Lille Métropole 2020, capitale mondiale du design: les entreprises relèvent le défi
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Lille Métropole 2020, capitale mondiale du design: les entreprises relèvent le défi

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Tout au long de l’année 2020, Lille Métropole sera le centre du petit monde du design. Désignée capitale mondiale du design, la métropole a plus d’un défi à relever pour se montrer à la hauteur de sa promesse de campagne : créer une dynamique autour du design impliquant tous les acteurs du territoire. Si certaines sont restées circonspectes, nombre d’entreprises ont d’ores et déjà saisi la balle au bond.

— Photo : Lille metropole world design capital 2020

Après un lancement un peu poussif et un gros travail d’évangélisation, les contours de Lille Métropole 2020, capitale mondiale du design, se dessinent. Encore peu visible pour le grand public, la mobilisation des collectivités, des entreprises et des associations est réelle, assure le comité d’organisation, qui maintient son objectif de présenter entre 400 et 500 POC (Proof of Concept) en 2020. Développées en partenariat avec des designers, ces « preuves de concept », sont autant de solutions innovantes dans tous les domaines, imaginées pour « améliorer la vie des usagers et la compétitivité des entreprises », précise le comité. Des objectifs à même d’intéresser les entreprises du territoire, qui sont désormais nombreuses à plancher sur un ou des POC. « 500 propositions, à des degrés divers de maturation, ont déjà été soumises au Comité. Ces derniers mois, on a pu observer un rééquilibrage. Si les entreprises ont pris plus de temps avant de se lancer, aujourd’hui, elles sont à l’origine de 40 % des propositions de POC, contre 35 % pour les collectivités. Dans l’ensemble, les entreprises ont bien compris l’intérêt de la démarche design, même si, pour beaucoup de petites structures, ça n’allait pas de soi. Il y a une dimension de risque qui peut être dissuasive pour certains, mais c’est bien le rôle de l’entrepreneur de prendre des risques ! » lance, Denis Tersen, le président du comité d’organisation de Lille 2020, capitale mondiale du design.

En l’occurrence, le risque est bel et bien porté par les entreprises qui se lancent dans l’aventure : si elles sont accompagnées par le Comité et un designer, l’élaboration de leurs POC est entièrement à leur charge. Nombre d’entreprises saisissent néanmoins l’occasion de résoudre certaines de leurs problématiques grâce au design. Non sans espérer bénéficier, au passage, d’une caisse de résonance à la mesure mondiale de l’événement.

S’inscrire dans une démarche RSE

Parmi les premières entreprises du territoire à soumettre un projet figure ainsi le groupe Blancheporte (206 salariés, 172 M€ de CA en 2018). Le spécialiste de la VPC, basé à Tourcoing, a imaginé un POC au croisement de plusieurs de ses préoccupations : il s’est associé au Plateau Fertile, un « tiers-lieu » de Roubaix liant expérimentation textile et insertion, pour créer une collection de bagages et accessoires à partir de ses invendus de linge de maison. « C’est un beau challenge, et l’occasion de créer un collectif innovant entre le Plateau Fertile et certains de nos salariés, sous l’égide de la designer Flavia Redoin », détaille Corinne Devroux, la directrice achats et communication de Blancheporte. « Ce POC s’inscrit dans notre souhait de proposer des projets transverses, toujours enrichissants, à nos salariés. Il répond aussi à une réflexion RSE chez nous, autour de la gestion des invendus, tout en nous permettant de nous lancer sur un nouveau marché. Il s’agira d’une toute nouvelle gamme, qui comptera une vingtaine de modèles de sacs, commercialisés sur le web à partir de mars 2020. C’est un challenge qui nous demande de repenser notre chaîne logistique et de nous positionner comme fabricants et plus seulement comme créateurs. Mais le POC coche toutes les cases importantes pour nous : la démarche RSE, l’aspect collaboratif et l’inscription dans la dynamique du territoire ! »

