Le centre national de la mer Nausicaà achève une augmentation de capital. Installé à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), il est le plus grand aquarium d’Europe, dédié à la découverte et à la sensibilisation pour la protection de l’univers marin. 30 ans après son ouverture, Nausicaà a accueilli plus de 18 millions de visiteurs et représentait, d’après la direction, "près de 70 millions d’euros de retombées économiques locales en 2018". L’objectif de cette opération est à la fois d’accompagner le changement de dimension, liée à la récente extension, mais aussi de passer la crise sanitaire.
Davantage d’actionnaires privés
Le capital passe de 1,8 à 8,6 millions d’euros. "Des discussions se poursuivent, pour approcher la barre des 10 millions d’euros", annonce Dominique Godefroy, président directeur général de Nausicaà. Cette société d’économie mixte est historiquement détenue par les principales collectivités publiques locales, ce qui n’empêche pas son modèle économique d’être "proche de celui d’une entreprise classique : nos recettes proviennent - hors Covid - à 97 % des visiteurs", souligne Christophe Sirugue, le directeur général.
Après cette opération, la ville de Boulogne-sur-Mer reste l’actionnaire majoritaire, avec plus de 50 % du capital. La part détenue par le secteur privé passe de 15,03 % à 18,98 %, avec l’entrée de 6 nouveaux acteurs, dont 4 sociétés locales de pêche et de transformation du poisson. Présent avant cette opération, Veolia est le premier actionnaire privé, avec près de 14 % du capital.
Une opération accélérée par la crise sanitaire
Cette recapitalisation était dans les cartons bien avant la crise sanitaire. "Nous avions prévu de renforcer nos capitaux propres dans les 4 à 5 ans suivant l’extension, pour qu’ils soient en adéquation avec les nouvelles dimensions de notre activité", souligne le directeur général. Cette extension, achevée en 2018, a permis de passer de 600 000 à 850 000 visiteurs par an, pour une surface d’exposition passée de 5 000 à 1 0 000 m². Nausicaà compte désormais 58 000 animaux, avec plus de 1 600 espèces. Le chiffre d’affaires a bondi de 9,6 millions d’euros en 2017 à 21,6 millions d’euros en 2019. Enfin, l’effectif atteint les 225 collaborateurs, contre 125 avant l’extension.
La crise sanitaire est toutefois venue précipiter l’opération : les charges ont augmenté de manière proportionnelle et la SEM a dû continuer à les assumer durant les confinements, qui se sont traduits par plusieurs mois de fermeture administrative. Nausicaà a ainsi terminé son exercice 2020 avec un déficit de 5 millions d’euros, ramené à 1,2 million d’euros fin 2021, pour un chiffre d’affaires de 14 millions d’euros. "La situation s’est améliorée mais reste préoccupante, commente Christophe Sirugue, confiant malgré tout. Novembre 2021 a été le deuxième meilleur mois réalisé depuis l’ouverture de Nausicaà". Pour 2022, la direction mise prudemment sur 730 000 visiteurs, sachant que 850 000 sont nécessaires pour être à l’équilibre. D’autant qu’il va falloir commencer à rembourser le PGE, contracté à hauteur de 5,3 millions d’euros. "Nous devrions être déficitaires de 350 000 euros en 2022. Notre objectif est de retrouver une fréquentation normale dès 2023, mais il nous faudra 4 à 5 ans pour revenir à une situation d’équilibre financier", conclut Christophe Sirugue.
