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Medef Lille Métropole : "Chacun doit faire un effort pour réussir un recrutement, le salarié comme l'entreprise"
Interview Lille # Réseaux d'accompagnement

Yann Orpin président du Medef Lille Métropole "Chacun doit faire un effort pour réussir un recrutement, le salarié comme l'entreprise"

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Face à la pénurie de main-d’œuvre rencontrée par de plus en plus de secteurs d’activité, le Medef Lille Métropole lance cet automne trois dispositifs d’accompagnement, pour faciliter les recrutements, former et fidéliser les salariés. Yann Orpin, son président, s'en explique.

Yann Orpin, ici avec Geoffroy Roux de Bézieux, est le président du Medef Grand Lille — Photo : Jeanne Magnien

Dans tous les secteurs d’activité, les entreprises peinent à recruter. Cela peut-il être une occasion de ramener vers l’emploi des publics très fragiles ?

En ce moment, tout le monde cherche des salariés, des gens peu qualifiés comme des cadres. En face, il y a 562 000 personnes dans la région, qui sont demandeurs d’emplois ou éloignés du marché du travail. Et ce ne sont pas des "fainéants", juste des gens qui sont bloqués dans leur accès à l’emploi par des freins, psychologiques ou matériels, qu’il faut lever en allant les chercher. C’est le sens de notre première disposition. Avec le département, nous avons identifié sur le territoire de la Mel, 35 000 jeunes bénéficiaires du RSA, qui sont sous tous les radars. La moitié va être appelée dans les prochaines semaines, et ceux qui le souhaitent vont se voir proposer un poste.

Du côté du Medef, nous nous engageons à accompagner les entreprises, pour lever leurs propres freins, et faciliter l’intégration de ces nouveaux talents. Nous avons recruté une personne dédiée, qui fera le lien avec les entreprises et assurera, dans la durée, le "SAV" de ces embauches, pour qu’à la moindre difficulté, une solution soit trouvée. Notre credo, c’est que chacun doit faire un effort et s’adapter pour réussir un recrutement, le salarié comme l’entreprise. Il faut parfois laisser un peu plus de temps à certains pour qu’ils retrouvent confiance. Ces recrutements un peu atypiques sont souvent le début de très belles histoires, de gens qui retrouvent de la dignité et de l’indépendance grâce à leur travail. Nous avons démarré mi-octobre, avec 70 postes à pourvoir. Nous souhaitons aller très vite. Deux personnes ont été recrutées la première semaine, nous visons les 100 à 150 embauches sur 10 mois.

Outre les problèmes pour recruter, les entreprises ont aussi des difficultés à garder leurs salariés. Le Medef a-t-il aussi des propositions en ce sens ?

Depuis la pandémie, l’absentéisme est beaucoup plus élevé, les abandons de postes, les démissions, plus nombreux… Les salariés, comme tout le monde, se posent des questions, sont en recherche de sens. On connaît tous, dans notre entourage, des gens qui ont changé radicalement de vie ces derniers mois. Nous voulons trouver de nouveaux leviers, pour reconnecter les salariés à leur entreprise, leur montrer qu’elle est à l’écoute de leurs questionnements.

Au niveau du Medef Lille Métropole, nous avons lancé cet été le Comex 40, qui réunit de jeunes chefs d’entreprise. Aujourd’hui, nous lançons le club "Happy Managers", avec 10 entreprises de la région qui réussissent particulièrement bien à travailler leur marque employeur, à recruter et à garder leurs employés. Avec ces deux outils, nous allons tenter de définir les leviers de fidélisation actuels des salariés, et notamment des plus jeunes, pour identifier ce qui marche auprès de la nouvelle génération. De ces réflexions, nous espérons pouvoir tirer très rapidement un livre blanc, pour donner un maximum de réponses et de pistes aux entrepreneurs, qui sont un peu perdus aussi.

Enfin, vous mettez sur pied une formation de "Chef de Projet Intelligence Artificielle". En quoi cela consiste-t-il ?

C’est le troisième sujet sur lequel nous avons souhaité avancer très vite, en réponse aux nouvelles préoccupations des entrepreneurs. Nous avons créé une formation diplômante, unique en France, de chef de projet IA. On estime que d’ici 2030, 335 000 postes de travail seront bouleversés par l’arrivée des nouvelles technologies liées à l’intelligence artificielle, et notamment, à la data. Les chefs de projet IA auront pour mission d’identifier les postes concernés au sein de leur entreprise, et de préparer cette transition. C’est outil qui permet aux entreprises, et notamment aux PME, d’anticiper des bouleversements qu’elles ont du mal à saisir encore. Mais aussi, de proposer une évolution intéressante à des salariés qui auraient de nouvelles aspirations.

Six personnes ont intégré la première promotion, et j’espère que dès l’année prochaine nous pourrons former 25 personnes par an dans la région, avant, peut-être, de décliner la formule ailleurs en France.

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