Un coup de projecteur bienvenu

Carton plein aussi du côté du fabricant lillois de sanitaires haut de gamme Herbeau (14 salariés, 1 M€ de CA en 2018), qui s’est conçu un POC sur-mesure pour promouvoir son savoir-faire et nouer des partenariats prestigieux. La PME a organisé en juin un « Ceramic Design Camp » à Desvres (Pas-de-Calais), réunissant une quinzaine de jeunes designers pour leur faire découvrir le travail de la céramique. À l’issue, un concours, organisé en partenariat avec La Redoute Intérieurs, a désigné six lauréats, dont les créations seront commercialisées l’année prochaine. Un succès sur toute la ligne pour Lionel Herbeau, le dirigeant de Herbeau, qui compte renouveler l’opération. « Les candidatures ont été nombreuses et de qualité. Au travers de notre partenariat avec le musée de la céramique, nous avons pu faire redécouvrir tout un savoir-faire à des jeunes designers, qui repartent avec l’idée qu’on peut tout fabriquer à Desvres. Ensuite, grâce au comité d’organisation de Lille, capitale mondiale du design, nous avons pu réunir un jury de haut niveau pour le concours, avec notamment Sam Baron, un grand nom du design, ce qui a renforcé immédiatement notre crédibilité. C’est un coup de projecteur bienvenu sur Desvres et sur Herbeau, et une carte de visite qui devrait me permettre de me rapprocher à l’avenir d’autres grands diffuseurs, difficilement accessibles pour une PME… »

Innover pour attirer de nouveaux talents

Outre l’ouverture à de nouveaux marchés, la participation à Lille Métropole, capitale mondiale du design pourrait aussi s’avérer payante en termes de marque employeur pour les entreprises du territoire. Le groupe de BTP Ramery, basé dans le Nord, à Erquinghem-Lys (3 000 salariés, 535 M€ de CA), voit ainsi dans l’événement l’occasion de rafraîchir son image. « Nous voulons réinventer la base-vie de chantier, un équipement qui n’a pas évolué depuis 15 ans. L’idée, c’est d’améliorer le quotidien de nos équipes, en leur offrant de nouveaux services, mais aussi de proposer des bases-vie éco-conçues, avec une réflexion sur leur recyclage. Nos équipes y travaillent en interne, mais nous organisons également un hackathon, qui aura lieu fin septembre. Le résultat sera dévoilé au printemps 2020. » Ramery consacre une enveloppe « assez conséquente » à ce projet, sur lequel planchent une quarantaine de collaborateurs. « Au travers de ce POC, nous soulignons l’appétit de l’entreprise pour l’innovation, auprès de nos collaborateurs, mais aussi des professionnels du BTP et des plus jeunes. Nous leur montrons que nous savons innover et que nous proposons de nouvelles façons de travailler à nos salariés », souligne Ingrid Vanderbec, responsable de la communication de Ramery, en charge du développement du projet.

CVP Packaging a, elle aussi, placé l’ouverture à de nouveaux talents au cœur de son POC. Spécialisée dans les emballages recyclables, la PME de Wambrechies (Nord) a lancé Innov’In Pack, un concours ouvert à des étudiants, qui seront suivis par certains de ses salariés. Les équipes en lice doivent proposer un emballage répondant à des critères d’innovation, d’éco-conception et de rentabilité. Les lauréats se partageront 5 000 € de prix et verront leurs emballages commercialisés. « L’ensemble représente un coût pour une PME comme la nôtre, entre les prix, le temps passé et la création du site internet dédié au concours », reconnaît Anaïs Lehembre, la DG de CVP Packaging, qui compte 24 salariés. « Mais pour nous, c’est une occasion de faire rentrer des idées neuves et de nous faire connaître auprès d’une jeune génération, notamment au travers de partenariats noués avec certaines écoles. Loin d’être à fonds perdus, c’est un investissement qui donne déjà un nouveau souffle à l’entreprise et à nos collaborateurs ! »

Rendez-vous est donné en 2020, dans les entreprises participantes ou au sein de lieux d'expositions baptisés « maisons POC », pour découvrir l’ensemble des innovations développées par les entreprises du territoire.

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