sur les cinq prochaines années, pour atteindre un rythme de croissance organique de 25 % par an, contre 5 à 10 % actuellement. Une courbe censée amener le groupe, qui devrait réaliser 660 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2021, contre 632 millions en 2020, à franchir en 2023 la barre du milliard d’euros de chiffre d’affaires.

Pour y parvenir, le président d’OVHcloud Octave Klaba, et son directeur général Michel Paulin, comptent continuer à étoffer leur offre, notamment en cloud, et à poursuivre la création de data centers dans le monde. Encore très orienté vers l’hébergement de données sur serveur dédié, son métier historique, le groupe met en œuvre son savoir-faire technique et commercial pour développer ses activités liées au cloud. Soit, un hébergement de données plus agile, reposant sur des serveurs épars, offrant plus de souplesse mais aussi plus de sécurité à ses clients.

Le groupe, qui emploie environ 2 500 personnes, dont 1 600 en France, revendique 1,6 million d’utilisateurs dans le monde, et quelque 6 millions de sites internet hébergés. Des chiffres qui augmentent en permanence. Pour suivre la cadence, OVHcloud renforce donc ses infrastructures, et s’apprête à multiplier les constructions de data centers. Si le groupe en compte 33 aujourd’hui, des projets sont en cours en Europe et en Amérique du Nord, pour renforcer les capacités existantes, comme à Paris, dans le centre des États-Unis, ou à Toronto, entre autres. En Asie, l’heure est encore à la conquête. Comptant pour l’instant deux data centers, à Singapour et en Australie, qui lui permettent de desservir la zone Asie-Pacifique, OVHcloud est en train de construire son premier centre en Inde, et prépare son entrée dans quatre nouveaux pays. "C’est une zone dans laquelle nous devons encore nous faire connaître", pointe Caroline Comet-Fraigneau, vice-présidente d’OVHcloud France, Benelux, Moyen Orient et Afrique. "Pour le moment, nos secteurs de fort développement sont avant tout la France et l’Europe, et les États-Unis. Nous y développons tout particulièrement nos offres à destination des entreprises, les plus grandes comme les PME, que nous accompagnons dans leur transition vers le cloud. Aux États-Unis, notre positionnement de pure-player du Cloud intéresse beaucoup. Des entreprises peuvent craindre des conflits d’intérêts avec certains de nos concurrents, qui proposent de l’hébergement, mais sont aussi très actifs sur d’autres secteurs économiques. Nous pouvons leur offrir des garanties de totale neutralité."

La souveraineté avant tout

Conviction profonde autant que levier de différenciation, OVHcloud met en avant la sécurité et l’étanchéité de ses infrastructures, comme leur transparence. Les données de ses clients ne sont en rien utilisées, même à des fins statistiques après anonymisation, comme c’est souvent l’usage. OVHcloud vante de la même façon la réversibilité de ses services, soit, la facilité avec laquelle ses clients peuvent reprendre la main sur tout ou partie de leurs données, quand ils le souhaitent.

L’argument de la souveraineté fait évidemment mouche auprès des pouvoirs publics, qui trouvent avec OVHcloud un interlocuteur capable d’assurer la sécurité des données les plus sensibles, sur le sol européen. "Nous hébergeons énormément de services publics, d’universités, et la part de ce secteur dans notre chiffre d’affaires va croissant. Le gouvernement Français a d’ailleurs annoncé une enveloppe d’1,8 milliards d’euros pour un plan autour de l’intelligence artificielle, et nous sommes positionnés sur deux appels à projet, ce qui est assez nouveau pour nous. Nous irons chercher des financements publics, mais pas seuls. Nous cherchons, comme toujours, à identifier des partenaires pour contribuer à créer un écosystème," détaille Caroline Comet-Fraigneau.

Toujours sous l’angle de la sécurité, OVHcloud a revu sa copie après l’incendie de mars, et une coupure de service, due cette fois à une erreur humaine, survenue à la veille de son entrée en bourse, début octobre. Octave Klaba a amendé son plan de développement pour y adjoindre un volet "hyper résilience", "pour aller plus loin que la législation actuelle", explique le président dans une vidéo de présentation de sa nouvelle stratégie. "Le Cloud est en passe de devenir le fondement de l’ensemble de l’économie. Nous voulons établir de nouveaux standards en matière de sécurité, et devenir les experts de la sauvegarde", promet Octave Klaba.

Accélérer sur la croissance externe

Intrinsèquement liée à la question du cloud, l’intelligence artificielle est également un axe fort de développement pour OVHcloud. Le rachat, en 2020, de la start-up lilloise Open IO a constitué une étape importante pour le groupe, qui a, depuis, racheté d’autres entreprises françaises et américaines : Exten, Blade et BuyDRM. "Nous allons clairement continuer de faire de la croissance externe un axe fort de notre développement, pour nous adjoindre des technologies précises. C’est la stratégie que nous avons mise en œuvre concernant Open IO, dont la technicité sur le stockage objet (la gestion en temps réel de très grands volumes de données, NDLR) constitue une brique importante pour OVHcloud. Pour autant, nous croyons toujours aussi fermement à la valeur des partenariats que nous nouons depuis nos débuts, avec de très grands acteurs comme des plus petits. Nous n’avons pas vocation à devenir un groupe énorme, qui avale tout sur son passage", tempère Caroline Comet-Fraigneau. Le groupe n’en poursuit pas moins un rythme de croissance organique soutenu, qui l’amène à intégrer une centaine de nouveaux salariés par mois, partout dans le monde.

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